J’ai grandi avec cette
phrase. Elle était à peine audible quand mon père la prononçait chaque fois
qu’il s’enfermait dans sa chambre pour faire sa prière quotidienne.
Le Dieu amour, le Dieu
miséricorde, le Dieu bonté habitait chez nous. D’ailleurs, il habitait dans la
quasi-totalité des foyers algériens.
Nous l’aimions et
l’affectionnions car il nous protéger quand nous faisions un cauchemar ou quand
nous étions malades. Ce Dieu, si bon a toujours était présent. Il prenait toute la place mais était si discret
que nous nous apercevions de sa présence seulement quand nous en avions besoin.
Il ne nous a jamais punis et il ne nous en a jamais voulu pour cela. Il était
réellement grand dans sa mansuétude. Il était LE miséricordieux.
Avec l’arrivée heureuse de mes deux enfants,
c’est toujours ce Dieu, grand et miséricorde que j’ai aussi accueillie chez
moi. Il a fait partie de notre vie sans jamais nous interdire de vivre comme
nous l’entendions. La raison dont nous étions dotés prévalait dans les toutes
décisions prises. Ce que Dieu désapprouve c’est le mensonge, la duplicité, la
haine du prochain et surtout le meurtre.
Nous devons respecter la vie, la nôtre et celle d’autrui.
Avec la montée de l’islam
fondamentaliste, à partir des années 80, j’ai appris grâce ou à cause de mes
enfants que Dieu était surtout punition, expiation et capable du pire des
châtiments. Qu’il était capable de suspendre sa créature par les paupières et
de brûler de façon permanente la paumes des mains et le front de ceux et celles
qui ne font pas la prière…Le châtiments pour les femmes était spécifique,
d’ailleurs le paradis n’en contenait aucune mis à part les houris, ces
éternelles vierges pour satisfaire les pervers, ces fous de Dieu sur terre.
Mes enfants venaient de
perdre l’amour de Dieu remplacée par la crainte de Dieu. Chaque jour nous
devions nous battre, leur père, moi, la famille contre ce Dieu de remplacement
venu tout droit de la péninsule arabique.
Ce Dieu guerrier était
généreux en pétrodollars. Il avait une armée, un parti politique et des
adeptes. Il était plus attrayant, plus intéressant puisque plus riche. C’est un
Dieu qui parlait à ses adeptes cinq fois par jour et sept jours par semaine. Il
avait le verbe violent et l’action brutale. Soit on est avec lui soit on est contre
lui. Avec lui le juste milieu avait disparu tout comme notre culture et notre
histoire deux fois millénaire.
Sur le drapeau Algérien sont gravés des noms de martyrs !
La violence, la brutalité et
le meurtre remplacèrent l’amour, la bonté et l’empathie dans laquelle la
société a toujours baigné.
Puis, des meurtres sont
commis en son nom. C’est au nom de ALLAHOU AKBAR (Dieu est grand) que nos
ami-e-s, nos parents, nos enfants, nos collègues, nos voisins, nos
journalistes, nos médecins étaient assassiné-e-s, que les femmes et les filles
étaient violées à répétition avant d’être égorgées.
Quand le dimanche 7 avril, Allahou
Akbar est vociféré dans les rues de Montréal, je n’ai pu me taire et trouver
des circonstances atténuantes à cette perversion de l’islam.
Quand j’ai vu LE DRAPEAU
algérien mêlé à des slogans où la surenchère de la haine était le mot
d’ordre,
je ne plus me taire. Je dois rappeler à celles et à ceux qui l’ont brandi que
le drapeau algérien appartient à l’Algérie, à son histoire, à sa guerre
d’indépendance et sa révolte actuelle pacifique et fraternelle devenue le
modèle de contestation pour le monde entier. Le drapeau algérien ne doit
servir de caution ni de faire valoir d’une cause dont les organisateurs sont
connus au Québec pour leurs revendications pour l’islam radical. Avec leur
conception d’un islam fondamentaliste, ils sont loin de faire l’unanimité parmi
la communauté musulmane et pas du tout parmi TRÈS la grande majorité des
algérien-ne-s.
Alors de grâce, ne salissez
pas notre drapeau avec vos slogans haineux. Il appartient à NOTRE ALGÉRIE.
N’oublions jamais que sur ce
drapeau sont gravés les noms de plus d’un million de martyr-e-s pour
l’indépendance de l’Algérie et plus de deux cent cinquante mille citoyen-nes
assassiné-e-s par l’hydre incarnée par de l’islam politique.
Leila
Lesbet
Citoyenne québécoise
d’origine algérienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire