lundi 21 août 2023

La figure énigmatique du Prophète dans l'Islam

 AQNAL

(Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laïcité)

Communiqué

  Conférence / Débat à Montréal avec

Mme Hela Ouardi

Professeure des Universités à Tunis.

Auteure de plusieurs essais sur l'Islam.

1) Les derniers jours de Muhammad (Éditions Albin Michel, 2016)

2) Les Califes maudits, une trilogie consacrée à la façon dont l'entourage du prophète a géré sa succession :

- La Déchirure (Éditions Albin Michel, 2019)

- À l’ombre des sabres (Éditions Albin Michel, 2019)

- Meurtre à la mosquée (Éditions Albin Michel, 2021)

 Date : Le samedi 21 octobre 2023 à 13h30

Lieu : Centre St-Pierre, 1212 rue Panet, Montréal, H2L 2Y7

Droit d’entrée :

1.      À l’inscription : 10 $.

Envoi par E-INTERAC à l’adresse courrielle :

Ali.Kaidi@yahoo.fr

Mot de passe : helaouardi

2.      À l’accès : 15 $

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Bio succincte :

Hela Ouardi est Professeur des Universités à Tunis et membre associée au Laboratoire d’Études sur les Monothéismes au CNRS en France. Elle a été élue titulaire de la Chaire des Mondes francophones à l’Académie Royale de Belgique pour l’année 2021-2022. Elle est également membre correspondante à l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres d’Aix-en-Provence.

Ses travaux les plus récents se penchent sur l’histoire de l’islam des origines à partir d’une exploration des sources de la Tradition sunnite et shiite. Elle est l’auteure d’un ouvrage sur Les derniers jours de Muhammad (Albin Michel, 2016 ; édition en poche en 2017), qui a rencontré une large audience et a été traduit en plusieurs langues. Elle a ensuite étudié le règne des deux premiers successeurs du prophète de l’islam, en leur consacrant une trilogie intitulée Les Califes maudits dont le premier volume ayant pour titre La Déchirure, a été publié aux éditions Albin Michel en février 2019. Le deuxième tome, A l’ombre des sabres, est paru chez le même éditeur en octobre de la même année. Le troisième volume des Califes maudits, intitulé Meurtre à la mosquée, a été publié en septembre 2021 (chez Albin Michel).

En février 2023, Hela Ouardi a publié dans la collection « L’Académie en poche », éditée par l’Académie Royale de Belgique, un ouvrage intitulé : Aux origines de l’islam. Muhammad et le califat.

 Hela Ouardi est Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques et lauréate, en décembre 2022, du prix Avicenne de la recherche scientifique, décerné par l’Académie Royale de Belgique.

lundi 31 octobre 2022

Le voile islamiste et la solidarité pervertie !

 

Le voile islamiste et la solidarité pervertie

Souvenons-nous de ces femmes voilées en Europe qui sensibilisaient les femmes occidentales à participer au « World Hijab Day » pour expliquer « leur choix ». Des Occidentales ont accepté de le porter symboliquement durant une journée. Le voile islamique triomphait grâce à cette solidarité pervertie, répondant à l’injonction de visibiliser l’islam politique.

Espérerions-nous la même solidarité de la part des femmes voilées : qu’elles retirent leur voile le temps d’une journée voire une heure pour dire à leurs sœurs iraniennes musulmanes que l’islam n’a jamais appelé à l'emprisonnement, au viol et au meurtre pour non-port du voile.

Et que dire de l'omerta des imams du Québec et du Canada, pourtant si prompts à brandir le spectre de l’islamophobie. Sont-ils devenus muets devant cette dérive religieuse et ces crimes commis par les Mollahs au nom d’un islam lui aussi perverti ?

Leila Lesbet,

Féministe universaliste,

AQNAL-Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité,

29-10-2022

jeudi 29 septembre 2022

La vie des Iraniennes compte !

« Ils ont tué mon ange ! » 

dénonce la maman de Mahsa Amini en apprenant le décès de sa fille.

