vendredi 10 mai 2019

Le bien vivre ensemble et en bonne intelligence

Pourquoi AQNAL est favorable pour le PL 21  
Pour les membres d’AQNAL, même s’il recèle quelques insuffisances, le projet de loi 21 propose un contenu rassembleur. Il offre un minimum de garanties pour aller dans le sens d’une laicité qui permet à l’État Québécois de poursuivre l’œuvre de sécularisation de la société, oeuvre entamée depuis presqu’un demi-siècle. Nous sommes en accord avec les principes contenu dans ce PL21 malgré le fait qu’ils ne couvrent pas tous les aspects souhaités. Ils n’en constituent pas moins un minimum qui garantit, nous le répétons souvent, le bien vivre ensemble et en bonne intelligence.
1.    Que la séparation de l’État et des religions est un acquis ; 
2.    Que la neutralité religieuse de l’État évite des discordances dans les liens entre le cultuel et le politique ; 
3.   Que l’égalité de tous les citoyens et citoyennes est un fondement de base d’une société de progrès et 
4.    Que la liberté de conscience et la liberté de religion sont garanties pour tous que ce soit pour les aîné-e-s, les jeunes, les enfants, les hommes et les femmes.
Juste pour mémoire
Qu'on le veuille ou non, ce qui dérange le plus les citoyens du Québec c’est que depuis une dizaine d’années, les forces de l’inertie empêchent la société tout entière d’évoluer dans la cohésion et l’harmonie alors que le gouvernement actuel met en œuvre la laicité parmi d’autres instruments institutionnels.
Pourquoi ces forces de l’inertie veulent empêcher tout un chacun de vivre sereinement en harmonie avec les autres et loin des dogmes qui paralysent ? 
Parce que ces groupes minoritaires, extrémistes font de la dissidence leur pitance quotidienne appuyés de quelques individus qui de leurs tours d’ivoire voudraient influer sur des points de la gouvernance nationale mettant sur la table des idées régressives et intolérantes.  Ils abordent la laicité non pas pour la valider et la renforcer pour le bien de toutes et de tous mais pour empêcher son application afin de faire avancer une pensée politico-théocratique dont ils ignorent la teneur. Nous sommes d'avis qu’un gouvernement décide à la majorité de ses électeurs de voter des lois, celles-ci s’appliquent à toutes et à tous sans discrimination ni stigmatisation. Toutes celles et tous ceux qui refusent de s’y conformer qui appellent à la dissidence civile ne sauraient être qualifiés que de subversifs impénitents.
Du statut de citoyen avant tout
L’Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laicité souligne qu’une grande proportion d’immigrants arrivent au Québec avec la ferme volonté d’y vivre une citoyenneté à part entière ainsi que la ferme intention de faire partie de la société d’accueil selon les valeurs universellement admises et acceptées de part et d’autre. Ils ont toujours été disponibles et disposés à assumer leur part d’obligations pour l’harmonie et la cohésion de la société. Ils sont venus au Canada et au Québec pour être considéré-e-s comme des citoyen-ne-s à part entière.
Des communautés divisées ou un espace commun à tous les citoyens.
AQNAL n’est pas contre le fait de délimiter les espaces démocratiques pour les personnes mais alors pourquoi ne pas les nommer par le concept qui leur convient le mieux c’est-à-dire des citoyens, des membres de la cité qui partagent un destin commun.
L’État laïc n’est pas l’État athée
Rendez à César ce qui est à
César et à Dieu ce qui est à Dieu 
Jésus de Nazareth.
Le moule du multiculturalisme qui fragmente la société en groupes et préconise une inclusion fondée sur l’exotisme, tout en définissant les citoyens comme des individus de petites communautés cultuelles, ethniques, racisées ou dans bien des cas des communautés culturelles. Il offre à ces communautés un faux réconfort dans l’idée qu’elles possèdent leurs propres pratiques religieuses, leurs cuisines aux senteurs épicées, leurs chansons et leurs rythmes particuliers et toutes sortes de dispositions qui leurs sont familières.
La pluralité religieuse est-elle compatible avec la laïcité ?
Dans les sociétés en voie de sécularisation, des paradigmes bien installés ont été ébranlé par l’arrivée de nouvelles politiques, de nouvelles idéologies, de nouvelles suprématies. Lorsque l’État est sécularisé, la liberté de croyance et de culte est garantie, et les croyances sont égales entre elles.  Dans une société sécularisée les libertés individuelles sont normalisées par des codes imposés, par la société d’accueil, qui préconisent que chacun reste dans son groupe et ne va pas plus loin que l’espace consenti, dans une société laïque ce sont les codes législatifs (code civil, code pénal et autres lois disposant des libertés individuelles dans les limites des intégrités collectives …) qui ls régulent les relations entre citoyens dans des espaces communs publics ou privés.   
Dieu voulait que l’Islam fût une religion, mais
Les hommes ont voulu en faire une politique.
L’Islamisme travaille contre les musulmans[1].
