jeudi 28 mars 2019

Lettre ouverte à la Première Ministre de la Nouvelle Zélande

À l'attention de la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern
Madame La Première Ministre,
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons suivi le drame qui a frappé votre pays à la suite de l’assassinat de cinquante Néozélandais musulmans dans les deux mosquées de Christchurch. Un crime odieux qui a horrifié le monde entier. Cette situation dramatique que vous vivez avec vos concitoyens nécessitera du temps et du courage pour se remettre du deuil.
Mais aucune tragédie ne peut justifier que l’on ignore les valeurs universelles d’égalité et de liberté. En tant que citoyennes et citoyens du Canada de foi et/ou de culture musulmanes, il nous apparait crucial de vous informer des retombées désastreuses de la parodie pseudo religieuse à laquelle vous vous êtes livrée avec les femmes de votre pays, sans aucun doute par ignorance et en signe de solidarité, en portant sur la tête un voile islamiste et non pas musulman. Ce voile est un symbole d'infériorisation de la femme. Sous sa forme la plus avilissante, il sert d'étendard à des groupes islamistes tels qu’ISIS, Boko Haram ou Chebab qui kidnappent, violent, assassinent et emprisonnent sans aucun scrupule les femmes des pays où ils sévissent. En agissant ainsi, les Néozélandaises font preuve d’inconscience envers une extrême droite religieuse qui instrumentalise les femmes pour faire avancer un agenda politique totalitaire.
Qu’en est-il de la solidarité envers les femmes musulmanes qui se battent pour se libérer de l’oppression du voile ? Comment, dans un pays aussi égalitaire que la Nouvelle-Zélande, peut-on choisir d’exprimer sa compassion en revêtant un symbole de minorisation de la femme et de ségrégation sexuelle ? Le plus avilissant est que cette initiative émane des femmes, qui le portent à titre symbolique pour quelques heures mais qui, par leur geste, contribuent à légitimer des pratiques misogynes dont sont victimes des femmes qui le portent toute leur vie.
Rappelons quelques faits. Le voile islamique n’est pas une prescription coranique. Il a été imposé en Iran après la révolution islamique de 1979, et propagé dans les pays arabes vers la fin des années 1980 avec la montée en puissance de l’organisation des Frères musulmans d’Égypte, du Wahhabosalafisme saoudien, et grâce aux pétrodollars de la monarchie saoudienne et des pays du Golfe. Ce voile est associé à la mouvance de l’islam politique, et représente son moyen de prosélytisme et de marquage du territoire le plus efficace.
Nul besoin d’évoquer les exactions commises par les différentes factions islamistes à travers le monde, pour imposer leur vision d’un islam sclérosé et revanchard. Les Algériennes et Algériens qui ont vécu les atrocités d’une guerre menée par les islamistes contre les civils, et qui ont vu des femmes assassinées parce qu’elles refusaient de se voiler, manifestent en ce moment même dans les rues d’Algérie pour un changement démocratique de la gouvernance de leur pays mais également pour l'égalité, l'émancipation des femmes et l'abrogation du code de la famille inspiré de la charia.
Comment expliquer qu’au même moment, et à l’heure où en Iran l’avocate Nasrin Sotoudeh est condamnée à 38 ans de prison et 148 coups pour sa défense de femmes refusant de se voiler, des Néozélandaises participent à normaliser le voile islamique comme symbole de l'islam ?
Madame La Première Ministre, nous faisons appel à votre sens de la responsabilité pour faire cesser cette banalisation du voilement des femmes et des petites filles. Comme le dit notre compatriote Tarek Fatah, compatir avec les musulmans tombés sous les balles à Christchurch est un devoir absolu, qu’ils soient hommes ou femmes, voilées ou non voilées. Consentir à se transformer en publicité vivante pour ce symbole de l’islam politique relève d’une inconscience face à l’agenda des islamistes.
C’est en misant sur des valeurs universelles de liberté et d’égalité, au-delà de nos particularismes religieux et de nos convictions philosophiques, que l’on pourra tisser une solidarité entre les humains.
Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité (AQNAL)
Mohand Abdelli, ingénieur retraité
Nora Abdelli, ingénieure chimiste
Radhia Ben Amor, militante associative
Djemila Benhabib, politologue et écrivaine
Leila Bensalem, enseignante
Nawal Bouchareb, technicienne en organisation scolaire à la CSDM
Fares Chargui, docteur en medecine, resident en Psychiatrie
Ferid Chikhi, conseiller en emploi
Yasmina Chouakri, Consultante
Nadia El Mabrouk, professeure à l’Université de Montréal
Hassiba Idir, gestionnaire
Nacer Irid, ingénieur
Hassan Jamali, professeur retraité
Ali Kaidi, militant pour la laïcité
Karim Lassel, analyste organisationnel
Leila Lesbet, technicienne en éducation spécialisée
Nacera Zergane, conseillère financière