Mahsa symbole du courage, de la dignité et de la liberté ne se doutait pas que visiter sa famille à Téhéran lui couterait la vie.

Son délit : une mèche de cheveu rebelle défiant la colère de la police des mœurs dans ce pays devenu le cimetière de toute liberté, depuis 43 ans, au nom d’une religion pervertie et instrumentalisée par une idéologie fondamentaliste. 

Depuis cet assassinat, le nombre des Mahsa ne cesse d’augmenter.

Depuis 43 ans, les Iraniennes sont effacées sous ce voile, symbole de pureté et de pudeur pour les unes, identitaire pour les autres et émancipateur pour celles non forcées de le porter car vivant dans les états séculiers où les droits sont reconnus équitablement entre les citoyennes et les citoyens. Dans ces états, la religion ne s’ingère pas dans le politique et l’indépendance judiciaire est une condition essentielle à la démocratie. 

Depuis 43 ans, les Iraniennes crient à l´injustice se heurtant à la surdité des pouvoirs occidentaux qui concèdent leur attachement à la défense des droits fondamentaux des femmes, du fait de leur dépendance économique au pétrole. Les Iraniennes subissent les exactions de la police des mœurs au service des mollahs, structure politique et sectaire s’octroyant le droit de vie ou de mort sur la population iranienne. Non, les Iraniennes ne se sont jamais tues !

L’espoir aurait été encore permis, si l’Occident ne les avait abandonnées au profit de régimes théocratiques, violant les droits humains, incluant ceux des personnes homosexuelles et des laïques.

Pour plaire aux mollahs, n’a-t-on pas vu des femmes de la diplomatie occidentale rendues à Téhéran en exhibant fièrement ce symbole avilissant portant le sang d´autres femmes afin d’obtenir les grâces d’un régime sous lequel elles n’auraient jamais accepté de vivre. 

Cet instrument de ségrégation sexiste qu’est le voile devient dans le discours de la gauche communautariste et du libéralisme décomplexé, le symbole d’émancipation d’un néo féminisme islamiste en Occident. Refuser que cette injonction religieuse et patriarcale s’affiche dans nos services publics, surtout nos écoles, serait islamophobe. Une femme musulmane est-elle, nécessairement, une femme voilée ?

Dans le monde dit musulman, ce voile s’est imposé par la violence, le viol et l’assassinat.  Souvent, en occident, il est présenté comme un symbole identitaire traditionnel voire exotique, dénué de sa charge symbolique comme le serait un sombrero ou une tuque. Aucune femme occidentale ayant défendu cet étendard de l´islam politique ségrégationniste, patriarcal et misogyne, n’a jamais subi la moindre violence pour porter un sombrero ou une tuque.

Aujourd’hui, en Occident, de grandes marques du prêt à porter vont jusqu’à à faire de cet instrument de contrôle du corps des femmes une mode féminine dite pudique osant inclure même les fillettes. Il est devenu un outil de marketing aux revenus appréciables. Et tant pis pour les fillettes et les femmes qui le subissent dans les pays où il est imposé avec une extrême violence dont l’objectif est la soumission, la négation ou la mort.

Le voile est le porte-étendard d’un système d’apartheid sexuel.  Pourtant, qui aurait osé faire la promotion, en Occident, du symbole de l’apartheid racial de l’Afrique du Sud?

La mobilisation de certaines femmes politiques, promptes à se couvrir la tête de ce voile de l’indignité pour contrer le moindre mouvement soutenant la laïcité, se fait plutôt discrète face aux crimes odieux commis actuellement en Iran.

Où est la solidarité des femmes de tous bords politiques envers les Iraniennes pourtant si promptes à se mobiliser pour défendre le choix individuel de porter le signe de la ségrégation sexiste dans nos écoles ?

Ne voit-on pas à chaque élection canadienne, certaines candidates se draper du symbole du patriarcat et de la misogynie frappant à la porte des mosquées pour glaner d’hypothétiques appuis à leur élection : la fin justifie les moyens... Ces femmes, futures élues, ne sont pas sans savoir les conséquences désastreuses de leur geste sur le quotidien des femmes vivant dans ces pays dits musulmans.

Pourtant, ces pays si peu respectueux des droits des femmes et de l’égalité siègent dans les instances internationales au nom de la démocratie qu’ils exècrent et où ils œuvrent pour que leur vision misogyne et patriarcale soit reconnue.

Et ils ont réussi.

Aujourd’hui, notre devoir est d’être aux côtés des femmes iraniennes, de porter leurs revendications et de nous mobiliser pour faire entendre leurs voix auprès des instances internationales pour qu’aucune femme ne soit soumise à des lois et à des coutumes qui sont en contradiction avec la dignité humaine, les droits universels et égalitaires qui protègent toute personne au-delà des croyances, des coutumes et des religions.

Seule la mobilisation peut mettre fin à ces régimes dictatoriaux, corrompus, immoraux et surtout misogynes où la femme n’est qu’un objet sexuel de perversion, d’où l’obsession de son invisibilité.

Leila Lesbet

Féministe universaliste.

Association québécoise des nord-Africains pour la laïcité-AQNAL.

Montréal, le 26 septembre 2022


vendredi 12 août 2022

Ne serait-ce pas de la discrimination systémique ?

 HEC Montréal : Notre préférence va aux femmes voilées d’Algérie

La publicité d’attraction énoncée par les HEC Montréal est condamnable à plus d’un titre. Elle cible une catégorie de personnes, notamment des femmes venant d’Algérie mais spécifiquement celles qui sont voilées comme si les autres n’ont pas le droit de se porter candidates à cette offre. Pourtant, cette institution de formation se veut avec un accès universel.

Ce qui est absolument condamnable de la part de HEC c'est l'ignorance abyssale de cette institution qui se veut ou se dit scientifique en arborant une femme voilée dans une publicité destinée à attirer des étudiants/es algériens/algériennes.

Or, l'Algérie a une histoire sanglante avec le voile islamique et islamiste et non musulman faut-il le rappeler.

Des milliers de femmes, de jeunes filles et d'adolescentes ont été aspergées d'acide, kidnappées et violées, tuées, égorgées, éventrées, mutilées de la façon la plus barbare qui soit et c'est ce symbole, dont nous gardons les stigmates à jamais et qui font partie de nos plus douloureux cauchemars, qui est choisi par HEC Montréal.

Ce choix, non anodin, envoie deux messages, à nous les algériennes laïques : le premier est la banalisation des crimes commis pour imposer ce symbole dégradant qui n'est point religieux mais patriarcal, politique, rétrograde et misogyne et le second un affront aux parents des adolescentes à peine pubères et à toutes ces femmes innocentes arrachées à la vie sous les yeux horrifiés de leurs familles et de leurs proches dont le seul crime, si crime il y avait, était d'arborer leur chevelure tout comme le faisait la petite fille du prophète qui refusa cette injonction des islamistes, il y a de cela 14 siècles.

Mes amies/amis d'Algérie ne sont point étonnées-es de cet Occident cupide en perdition de valeurs humanistes et qui ne sait plus quoi inventer pour maintenir sa suprématie et son hégémonie.

Le souvenir récent de l'abandon des femmes Afghanes est encore vif dans nos mémoires.

À vouloir trop étreindre on finit par étouffer.

Ce que dit HEC Montréal, au pouvoir algérien à travers cette décadente publicité, que sa préférence va aux candidates voilées qui prétendent à ce programme.

Et aux Algériens en général, voilez vos filles si vous voulez qu'elles soient acceptées au Québec.

Les pays de la péninsule arabique et l'Iran n'ont font pas moins mais SANS AUCUNE CONDESCENDANCE. Leur misogynie est assumée avec arrogance et relativisée par le communautarisme occidental.

Quelle tristesse pour HEC qui gomme les femmes algériennes qui continuent de lutter pour leur dignité avec courage malgré les vicissitudes.