Il y a ceux qui parlent de fanatisme musulman mais nous considérons que le mal est plus profond parce que les musulmans fanatiques sont des fondamentalistes dans une certaine limite rationnelle. Les islamistes sont dans les dogmes extrémistes et expansionnistes. L’Islamisme emprunte au tribalisme, un modèle bédouin et minoritaire, renforcé par les immigrants qui une fois arrivés au Québec se délestent de leur identité initiale et institutionnelle afin de se fabriquer une nouvelle par référence au Wahhabisme.  Le pire c’est que ce Wahhabisme est renforcé par la conversion en particulier de Québécoises qui sont rejointes par les jeunes issues de l’immigration arabe, qui elles aussi découvrent le Wahhabisme et pensent qu’il s’agit de l’Islam. Et, bonjour les dégâts.
La signification politique du hijab.
Des centaines d’articles, de réflexions, d’analyses et autres réflexions ont été publiés à ce sujet. Une première précision s'impose. Comme musulmans, nous ne sommes pas contre le fait que les personnes musulmanes, les groupes de musulmans et les communautés musulmanes pratiquent leur foi selon leurs rites, leurs principes et leurs règles sociales et culturelles.  Cependant, nous nous inscrivons en faux contre l'utilisation des symboles de l’Islamisme ou Islam politique dans les espaces publics et dans les services publics et parapublics.
Le voile un handicap de l’insertion socioprofessionnelle des femmes islamistes
Le PL21 par la clause grand père donne la possibilité aux femmes islamistes qui travaillent dans des institutions offrant un service public et qui souhaitent s’y maintenir. Si elles quittent leurs emplois, elles devront se conformer à l’article 6, même s’il est incomplet, qui dispose que le port d’un signe religieux est interdit dans l’exercice de leurs fonctions aux personnes énumérées à l’annexe II.  27. 
Cependant, il est précisé que l’article 6 ne s’applique pas :   À une personne visée à l’un ou l’autre des paragraphes 2°, 3°, 7° et 9° de l’annexe II le (indiquer ici la date qui précède celle de la présentation du présent projet de loi), et ce, tant qu’elle exerce la même fonction au sein de la même organisation.  Ainsi leur droit de garder leur voile est préservé.
La laicité et les musulmans
Les musulmans ont-ils de la difficulté avec la laicité ? Oui ! Depuis l’avènement de l’islam politique, ses leaders l’ont qualifiée d’athéisme. Par conséquent tout laic est athée, tout athée est apostat, tout apostat est passible de la peine capitale. Or, le Coran appelle tous les hommes à changer, à évoluer et à mieux se connaître, il est dit dans la sourate Les Femmes (s4 ; v1) : ‘’Ô gens ! Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme, et avons fait de vous des peuples et des tribus pour échanger, le plus noble parmi vous est le plus pieux’’.  
L’État du Québec doit être laïque.
Au Québec, la question de la laicité a été, est et sera pour longtemps controversée, tant que l'État n’a pas pris clairement position en faveur des valeurs fondamentales du pays tout en les priorisant. Il ne doit pas, par ses hésitations et des considérations conjoncturelles aller à contrecourant de ce que la société attend de lui. La laicité est le seul dispositif, le seul mécanisme, la seule construction institutionnelle qui aide à la conjugaison positive des convergences citoyennes. L’État doit prendre clairement position en faveur des valeurs fondamentales du Québec, et les prioriser.
L’État ne doit pas inciter la fragilisation des assises démocratiques du Québec, que tant de générations - y compris libérales - ont contribué à bâtir et se prononcer seulement pour la neutralité religieuse.
Des intellectuels d’une gauche délavée et désagrégée dans l’Islamisme prétendent détenir les clés des analyses inclusives pour considérer les islamistes comme parties prenantes de la société, pourtant, l’idéologie Wahhabosalafiste, s’impose de plus en plus au détriment de la liberté de conscience, de la liberté de pensée et de la liberté d’expression.
Les politiques canadiens et québécois ne voient pas du tout qu’il est question de pensée unique et de nivellement par le bas et n’osent pas aborder frontalement la problématique.
Conclusion
Au moment où le monde se débarrasse de ses frontières le Québec ne doit pas se lancer comme chez le voisin du sud dans l’érection de barrières, barrières certes virtuelles mais des barrières malgré tout.
1)   Adopter sans hésiter la clause nonobstant.
2)   Étendre l’interdiction du port de toute forme signes u de symboles religieux au même que le sont les signes et symboles politiques.  (Interdiction du voile à l’ensemble des employés exerçant au sein des institutions publiques ou parapubliques et notamment celles de l’éducation nationale et de la santé et toutes celles qui offrent des services publiques aux citoyennes et citoyens sans compromission et délai de grâce).
3)   Remplacer le concept de personne par celui de citoyen membre de la société.
4)   Développer une philosophie du ‘’Bien vivre Ensemble’’ et du ‘’Vivre en bonne intelligence’’.
5)   Mettre en œuvre des programmes d’initiation aux cultures institutionnelle et culturelle du Québec.
6)   Réfléchir à la mise en œuvre d’une stratégie d’intégration socioculturelle et une insertion socioprofessionnelle des personnes immigrantes, y compris celles qui sont arrivées depuis plus de cinq ans. 

