samedi 7 juillet 2018

Colloque MLQ du 25 et 26 juin 2018

L’École coranique vs l’École islamique Ferid Chikhi  

‘’L’avenir des nations est dans les écoles du peuple…’’ 

Johann Heinrich Pestalozzi 
Le propos qui suit est exprimé non pour dénigrer l’organisation de l’école coranique, ici au Québec, ou ailleurs, mais pour souligner que le schéma de cette école en Afrique du Nord n’a jamais été celui de l’école islamique qui existe au Québec et ailleurs dans le monde.  C’est grâce au multiculturalisme Canadien, obsolète et rétrograde, ainsi qu’aux politiques gouvernementales du Parti Libéral du Québec que ces écoles ont pignon sur rue et n’aident en aucune manière ‘’le vivre ensemble en bonne intelligence’’.  L’École coranique  L’École Coranique a été pour moi le second espace sécuritaire qui m’a accueilli après la maison, de l’âge de 5 ans à celui de 13 ans. C’était ainsi pour, presque, tous mes ami-e-s d’enfance et de préadolescence. Cependant, pour donner un éclairage approprié et ainsi mieux appréhender la problématique, cette école coranique que je qualifie de traditionnelle précédait la Medersa. Les enseignements de ces deux institutions n’ont rien de commun avec l’école islamique du Québec. À ce stade de l’exposé, un paramètre important doit être mis de l’avant et se résume comme suit : le sunnisme et le chiisme existent, notamment dans des pays comme le Canada, il y a toujours eu une compétition, une concurrence et des antagonismes entre les promoteurs des écoles islamiques. Il faut savoir qu’en arabe dialectale Algérien… le concept, le terme ‘’école’’ est traduit par Djemaa, de Djema’a… Rassemblement – Assemblée – Ensemble - Groupe d’individus … 
Djemaa El Cor’an, maladroitement traduit par l’école coranique alors qu’il devrait l’être par Groupe de lecture - Assemblée de lecture - Ensemble de lecture. Ce qui était qualifié d’école coranique était en fait, une salle sobrement aménagée, où nous nous entassions à plus de 20 enfants de tous âges. La mémorisation des versets du Coran, s’y pratiquait tôt le matin – après la première prière de la journée - parfois après celle de l’aprèsmidi.  Tout était fondé sur la mémoire, puisqu’il fallait se rappeler les sourates. Au départ ce sont les plus courtes qui devraient être apprises et aussi paradoxale que cela puisse paraître, sont les dernières du livre saint. Notre présence consistait à apprendre (écrire sur une planche en bois avec un ‘’Calame’’, morceau de roseau, coupé effilé et qui était trempé dans une encre ‘’Ssmagh’’, préparée avec de la laine brûlée et de la suie) et lire – les sourates.  Il n’y avait ni explications ni échanges avec l’enseignant. Ceux et celles qui ne mémorisaient pas recevaient des coups avec des tiges de roseaux, sur la plante des pieds. C’était pas mal douloureux…
L’école et la Madrassa À côté de l’école coranique il y avait en parallèle deux écoles, celle laïque de la colonisation et une autre plus locale qui ressemblait à l’école coloniale mais dont l’enseignement était en arabe. La Medersa.  Apparu dans le milieu des années ‘’30’’ en Algérie, elle a été l’œuvre de l’association des ‘’savants musulmans’’, pour les enseignements intermédiaires (Langue et lettres, Poésie et Roman). L’enseignement menait les jeunes gens jusqu’à un niveau intermédiaire mais suffisant pour considérer que la langue : Écrite, parler et comprise était maîtrisée.  Dans le monde arabe, le concept de ‘’Medersa’’ diffère d’un pays à un autre même si le fond est le même. Il s’agit d’un espace où est dispensé un enseignement par un Mouderesse (enseignant) qui aide, qui partage ou encore qui prodigue un savoir, une connaissance…  