HEC Montréal choisit un message foncièrement patriarcal et misogyne pour communiquer avec les femmes qui se battent pacifiquement avec dignité pour leur liberté dans ce monde dit arabo-musulman, la nausée me soulève le cœur.

Leila Lesbet

Féministe laïque

AQNAL

https://www.ledevoir.com/societe/742974/jean-francois-lisee-condamne-une-publicite-de-hec-montreal-montrant-une-femme-voilee

dimanche 10 juillet 2022

Journée internationale des femmes sans voile

 

Migrantinnen für Säkularität & Selbstbestimmung 

Femmes pour la liberté

Communiqué de presse du 09/07/2022

Le 10 juillet est la Journée internationale des femmes sans voile. Ce jour-là, chaque année, des femmes portent une marguerite dans leurs cheveux pour exprimer leur solidarité avec les femmes musulmanes du monde entier qui s'opposent à l'obligation de porter le voile et qui défendent les droits universels des femmes.

Les droits de la personne incluent également le droit de vivre sans contraintes religieuses. En Iran, en Arabie saoudite, dans tous les pays où le gouvernement impose aux femmes des règles islamiques fondamentalistes, les femmes se battent pour leur liberté malgré des sanctions parfois draconiennes. Il en est de même en Afghanistan : Avec le retour des talibans au pouvoir, les femmes afghanes ont de nouveau été précipitées dans le pire des obscurantismes religieux. Elles sont à nouveau privées de leurs droits. Elles sont à nouveau soumises à l'apartheid des sexes et à l'obligation de se voiler. Pourtant, elles sont nombreuses à résister et à manifester dans les rues de Kaboul, la tête haute et le visage découvert. Les Afghanes revendiquent leur droit à une vie libre et indépendante.

Même en Europe, rien ne garantit aux filles et aux femmes issues de communautés majoritairement islamiques que leurs droits seront protégés. Bien au contraire, la représentation des musulmanes comme des femmes portant le voile, lancée par les islamistes, est même reprise par des instances officielles. Bien que plus de 70 pour cent des musulmanes en Allemagne ne se voilent pas, la représentation discriminatoire des musulmanes s'impose dans la publicité privée et les publications officielles. Ainsi, on abandonne les jeunes filles et les femmes qui, en Allemagne aussi, subissent de plus en plus de pressions pour se voiler.

C'est pourquoi nous revendiquons que la politique intérieure et extérieure mette fin à la collectivisation raciste et discriminatoire des filles et des femmes issues de communautés majoritairement islamiques en tant que musulmanes et respecte enfin les femmes en tant qu'individus jouissant de tous les droits humains.

À l'occasion de la Journée Mondiale des Femmes sans Voile, nous nous solidarisons avec toutes les résistantes au voile, que ce soit dans les pays dits islamiques ou ici en Occident. À partir du 10 juillet et pendant une semaine, nous publierons des citations de femmes avec le hashtag #UniversalWomensRights qui se battent pour des droits humains universels incluant les femmes.

Avec notre réseau international de femmes, nous demandons l'autodétermination pour toutes les femmes et l'application systématique des droits fondamentaux des femmes dans le monde entier.

mardi 26 octobre 2021

Culture et citoyenneté Québécoises AQNAL applaudit !

   
Rappel : Lors des travaux de la commission des institutions sur le projet de loi 21, AQNAL avait suggéré et fortement recommandé que le concept de citoyenneté  c’est-à-dire celui qui convient le mieux et le plus aux personnes soit celui de citoyennes-citoyens, des membres de la cité qui partagent un destin commun ? Et, de questionner : de quel droit une loi s’appliquerait à une personne qui se trouve dans une communauté et un espace qui lui est affecté, délimité par plusieurs frontières virtuelles celles des cultes, des cultures, etc. au lieu qu’elle le soit par son appartenance à la grande cité ?