[1] Muhammad Said Al-Ashmawy

mardi 16 avril 2019

Allahou Akbar ! Allah est Grand !

L’amour de Dieu remplacé par la crainte de Dieu
J’ai grandi avec cette phrase. Elle était à peine audible quand mon père la prononçait chaque fois qu’il s’enfermait dans sa chambre pour faire sa prière quotidienne.  
Le Dieu amour, le Dieu miséricorde, le Dieu bonté habitait chez nous. D’ailleurs, il habitait dans la quasi-totalité des foyers algériens. 
Nous l’aimions et l’affectionnions car il nous protéger quand nous faisions un cauchemar ou quand nous étions malades. Ce Dieu, si bon a toujours était présent.  Il prenait toute la place mais était si discret que nous nous apercevions de sa présence seulement quand nous en avions besoin. Il ne nous a jamais punis et il ne nous en a jamais voulu pour cela. Il était réellement grand dans sa mansuétude. Il était LE miséricordieux. 
Avec l’arrivée heureuse de mes deux enfants, c’est toujours ce Dieu, grand et miséricorde que j’ai aussi accueillie chez moi. Il a fait partie de notre vie sans jamais nous interdire de vivre comme nous l’entendions. La raison dont nous étions dotés prévalait dans les toutes décisions prises. Ce que Dieu désapprouve c’est le mensonge, la duplicité, la haine du prochain et surtout le meurtre.  Nous devons respecter la vie, la nôtre et celle d’autrui. 
Avec la montée de l’islam fondamentaliste, à partir des années 80, j’ai appris grâce ou à cause de mes enfants que Dieu était surtout punition, expiation et capable du pire des châtiments. Qu’il était capable de suspendre sa créature par les paupières et de brûler de façon permanente la paumes des mains et le front de ceux et celles qui ne font pas la prière…Le châtiments pour les femmes était spécifique, d’ailleurs le paradis n’en contenait aucune mis à part les houris, ces éternelles vierges pour satisfaire les pervers, ces fous de Dieu sur terre.
Mes enfants venaient de perdre l’amour de Dieu remplacée par la crainte de Dieu. Chaque jour nous devions nous battre, leur père, moi, la famille contre ce Dieu de remplacement venu tout droit de la péninsule arabique. 
Ce Dieu guerrier était généreux en pétrodollars. Il avait une armée, un parti politique et des adeptes. Il était plus attrayant, plus intéressant puisque plus riche. C’est un Dieu qui parlait à ses adeptes cinq fois par jour et sept jours par semaine. Il avait le verbe violent et l’action brutale. Soit on est avec lui soit on est contre lui. Avec lui le juste milieu avait disparu tout comme notre culture et notre histoire deux fois millénaire. 
Sur le drapeau Algérien sont gravés des noms de martyrs !
La violence, la brutalité et le meurtre remplacèrent l’amour, la bonté et l’empathie dans laquelle la société a toujours baigné. 
Puis, des meurtres sont commis en son nom. C’est au nom de ALLAHOU AKBAR (Dieu est grand) que nos ami-e-s, nos parents, nos enfants, nos collègues, nos voisins, nos journalistes, nos médecins étaient assassiné-e-s, que les femmes et les filles étaient violées à répétition avant d’être égorgées. 
Quand le dimanche 7 avril, Allahou Akbar est vociféré dans les rues de Montréal, je n’ai pu me taire et trouver des circonstances atténuantes à cette perversion de l’islam.
Quand j’ai vu LE DRAPEAU algérien mêlé à des slogans où la surenchère de la haine était le mot
d’ordre, je ne plus me taire. Je dois rappeler à celles et à ceux qui l’ont brandi que le drapeau algérien appartient à l’Algérie, à son histoire, à sa guerre d’indépendance et sa révolte actuelle pacifique et fraternelle devenue le modèle de contestation pour le monde entier. Le drapeau algérien ne doit servir de caution ni de faire valoir d’une cause dont les organisateurs sont connus au Québec pour leurs revendications pour l’islam radical. Avec leur conception d’un islam fondamentaliste, ils sont loin de faire l’unanimité parmi la communauté musulmane et pas du tout parmi TRÈS la grande majorité des algérien-ne-s. 
Alors de grâce, ne salissez pas notre drapeau avec vos slogans haineux. Il appartient à NOTRE ALGÉRIE. 
N’oublions jamais que sur ce drapeau sont gravés les noms de plus d’un million de martyr-e-s pour l’indépendance de l’Algérie et plus de deux cent cinquante mille citoyen-nes assassiné-e-s par l’hydre incarnée par de l’islam politique. 
Leila Lesbet
Citoyenne québécoise d’origine algérienne.