Dans le monde musulman, en ce qui concerne particulièrement cet aspect, il faut faire la part des choses entre l’espace Sunnite et l’espace Chiite. Chez les chiites il désigne un système, le ‘’Hawza’’, qui est à la fois une école au sens de Madrassa et un enseignement.  Alors, que la Madrassa, selon l’histoire de l’Islam Sunnite est une institution à caractéristiques multiples. C’est dire combien, elle n’a pas la même qualité et les mêmes attributs dans les deux registres.  Dans le monde Sunnite, El Djemia’a est une université de théologie. Le schéma étant différant d’une région du monde musulman à une autre, en Afrique du Nord, c’est une université, mais c’est aussi un lieu d’apprentissage de la langue arabe, du Coran, des préceptes de l’Islam, du Fiqh, de la charia… Les plus célèbres sont celles de Tunis, ‘’d’Ez zitouna la première du genre dans le monde musulman et la seconde est celle ‘’d’Al Azhar’’ en Égypte, créée plus de deux siècles plus tard.  Que se passe-t-il réellement derrière les portes closes des écoles musulmanes au Québec ? 
Au Québec, il a été inventorié environ une vingtaine d’écoles privées islamistes agréées par le gouvernement libéral. Ces écoles se qualifient de coraniques. Un indicateur approximatif nous donnerait environ 2.000 inscrits. Bien entendu, cela ne semble pas énorme et tout à fait gérable. Contrairement à l’école coranique ou à la médersa de mon pays d’origine et selon toute vraisemblance, l’objectif ultime de l’école islamique au Québec ne serait pas d’aider les jeunes musulmans inscrits à seulement mémoriser le Coran en entier mais aussi à les placer en compétition pour connaître le meilleur récitant. Il s’agit aussi et selon toute vraisemblance à leur inculquer toute une formation à interagir selon des normes qui ne sont pas celles du Québec mais des normes socioculturelles et idéologiques importées de pays théocratiques.   Le Québec a toujours été une terre d’accueil ouverte à la diversité et comme nous le disons souvent l’Islam est multiple et par conséquent les musulmans ne forment pas un bloc homogène et monolithique. Or, ne sommes-nous pas en droit de demander quelle école de pensée juridique est considérée par ces établissements dont le nombre ira en progressant vu la pression grandissante des islamistes de tous bords.  
Le Canada, est le pays où les islamistes testent de nouvelles formes de djihad L’islamisme au Québec et au Canada est la conséquence tangible d’un endoctrinement idéologique systématique, fait dans l’indifférence générale depuis plus de trente ans. Quand l’Arabie saoudite a proposé les services de ses imams de service, les premières cibles n’étaient pas les Canadiens ou les Québécois de souche mais bien les musulmans pour en faire une force de frappe incontournable mais en particulier les musulmans démocrates et laïcs qui ont été les premières victimes en raison des efforts considérables qu’ils ont faits et qu’ils font encore pour s’intégrer et qui se retrouvent amalgamés à ceux-là mêmes qu’ils dénoncent.  
Des intellectuels de gauche prétendent détenir les clés des analyses inclusives pour considérer les islamistes comme parties prenantes de la société, pourtant, l’idéologie Wahhabosalafiste, s’impose de plus en plus au détriment de la liberté de conscience, de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. Les politiques canadiens et québécois ne voient pas du tout qu’il est question de pensée unique et de nivellement par le bas et n’osent pas aborder frontalement la problématique. C’est pour cela qu’il est grand temps que ces influences, soi-disant éducatives et académiques, idéologiques et politiques, soient bannies du système éducatif et que le gouvernement du Québec révoque tous les mandats de ces écoles privées religieuses ou à caractère religieux.   
Le ministère de l’éducation devrait sérieusement penser à se réapproprier les obligations, si tant est qu’il s’agit d’obligations éducationnelles et de formation, accordées à ces organisations qui vendent une éducation parallèle à des enfants alors que seule les écoles du peuple sont garantes d’un enseignement approprié et en adéquation avec les valeurs de toute la société Québécoise.
Ferid Chikhi
https://www.mlq.qc.ca/wp-content/uploads/2018/06/Conférences.pdf 

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