Mieux encore, elle avait signalé que ‘’ beaucoup de nos concitoyens, appartenant au même espace culturel que le nôtre, exercent ‘’une veille de primauté citoyenne’’ inculquent les fondements de la critique objective et rationnelle à leurs enfants pour se protéger contre les différents discours religieux et sectaires qui leurs sont imposés et qui les menacent dans leur intégrité morale’’.

Elle a aussi souligné que ‘’c’est injuste, à notre avis, de leur enlever ce moyen intellectuel, éducatif et surtout pédagogique qu’ils ont suffisamment expérimenté et avec efficacité dans leur pays d’origine. Au contraire, nous pensons qu’il est judicieux de le protéger en respectant la liberté d’expression et de conscience’’.

C’est dire que c’est avec un intérêt particulier qu’aujourd’hui AQNAL applaudit la décision du gouvernement et du ministre de l’Éducation et de l’enseignement supérieur, de transformer le cours Éthique et Culture Religieuse (ECR) en un cours de Culture et de citoyenneté québécoise.

Ce changement majeur dans les enseignements dispensés par les institutions scolaires entraînera une répercussion fondamentale sur le devenir des jeunes citoyennes et citoyens du Québec pour les propulser dans un monde en perpétuel changement. L’introduction du développement d’une pensée critique essentiellement recherchée depuis plus d’une décennie et l’approfondissement de la compréhension de la culture et de la citoyenneté québécoise constitueront un véritable espace pour le rapprochement et l’intégration de toutes et de tous à la société québécoise plurielle et diversifiée.

Plus de culture dans les établissements d’enseignement sera un tremplin pour mieux comprendre le partage des fondements des grandes dimensions de la société québécoise loin des agrégats importés et imposés par des attitudes et des comportements étrangers et étranges.  Il s’agira aussi de promouvoir un héritage et de constituer un patrimoine auxquels adhèrent les Québécoises et les Québécois de toutes origines.

Les fondements de la citoyenneté québécoise sont toujours en formation et leur appropriation par tous constituent le creuset d’une vie civique qui impose le respect de tous et par tous. Le tout cerné par une liberté d'expression respectueuse, de conscience, d'égalité entre tous et avec comme primauté la laïcité.

AQNAL, a toujours appelé à plus de citoyenneté et plus de respect des uns vis-à-vis des autres. Le nouvel enseignement à la culture et à la citoyenneté québécoise familiarisera les citoyennes et les citoyens aux droits et libertés individuels mais aussi collectifs en axant le tout sur les devoirs civiques de chacun.

Pour y parvenir, le gouvernement et son ministre de l’Éducation et de l’enseignement supérieur privilégient le dialogue et la pensée critique, deux vecteurs qui aident à considérer avec attention les constructions culturelles, religieuses, scientifiques et sociales. C’est pour tout ce qui précède qu’AQNAL renouvelle son soutien au ministre de l’Éducation et de l’enseignement supérieur pour avoir apporté ces transformations gages d’une société jalouse de sa diversité et de sa singularité rejetant les intolérances et favorisant le bien vivre ensemble.

mardi 3 août 2021

Crimes d'honneur ...

 «Dans ces sociétés où le patriarcat a force de loi, "crime pour l’honneur" se traduit par un crime contre les femmes», écrit l'autrice.

Leila Lesbet

Présidente de Pour les droits des femmes du Québec 

Lors du quadruple crime de la famille Shafia, n’avons-nous pas entendu une psychologue nous expliquer le dilemme dans lequel se trouvait le criminel Mohamed Shafia : déchiré entre sa culture d’origine et celle du pays dans lequel il avait choisi de vivre, excusant ainsi sa culpabilité par rapport aux trois corps de ses filles et celui de sa première épouse qui venaient d’être repêchés dans le canal Rideau. C’était le 30 juin 2009.

Peut-il y avoir un quelconque honneur dans un crime froidement planifié, réfléchi et programmé par des hommes dont la victime a un lien de sang direct avec ses criminels ?