vendredi 29 mars 2019

La laîcité au Québec

Voile ou Hijab les véritables significations et leurs portées
Je reviens sur ma promesse de ne plus intervenir sur la laïcité et je ressorts de ma tanière avec la publication du projet de loi sur la laïcité de l’État que va nous vendre le gouvernement de la CAQ sans que nous puissions l’amender au cas où il est incomplet mais qui constitue à n’en point douter un dossier risqué pour cette législature. Qu’on le veuille ou non ce qui dérange le plus au Québec c’est, ce que je qualifie, d’entrisme malfaisant des islamistes qui veulent à tous prix imposer leur idéologie à la société d’accueil tout en refusant de respecter ses lois pourtant votées par son législateur selon des principes démocratiques bien établis.  
Le problème c’est que cet entrisme porte préjudice aux libertés individuelles qui sont liées à celle intrinsèque du culte et que personne ne remet en question ; il porte aussi préjudice en particulier aux musulmanes et aux musulmans qui se considèrent comme citoyennes et citoyens logé-e-s à la même enseigne que toutes les autres Québécoises et tous les autres Québécois et en second lieu à celles et à ceux qui refusent de s’adapter à leur nouvelle citoyenneté.  Je n’ai pas l’habitude de parler au nom de personnes qui ne m’ont pas autorisé à le faire mais exceptionnellement je le fais au nom de celles et de ceux qui partagent avec moi les mêmes valeurs et les mêmes principes du vivre ensemble et en bonne intelligence, c’est à dire les membres de l’Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL).
Mon propos ci-après est pour donner suite à ce titre ‘’ironique’’ lu dans un média électronique d’un chroniqueur qui ne fait pas partie de mes références et qui a écrit : ‘’ Pour en finir avec le voile … ‘’. Il croit savoir mais en fait ignore la signification politique du hijab[1]. Ce n’est pas le seul, puisqu’ils sont nombreux tous ces chroniqueurs de divers médias écrits, parlés et télévisés, à faire comme lui et qui commencent sérieusement à nous agacer ... Nous les musulmanes et les musulmans qui n’ont d’autre objectif que de vivre en paix dans une société harmonieuse et tolérante comme celle des Québécoises et des Québécois. 
Ces chroniqueurs et autres animateurs de médias, sauf s’ils font exprès d’être provocateurs en insinuant que le hijab exprime la foi des musulmans, ignorent la signification du concept. Leur méconnaissance de la sémantique, de l’interprétation des symboles et des signes politiques qu’ils considèrent comme des symboles et des signes religieux est agaçante et blessante à plus d’un titre. Et pour cause, le Hijab, réduit à son sens moderne, c’est-à-dire le voile est l’indice le plus désavoué non seulement dans les pays musulmans mais aussi dans les pays où les musulmans se sont installés depuis fort longtemps.  
Le hijab sa signification et sa portée politique
Une première précision s’impose, comme musulman, je ne suis pas contre les personnes musulmanes, les groupes de musulmanes et les communautés musulmanes de pratiquer leur foi selon leurs rites, leurs principes et leurs règles sociales et culturelles, cependant je m'inscris en faux contre l'utilisation de l'Islamisme. Dans le même segment de réflexion, j’ai déjà évoqué le féminisme islamiste et les motivations des femmes qui portent le voile prétextant qu’elles le font par conviction et par soumission à Allah, pour ma part je les qualifie d’activistes parce qu’elles sont les plus néfastes à la cohésion sociale du Québec. 
https://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/feminisme-islamique-intrusion-effraction-radicalisation-fanatisme_a_23607534/ 