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Signataires sympathisant-e-s d'AQNAL
Michèle Sirois, anthropologue et membre fondatrice de PDFQuébec,
Nicole Vermette, féministe retraitée de l'enseignement.  

jeudi 21 mars 2019

La laîcité et l'Islam


Au moment où le monde et la Nouvelle Zélande n’ont pas eu le temps de faire le deuil des personnes lâchement assassinées en pleine prière à Christchurch, que les extrémismes s’aiguisent de plus en plus et qu’un autre acte terroriste est commis à Utrecht (Pays Bas), la réflexion qui suit fait partie de la série consacrées au rapport de la laïcité aux musulmans et à leurs islamistes, publiées par le Huffington Post Québec[1]. Il s’agit de quelques pistes examinées sous un angle singulier et pour une réflexion commune.

Il arrive souvent que des personnes, dont plusieurs sont qualifiées d’intellectuelles, énoncent sans se soucier de leurs conséquences, des sentences embarrassantes invitant à répondre à des questions dont les auteurs ne peuvent imaginer qu’elles appellent des réponses complexes. Juste à réfléchir à leur source dans un contexte international fortement perturbé des cinq dernières décennies exige d’aborder plusieurs facettes de la problématique avec des hypothèses qui se vérifient pour certaines et restent sans ouverture pour d’autres. Prenons pour point de départ celles qui proviennent du Golfe Arabe/Persique, région du monde qui connait des mutations profondes depuis fort longtemps. Émettons, par exemple, l’hypothèse que des organisations caritatives financées par les gouvernements commanditent à leur tour elles financent, au vu et au su de tous, la constitution de groupes de mercenaires islamistes qualifiés de ‘’djihadistes’’. Ces derniers sévissent partout dans le monde. Ils causent ainsi des tords irréparables aux populations agressées. Sur un tout autre plan, ces mêmes monarchies arabo-islamistes soudoient des organisations économiques et industrielles occidentales sous forme d’achat de produits et de service. Des alliances entre pays sont ainsi tissées alors qu’elles sont contre nature : l’Arabie Saoudite couche avec les USA et Israel ; son protéger, le Qatar avec la France et l’Iran peine à sortir du Khomeynisme mais se fait bien des amis en Europe.

Un nouveau monde et de nouveaux paradigmes

Seconde hypothèses validée depuis longtemps. Dans les espaces des puissances coloniales du siècle dernier des demandeurs d’asile humanitaire, des réfugiés, des immigrants, des migrants et même ‘’des refoulés qui reviennent’’ surfent sur la ligne de démarcation entre la fin des colonies et le début des indépendances. Ils forment de nouveaux groupes communautaristes, les uns plus dogmatiques que les autres. Des musulmans et surtout ceux natifs de ces pays, vivent des problèmes d’appartenance identitaires et exportent leur pseudo combat contre ‘’la colonialité’’. Mais tous sont mal préparés à s’adapter aux sociétés qui privilégient les libertés individuelles selon des règles bien établies pour organiser le vivre ensemble en toute intelligence. Ils sont poussés à ‘’se communautariser’’ et s’inspirent de l’Islam rigoriste, de faux Hadiths[2] ou de vrais mais sortis de leur contexte et en ils en usent pour nourrir les idées des individus vulnérables qui rêvent d’un monde islamique à jamais révolu. De nouveaux prédicateurs s’autoproclament leaders en chefs de ‘’LA’’ communauté musulmane et impactent l’organisation sociétale par leurs propos en déphasage total avec les aspirations des citoyens. Mais rien, absolument rien, dans leurs discours ne met en valeur les instruments du rapprochement que sont les changements technologiques, l’apport des sciences et des savoirs multiples et divers, les arts et la littérature, les sports et l’écologie. Parmi leurs thèmes de prédilection, la femme est au centre de leurs préoccupations et reste le sujet ‘’le plus abhorré’’ mais aussi le plus commenté, pour toujours la réduire à une ‘’chose’’, à une machine de reproduction.

