mardi 16 avril 2019

Allahou Akbar ! Allah est Grand !

L’amour de Dieu remplacé par la crainte de Dieu
J’ai grandi avec cette phrase. Elle était à peine audible quand mon père la prononçait chaque fois qu’il s’enfermait dans sa chambre pour faire sa prière quotidienne.  
Le Dieu amour, le Dieu miséricorde, le Dieu bonté habitait chez nous. D’ailleurs, il habitait dans la quasi-totalité des foyers algériens. 
Nous l’aimions et l’affectionnions car il nous protéger quand nous faisions un cauchemar ou quand nous étions malades. Ce Dieu, si bon a toujours était présent.  Il prenait toute la place mais était si discret que nous nous apercevions de sa présence seulement quand nous en avions besoin. Il ne nous a jamais punis et il ne nous en a jamais voulu pour cela. Il était réellement grand dans sa mansuétude. Il était LE miséricordieux. 
Avec l’arrivée heureuse de mes deux enfants, c’est toujours ce Dieu, grand et miséricorde que j’ai aussi accueillie chez moi. Il a fait partie de notre vie sans jamais nous interdire de vivre comme nous l’entendions. La raison dont nous étions dotés prévalait dans les toutes décisions prises. Ce que Dieu désapprouve c’est le mensonge, la duplicité, la haine du prochain et surtout le meurtre.  Nous devons respecter la vie, la nôtre et celle d’autrui. 
Avec la montée de l’islam fondamentaliste, à partir des années 80, j’ai appris grâce ou à cause de mes enfants que Dieu était surtout punition, expiation et capable du pire des châtiments. Qu’il était capable de suspendre sa créature par les paupières et de brûler de façon permanente la paumes des mains et le front de ceux et celles qui ne font pas la prière…Le châtiments pour les femmes était spécifique, d’ailleurs le paradis n’en contenait aucune mis à part les houris, ces éternelles vierges pour satisfaire les pervers, ces fous de Dieu sur terre.
Mes enfants venaient de perdre l’amour de Dieu remplacée par la crainte de Dieu. Chaque jour nous devions nous battre, leur père, moi, la famille contre ce Dieu de remplacement venu tout droit de la péninsule arabique. 
Ce Dieu guerrier était généreux en pétrodollars. Il avait une armée, un parti politique et des adeptes. Il était plus attrayant, plus intéressant puisque plus riche. C’est un Dieu qui parlait à ses adeptes cinq fois par jour et sept jours par semaine. Il avait le verbe violent et l’action brutale. Soit on est avec lui soit on est contre lui. Avec lui le juste milieu avait disparu tout comme notre culture et notre histoire deux fois millénaire. 
Sur le drapeau Algérien sont gravés des noms de martyrs !
La violence, la brutalité et le meurtre remplacèrent l’amour, la bonté et l’empathie dans laquelle la société a toujours baigné. 
Puis, des meurtres sont commis en son nom. C’est au nom de ALLAHOU AKBAR (Dieu est grand) que nos ami-e-s, nos parents, nos enfants, nos collègues, nos voisins, nos journalistes, nos médecins étaient assassiné-e-s, que les femmes et les filles étaient violées à répétition avant d’être égorgées. 
Quand le dimanche 7 avril, Allahou Akbar est vociféré dans les rues de Montréal, je n’ai pu me taire et trouver des circonstances atténuantes à cette perversion de l’islam.
Quand j’ai vu LE DRAPEAU algérien mêlé à des slogans où la surenchère de la haine était le mot
d’ordre, je ne plus me taire. Je dois rappeler à celles et à ceux qui l’ont brandi que le drapeau algérien appartient à l’Algérie, à son histoire, à sa guerre d’indépendance et sa révolte actuelle pacifique et fraternelle devenue le modèle de contestation pour le monde entier. Le drapeau algérien ne doit servir de caution ni de faire valoir d’une cause dont les organisateurs sont connus au Québec pour leurs revendications pour l’islam radical. Avec leur conception d’un islam fondamentaliste, ils sont loin de faire l’unanimité parmi la communauté musulmane et pas du tout parmi TRÈS la grande majorité des algérien-ne-s. 
Alors de grâce, ne salissez pas notre drapeau avec vos slogans haineux. Il appartient à NOTRE ALGÉRIE. 
N’oublions jamais que sur ce drapeau sont gravés les noms de plus d’un million de martyr-e-s pour l’indépendance de l’Algérie et plus de deux cent cinquante mille citoyen-nes assassiné-e-s par l’hydre incarnée par de l’islam politique. 
Leila Lesbet
Citoyenne québécoise d’origine algérienne.

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