Seconde précision, si l'on accepte cette idée, celle de l’Islamisme comme étant la religion musulmane, il faudra préciser et rappeler que les jeunes femmes et jeunes filles nées dans les pays où l’Islam est religion d’État, où la société en est une d’hommes, où l’islamisme a sévi ou sévit encore … et même dans les monarchies du Golfe Arabe/Persiques, se battent tous les jours pour se libérer de ce carcan. 
Souvent ces femmes, en quittant leur pays enlèvent avec une hardiesse non feinte ce fichu qui les emprisonnent. Elles sont nées au moment où cette idéologie mortifère a pris son élan et où les ingérences étrangères de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et du Qatar n’ont jamais été une simple vue de l’esprit. Elles se sont formalisées avec le Wahhabosalafisme et ses adversaires Mollahs, les frères musulmans et leur chef militaire qui rêvent du retour au Khalifa Ottoman. Le hijab est politique comme le confirme la grande majorité des musulmanes et des musulmans et ce depuis fort longtemps, il faut par conséquent que les autres partis politiques au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde soient autorisés à ce que leurs membres exhibent, eux aussi, leurs symboles politiques.
Bien entendu une question sera posée : Pourquoi le faire ? La réponse se résume à ce qui suit : ce sont les islamistes qui disent qu'ils sont les membres actifs du Parti d’Allah (Hizb Allah = Le Parti de Dieu) ou celui qui énonce la victoire de l'Islamisme (ENOSRA), ils le disent depuis fort longtemps la seule loi qui s’appliquent à eux et à leur environnement social est la Charia.  
Le sens profond du hijab
Une autre précision : Le hijab, recèle en lui l’idée, la représentation ou encore la pensée d’un premier sens générique qui est ignoré par toutes et tous et qui véhicule une double signification : Traduit en français ou dans les autres langues, ce mot veut dire rideau, séparation, tenture … ou encore devanture et non pas habit ou foulard qui couvre la tête des femmes. Il référait tout simplement à une séparation de l'espace en deux, celui des hommes étrangers à la maison du Prophète et celui de ses femmes[2].
Ensuite, l’histoire nous le rappelle, après le décès du Prophète, le pouvoir masculin a étendu le territoire le hijab en l’imposant comme séparation entre les espaces de tous les hommes et ceux de toutes les femmes. Enfin, à l’adresse de celles et de ceux, en général des islamistes et pas des musulmans, qui citent les versets d’al-Ahzâb (33ième sourate), le khimar est un châle et le djilbab ou le thaûb, sont des fichus, ports par les femmes de l’époque dans ces mêmes pays du golfe Arabe. Ils n’avaient pas pour fonction de couvrir comme elles voudraient nous le faire accroire la tête mais bien les épaules et la poitrine. Juste une affaire décence sociale pour ne pas dire pudeur sociale. Cette même pudeur s'applique aussi aux hommes, voire les vêtements qu’ils portent dans les pays du golfe persique.
Remarquez que toutes les spécialistes et tous les spécialistes pour ne pas parler des expert-e-s en la matière se gardent de traduire ces concepts dans les autres langues mais maintiennent un seul mot en arabe le hijab comme étant un voile qui couvre la tête et les cheveux, et ainsi lui signifier que même pour Allah/Dieu, la femme est insignifiante.
Alors, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les élu-e-s du Québec de grâce adoptez ce texte par lequel les signes politiques et les symboles religieux ne soient pas autorisés là où les citoyennes et les citoyens du Québec souhaitent se rassembler et vivre selon les valeurs et les lois du pays. Dans cet espace commun et citoyen géré selon par l’État qui n’exige ni ne nécessite aucune clause Grand-Père.  

Ferid Chikhi

https://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/laicite-etat-voile-hijab-veritables-significations-portees-quebec_a_23702059/?utm_hp_ref=qc-blogues

jeudi 28 mars 2019

Lettre ouverte à la Première Ministre de la Nouvelle Zélande

À l'attention de la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern
Madame La Première Ministre,
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons suivi le drame qui a frappé votre pays à la suite de l’assassinat de cinquante Néozélandais musulmans dans les deux mosquées de Christchurch. Un crime odieux qui a horrifié le monde entier. Cette situation dramatique que vous vivez avec vos concitoyens nécessitera du temps et du courage pour se remettre du deuil.
Mais aucune tragédie ne peut justifier que l’on ignore les valeurs universelles d’égalité et de liberté. En tant que citoyennes et citoyens du Canada de foi et/ou de culture musulmanes, il nous apparait crucial de vous informer des retombées désastreuses de la parodie pseudo religieuse à laquelle vous vous êtes livrée avec les femmes de votre pays, sans aucun doute par ignorance et en signe de solidarité, en portant sur la tête un voile islamiste et non pas musulman. Ce voile est un symbole d'infériorisation de la femme. Sous sa forme la plus avilissante, il sert d'étendard à des groupes islamistes tels qu’ISIS, Boko Haram ou Chebab qui kidnappent, violent, assassinent et emprisonnent sans aucun scrupule les femmes des pays où ils sévissent. En agissant ainsi, les Néozélandaises font preuve d’inconscience envers une extrême droite religieuse qui instrumentalise les femmes pour faire avancer un agenda politique totalitaire.
Qu’en est-il de la solidarité envers les femmes musulmanes qui se battent pour se libérer de l’oppression du voile ? Comment, dans un pays aussi égalitaire que la Nouvelle-Zélande, peut-on choisir d’exprimer sa compassion en revêtant un symbole de minorisation de la femme et de ségrégation sexuelle ? Le plus avilissant est que cette initiative émane des femmes, qui le portent à titre symbolique pour quelques heures mais qui, par leur geste, contribuent à légitimer des pratiques misogynes dont sont victimes des femmes qui le portent toute leur vie.
Rappelons quelques faits. Le voile islamique n’est pas une prescription coranique. Il a été imposé en Iran après la révolution islamique de 1979, et propagé dans les pays arabes vers la fin des années 1980 avec la montée en puissance de l’organisation des Frères musulmans d’Égypte, du Wahhabosalafisme saoudien, et grâce aux pétrodollars de la monarchie saoudienne et des pays du Golfe. Ce voile est associé à la mouvance de l’islam politique, et représente son moyen de prosélytisme et de marquage du territoire le plus efficace.
Nul besoin d’évoquer les exactions commises par les différentes factions islamistes à travers le monde, pour imposer leur vision d’un islam sclérosé et revanchard. Les Algériennes et Algériens qui ont vécu les atrocités d’une guerre menée par les islamistes contre les civils, et qui ont vu des femmes assassinées parce qu’elles refusaient de se voiler, manifestent en ce moment même dans les rues d’Algérie pour un changement démocratique de la gouvernance de leur pays mais également pour l'égalité, l'émancipation des femmes et l'abrogation du code de la famille inspiré de la charia.
Comment expliquer qu’au même moment, et à l’heure où en Iran l’avocate Nasrin Sotoudeh est condamnée à 38 ans de prison et 148 coups pour sa défense de femmes refusant de se voiler, des Néozélandaises participent à normaliser le voile islamique comme symbole de l'islam ?
Madame La Première Ministre, nous faisons appel à votre sens de la responsabilité pour faire cesser cette banalisation du voilement des femmes et des petites filles. Comme le dit notre compatriote Tarek Fatah, compatir avec les musulmans tombés sous les balles à Christchurch est un devoir absolu, qu’ils soient hommes ou femmes, voilées ou non voilées. Consentir à se transformer en publicité vivante pour ce symbole de l’islam politique relève d’une inconscience face à l’agenda des islamistes.
C’est en misant sur des valeurs universelles de liberté et d’égalité, au-delà de nos particularismes religieux et de nos convictions philosophiques, que l’on pourra tisser une solidarité entre les humains.
Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité (AQNAL)
Mohand Abdelli, ingénieur retraité
Nora Abdelli, ingénieure chimiste
Radhia Ben Amor, militante associative
Djemila Benhabib, politologue et écrivaine
Leila Bensalem, enseignante
Nawal Bouchareb, technicienne en organisation scolaire à la CSDM
Fares Chargui, docteur en medecine, resident en Psychiatrie
Ferid Chikhi, conseiller en emploi
Yasmina Chouakri, Consultante
Nadia El Mabrouk, professeure à l’Université de Montréal
Hassiba Idir, gestionnaire
Nacer Irid, ingénieur
Hassan Jamali, professeur retraité
Ali Kaidi, militant pour la laïcité
Karim Lassel, analyste organisationnel
Leila Lesbet, technicienne en éducation spécialisée
Nacera Zergane, conseillère financière


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Signataires sympathisant-e-s d'AQNAL
Michèle Sirois, anthropologue et membre fondatrice de PDFQuébec,
Nicole Vermette, féministe retraitée de l'enseignement.  

jeudi 21 mars 2019

La laîcité et l'Islam


Au moment où le monde et la Nouvelle Zélande n’ont pas eu le temps de faire le deuil des personnes lâchement assassinées en pleine prière à Christchurch, que les extrémismes s’aiguisent de plus en plus et qu’un autre acte terroriste est commis à Utrecht (Pays Bas), la réflexion qui suit fait partie de la série consacrées au rapport de la laïcité aux musulmans et à leurs islamistes, publiées par le Huffington Post Québec[1]. Il s’agit de quelques pistes examinées sous un angle singulier et pour une réflexion commune.