Dans ces sociétés où le patriarcat a force de loi, « crime pour l’honneur » se traduit par un crime contre les femmes. Ce crime pour l’honneur concerne uniquement la femme : c’est le fardeau lié à notre sexe.

Dans ces sociétés, la femme appartient d’abord à sa « tribu », c’est-à-dire à son père, à ses frères, à ses oncles, à ses cousins et par extension à la gent masculine que constitue la société. Son corps ne lui appartient pas, il appartient à sa famille, laquelle s’octroie le pouvoir de vie ou de mort sur cette possible « bombe à retardement » qui porte, sans aucunement l’avoir souhaité, cet honneur de la famille que les hommes par lâcheté préfèrent lui déléguer.

Le 27 juillet 2021, quand un Sherbrookois de 22 ans est attaqué par quatre individus lors d’un possible « crime d’honneur », il est rapporté dans le Journal de Montréal que la police estime que « rien ne porte à croire que la victime aurait commis une quelconque faute ; il n’y aurait eu possiblement aucune relation intime ». Cette phrase lourde de sens donne à penser qu’une relation intime aurait rendu le crime acceptable. Vraiment ?

Le 29 juillet, à Kirkland, quand La Presse rapporte le cas d’une adolescente de 16 ans violentée par son frère sur son lieu de travail, le SPVM précise que « l’affaire est fort probablement “reliée à un conflit de violence intrafamiliale”, sans toutefois s’avancer sur l’éventualité d’un crime d’honneur pour le moment ».

Pour Nour (nom fictif de l’adolescente de Kirkland), les interdits sont nombreux : contrôle de sa tenue vestimentaire, de ses fréquentations, de ses textos, de son argent et du wifi résidentiel. Pourtant, ce cas éloquent n’est pas unique.

Il est de notoriété publique que les crimes dits « d’honneur » ont cette particularité de mettre en évidence l’appui de la « tribu » qui soutient les hommes qui les commettent. N’est-il pas lâche de s’organiser à plusieurs contre une seule personne appartenant au sexe dit faible ?

Les noms des personnes inculpées ne font réagir aucun imam pour dénoncer cette barbarie à l’endroit d’adolescentes innocentes.

Indifférence

Le plus insoutenable, car offensant au plus haut point, c’est la condescendance du gouvernement du Canada qui mène avec assurance sa politique communautariste dans laquelle nous sommes enfermées, condamnant ainsi sans appel nos protestations et niant nos aspirations.

Combien d’adolescentes vivent ce calvaire dans la plus grande indifférence ?

Combien de filles, d’adolescentes et de femmes auraient aimé témoigner de leur quotidien au procès de la Loi sur la laïcité de l’État ?

Combien d’entre elles auraient aimé être entendues au Sommet national sur l’islamophobie et proposer leurs recommandations ? Mais leurs voix, nos voix sont inaudibles.

Combien d’adolescentes victimes de ces crimes doivent taire les violences subies alors que le relativisme culturel sévit dans les écoles québécoises, où on banalise la présence des femmes dites musulmanes représentées toujours voilées, et cela conformément à un profilage établi selon l’origine géographique ou ethnique et souvent confondu avec la religion, comme dans le cours ECR ?

Il ne s’agit pas de stigmatiser une culture ou une religion, mais bien de dénoncer certains faits de culture ou de religion qui n’ont vraiment plus lieu d’être dans notre société d’aujourd’hui.

S’il y a déshonneur dans une relation entre une femme et un homme, demandons-nous qui porte l’honneur et qui assume le déshonneur ?

Nous, les femmes, sommes atterrées par le silence assourdissant du premier ministre du Canada et de toute la classe politique, tant au fédéral qu’au provincial.

Nous sommes consternées par le silence complaisant des organismes gouvernementaux dédiés aux droits des femmes.

Est-ce ce choix de société et de vivre-ensemble que nous voulons pour nos enfants ?

Leila Lesbet

Présidente PDFQuébec

In Le Devoir : Crimes au nom de l’honneur? | Le Devoir 

Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particu...