« Ils ont tué mon ange ! »
dénonce la maman de Mahsa Amini en
apprenant le décès de sa fille.
Mahsa symbole du courage, de la dignité et de la liberté ne se doutait
pas que visiter sa famille à Téhéran lui couterait la vie.
Son délit : une mèche de cheveu rebelle défiant la colère de la
police des mœurs dans ce pays devenu le cimetière de toute liberté, depuis 43
ans, au nom d’une religion pervertie et instrumentalisée par une idéologie
fondamentaliste.
Depuis cet assassinat, le nombre des Mahsa ne cesse d’augmenter.
Depuis 43 ans, les Iraniennes sont effacées sous ce voile, symbole de
pureté et de pudeur pour les unes, identitaire pour les autres et émancipateur
pour celles non forcées de le porter car vivant dans les états séculiers où les
droits sont reconnus équitablement entre les citoyennes et les citoyens. Dans
ces états, la religion ne s’ingère pas dans le politique et l’indépendance
judiciaire est une condition essentielle à la démocratie.
Depuis 43 ans, les
Iraniennes crient à l´injustice se
heurtant
à la surdité des pouvoirs occidentaux qui concèdent leur attachement à la
défense des droits fondamentaux des femmes, du fait de leur dépendance
économique au pétrole. Les Iraniennes subissent les exactions de la police des
mœurs au service des mollahs, structure politique et sectaire s’octroyant le
droit de vie ou de mort sur la population iranienne. Non, les Iraniennes ne se sont jamais
tues !
L’espoir aurait été
encore permis, si l’Occident ne les avait abandonnées au profit de régimes
théocratiques, violant les droits humains, incluant ceux des personnes homosexuelles et
des laïques.
Pour plaire aux mollahs, n’a-t-on pas vu des femmes de la diplomatie
occidentale rendues à Téhéran en exhibant fièrement ce symbole avilissant
portant le sang d´autres femmes afin d’obtenir les grâces d’un régime sous
lequel elles n’auraient jamais accepté de vivre.
Cet instrument de ségrégation sexiste qu’est le voile devient dans le
discours de la gauche communautariste et du libéralisme décomplexé, le symbole
d’émancipation d’un néo féminisme islamiste en Occident. Refuser que cette
injonction religieuse et patriarcale s’affiche dans nos services publics,
surtout nos écoles, serait islamophobe. Une femme musulmane est-elle,
nécessairement, une femme voilée ?
Dans le monde dit musulman, ce voile s’est imposé par la violence, le
viol et l’assassinat. Souvent, en
occident, il est présenté comme un symbole identitaire traditionnel
voire exotique, dénué de sa charge symbolique comme
le serait un sombrero ou une tuque. Aucune femme occidentale ayant défendu cet
étendard de l´islam politique ségrégationniste, patriarcal et
misogyne, n’a jamais subi la moindre violence pour porter
un sombrero ou une tuque.
Aujourd’hui, en Occident, de grandes marques du prêt à porter vont
jusqu’à à faire de cet instrument de contrôle du corps des femmes une mode
féminine dite pudique osant inclure même les fillettes. Il est devenu un outil
de marketing aux revenus appréciables. Et tant pis pour les fillettes et les
femmes qui le subissent dans les pays où il est imposé avec une extrême
violence dont l’objectif est la soumission, la négation ou la mort.
Le voile est le porte-étendard d’un système d’apartheid sexuel. Pourtant, qui aurait osé faire la promotion,
en Occident, du symbole de l’apartheid racial de l’Afrique du Sud?
La mobilisation de certaines femmes politiques, promptes à se couvrir la
tête de ce voile de l’indignité pour contrer le moindre mouvement soutenant la
laïcité, se fait plutôt discrète face aux crimes odieux commis actuellement en
Iran.
Où
est la solidarité des femmes de tous bords politiques envers les Iraniennes
pourtant si promptes à se mobiliser pour défendre le choix individuel de porter
le signe de la ségrégation sexiste dans nos écoles ?
Ne voit-on pas à chaque élection canadienne, certaines candidates se
draper du symbole du patriarcat et de la misogynie frappant à la porte des
mosquées pour glaner d’hypothétiques appuis à leur élection :
la fin justifie les moyens... Ces femmes, futures
élues, ne sont pas sans savoir les conséquences désastreuses de leur geste sur
le quotidien des femmes vivant dans ces pays dits musulmans.
Pourtant, ces pays si peu respectueux des droits des femmes et de
l’égalité siègent dans les instances internationales au nom de la démocratie qu’ils
exècrent et où ils œuvrent pour que leur vision misogyne et patriarcale soit
reconnue.
Et ils ont réussi.
Aujourd’hui, notre devoir est d’être aux côtés des femmes iraniennes, de
porter leurs revendications et de nous mobiliser pour faire entendre leurs voix
auprès des instances internationales pour qu’aucune femme ne soit soumise à des
lois et à des coutumes qui sont en contradiction avec la dignité humaine, les
droits universels et égalitaires qui protègent toute personne au-delà des croyances,
des coutumes et des religions.
Seule la mobilisation peut mettre fin à ces régimes dictatoriaux,
corrompus, immoraux et surtout misogynes où la femme n’est qu’un objet sexuel
de perversion, d’où l’obsession de son invisibilité.
Leila Lesbet
Féministe universaliste.
Association québécoise des nord-Africains pour la laïcité-AQNAL.
Montréal, le 26 septembre 2022