Il arrive souvent que des personnes, dont plusieurs sont qualifiées d’intellectuelles, énoncent sans se soucier de leurs conséquences, des sentences embarrassantes invitant à répondre à des questions dont les auteurs ne peuvent imaginer qu’elles appellent des réponses complexes. Juste à réfléchir à leur source dans un contexte international fortement perturbé des cinq dernières décennies exige d’aborder plusieurs facettes de la problématique avec des hypothèses qui se vérifient pour certaines et restent sans ouverture pour d’autres. Prenons pour point de départ celles qui proviennent du Golfe Arabe/Persique, région du monde qui connait des mutations profondes depuis fort longtemps. Émettons, par exemple, l’hypothèse que des organisations caritatives financées par les gouvernements commanditent à leur tour elles financent, au vu et au su de tous, la constitution de groupes de mercenaires islamistes qualifiés de ‘’djihadistes’’. Ces derniers sévissent partout dans le monde. Ils causent ainsi des tords irréparables aux populations agressées. Sur un tout autre plan, ces mêmes monarchies arabo-islamistes soudoient des organisations économiques et industrielles occidentales sous forme d’achat de produits et de service. Des alliances entre pays sont ainsi tissées alors qu’elles sont contre nature : l’Arabie Saoudite couche avec les USA et Israel ; son protéger, le Qatar avec la France et l’Iran peine à sortir du Khomeynisme mais se fait bien des amis en Europe.

Un nouveau monde et de nouveaux paradigmes

Seconde hypothèses validée depuis longtemps. Dans les espaces des puissances coloniales du siècle dernier des demandeurs d’asile humanitaire, des réfugiés, des immigrants, des migrants et même ‘’des refoulés qui reviennent’’ surfent sur la ligne de démarcation entre la fin des colonies et le début des indépendances. Ils forment de nouveaux groupes communautaristes, les uns plus dogmatiques que les autres. Des musulmans et surtout ceux natifs de ces pays, vivent des problèmes d’appartenance identitaires et exportent leur pseudo combat contre ‘’la colonialité’’. Mais tous sont mal préparés à s’adapter aux sociétés qui privilégient les libertés individuelles selon des règles bien établies pour organiser le vivre ensemble en toute intelligence. Ils sont poussés à ‘’se communautariser’’ et s’inspirent de l’Islam rigoriste, de faux Hadiths[2] ou de vrais mais sortis de leur contexte et en ils en usent pour nourrir les idées des individus vulnérables qui rêvent d’un monde islamique à jamais révolu. De nouveaux prédicateurs s’autoproclament leaders en chefs de ‘’LA’’ communauté musulmane et impactent l’organisation sociétale par leurs propos en déphasage total avec les aspirations des citoyens. Mais rien, absolument rien, dans leurs discours ne met en valeur les instruments du rapprochement que sont les changements technologiques, l’apport des sciences et des savoirs multiples et divers, les arts et la littérature, les sports et l’écologie. Parmi leurs thèmes de prédilection, la femme est au centre de leurs préoccupations et reste le sujet ‘’le plus abhorré’’ mais aussi le plus commenté, pour toujours la réduire à une ‘’chose’’, à une machine de reproduction.

La laicité et les islamistes 

Les islamistes le clament haut et fort la laicité n’est pas compatible avec l’Islam, ils la qualifient de ‘’Kufr’’, c’est à dire d’incroyance, de blasphème si ce n’est d’athéisme. Celui qui se dit laic est par conséquent athée. Tout athée est punissable de la peine capitale comme le sont tous les apostats. Heureusement, que tout à l'opposé de cette ligne extrémiste, un chercheur, islamologue et lucide, le défunt Malek Chebel a plaidé pour un « islam des Lumières[3] », notion qui donne son titre à un de ses derniers ouvrages. Comme pour instruire les intégristes de tous bords, il assène qu’‘’associer l'islam aux Lumières c’est abonder dans la relation déjà inscrite dans la dynamique amorcée au XIXe siècle et poursuivie par les nombreux réformistes qui ont voulu changer le visage de cette religion en s'appuyant sur le travail de la raison’’.

La laicité et les musulmans

Les musulmans ne forment pas un groupe monolithique ils sont organisés sur une matrice en segments placés les uns à côté des autres, indépendants mais aussi reliés par cinq[4] piliers auxquels tous adhèrent sans aucune divergences. Cependant, à l’intérieur de chaque silo les valeurs, les principes, les codes de vie, les pratiques et les références aux écoles de pensées jurisprudentielles, aux dogmes et aux identités locales sont à quelques éléments près différents par leurs contenus et leurs formes.

Dans le monde les laïcs musulmans sont nombreux. Ils vont dans le même sens que des penseurs Algériens, Tunisiens, Marocains et Égyptiens, parmi une pléiade d’autres penseurs musulmans, qui se sont penchés sur la problématique de cette compatibilité de la laïcité et de l’Islam. Au cours des décennies Mohamed Arkoun[5] et Malek Chebek[6] ont été les plus éclairants. Le premier a relevé que ‘’la laicité est une valeur à défendre y compris pour le monde musulman, sous réserve de la nécessité de prendre en compte les spécificités de cette culture et de son histoire. Cette défense de la laïcité, s'accompagne ainsi de la critique d'une certaine tradition historique, plus particulièrement la française. Si la laïcité peut s'exporter son histoire ne peut l’être. Il souligne que la conscience collective musulmane actuelle ne connaît pas cette rupture psychoculturelle, qu'on constate depuis au moins le 19ième siècle, dans l'Occident sécularisé’’. Bien entendu, Mohamed Arkoun a exprimé des réserves en précisant que ‘’Pour sauver le monde musulman de ses démons et le sortir de ses impasses, il est essentiel que l'islam accède à la modernité politique et culturelle’’.

La laicité au Québec

Au Québec, tant que l'État n’a pas pris position en faveur des valeurs fondamentales du pays, la question de la laicité a été, est et sera pour un long moment critiquée. Le gouvernement ne doit pas, par ses hésitations et des lectures à contrecourant de ce que la société attend de lui, impulser la fragilisation des assises démocratiques que tant de générations - y compris libérales - ont contribué à bâtir. S’opposer à la majorité des citoyens qui l’ont élu, c’est se positionner contre les libertés individuelles selon les règles préétablies et leurs effets sur la collectivité nationale.

Nous savons que chaque être humain est éprouvé en fonction du chemin de vie qui est le sien mais nous savons aussi que la laïcité n'est pas négociable. Au Québec, l'adoption d'une charte qui l’arrime à celle des droits et libertés est plus qu’une nécessité. Elle est une exigence d’une société moderne, progressiste et égalitaire tant pour ses citoyens que pour ceux dont les pratiques extrémistes ont une influence palpable sur le vivre ensemble.

Ferid Chikhi

[2] Dits et autres commentaires ou avis du Prophète
[3]https://books.google.ca/books/about/Manifeste_pour_un_islam_des_Lumières.html?id=g2oNmwEACAAJ&source=kp_cover&redir_esc=y
[4] La foi en un seul Dieu et Mohamed son dernier prophète, la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage.
[5] Mohammed Arkoun, Algérien, humaniste, laïque, militant actif du dialogue interreligieux, les peuples et les hommes. Il plaidait pour un islam repensé dans le monde contemporain.
[6] Malek Chebel, Algérien, anthropologue des religions. Fit ses études Algérie, puis en France. À Paris il approfondit la psychanalyse. Il enseigna dans de nombreuses universités à travers le monde. Il décède le 12 novembre 2016,

samedi 16 mars 2019

Assassinat de 49 musulmans en prière en Nouvelle Zélande

Christchurch, Nouvelle Zélande, 15 mars 2019
Message de condoléances des membres d'AQNAL aux Néozélandais.

Attristés et choqués par l’horrible attentat terroriste commis contre les fidèles des deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, nous, membres d’AQNAL, exprimons nos plus sincères sympathies aux familles et partageons le deuil des Néo-Zélandais.
Il est indéniable que l’islam est aujourd’hui entaché par la barbarie des groupes islamistes de toutes allégeances. C’est cette haine contre l’islamisme, assimilé à l’islam, qui a généré un extrémisme dirigé contre les musulmans. Les membres d’AQNAL déplorent cette escalade de la haine ainsi que les actes de violence insensés qui les suivent.
Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Nous espérons que leur mémoire ne sera pas entachée par une récupération politique, que nous avons observé lors de la tuerie de la mosquée de Québec, pour museler la liberté d’expression.
Soyons responsables et ne participons pas à attiser les rancœurs et à accroitre l’acrimonie envers les musulmans.
P/AQNAL
Ferid Chikhi
Nadia EL Mabrouk
Ali Kaidi
Leila Lesbet
Saliha Abdenbi
CC: Ambassade de la Nouvelle Zélande à Ottawa

Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particu...