La laicité et les islamistes 

Les islamistes le clament haut et fort la laicité n’est pas compatible avec l’Islam, ils la qualifient de ‘’Kufr’’, c’est à dire d’incroyance, de blasphème si ce n’est d’athéisme. Celui qui se dit laic est par conséquent athée. Tout athée est punissable de la peine capitale comme le sont tous les apostats. Heureusement, que tout à l'opposé de cette ligne extrémiste, un chercheur, islamologue et lucide, le défunt Malek Chebel a plaidé pour un « islam des Lumières[3] », notion qui donne son titre à un de ses derniers ouvrages. Comme pour instruire les intégristes de tous bords, il assène qu’‘’associer l'islam aux Lumières c’est abonder dans la relation déjà inscrite dans la dynamique amorcée au XIXe siècle et poursuivie par les nombreux réformistes qui ont voulu changer le visage de cette religion en s'appuyant sur le travail de la raison’’.

La laicité et les musulmans

Les musulmans ne forment pas un groupe monolithique ils sont organisés sur une matrice en segments placés les uns à côté des autres, indépendants mais aussi reliés par cinq[4] piliers auxquels tous adhèrent sans aucune divergences. Cependant, à l’intérieur de chaque silo les valeurs, les principes, les codes de vie, les pratiques et les références aux écoles de pensées jurisprudentielles, aux dogmes et aux identités locales sont à quelques éléments près différents par leurs contenus et leurs formes.

Dans le monde les laïcs musulmans sont nombreux. Ils vont dans le même sens que des penseurs Algériens, Tunisiens, Marocains et Égyptiens, parmi une pléiade d’autres penseurs musulmans, qui se sont penchés sur la problématique de cette compatibilité de la laïcité et de l’Islam. Au cours des décennies Mohamed Arkoun[5] et Malek Chebek[6] ont été les plus éclairants. Le premier a relevé que ‘’la laicité est une valeur à défendre y compris pour le monde musulman, sous réserve de la nécessité de prendre en compte les spécificités de cette culture et de son histoire. Cette défense de la laïcité, s'accompagne ainsi de la critique d'une certaine tradition historique, plus particulièrement la française. Si la laïcité peut s'exporter son histoire ne peut l’être. Il souligne que la conscience collective musulmane actuelle ne connaît pas cette rupture psychoculturelle, qu'on constate depuis au moins le 19ième siècle, dans l'Occident sécularisé’’. Bien entendu, Mohamed Arkoun a exprimé des réserves en précisant que ‘’Pour sauver le monde musulman de ses démons et le sortir de ses impasses, il est essentiel que l'islam accède à la modernité politique et culturelle’’.

La laicité au Québec

Au Québec, tant que l'État n’a pas pris position en faveur des valeurs fondamentales du pays, la question de la laicité a été, est et sera pour un long moment critiquée. Le gouvernement ne doit pas, par ses hésitations et des lectures à contrecourant de ce que la société attend de lui, impulser la fragilisation des assises démocratiques que tant de générations - y compris libérales - ont contribué à bâtir. S’opposer à la majorité des citoyens qui l’ont élu, c’est se positionner contre les libertés individuelles selon les règles préétablies et leurs effets sur la collectivité nationale.

Nous savons que chaque être humain est éprouvé en fonction du chemin de vie qui est le sien mais nous savons aussi que la laïcité n'est pas négociable. Au Québec, l'adoption d'une charte qui l’arrime à celle des droits et libertés est plus qu’une nécessité. Elle est une exigence d’une société moderne, progressiste et égalitaire tant pour ses citoyens que pour ceux dont les pratiques extrémistes ont une influence palpable sur le vivre ensemble.

Ferid Chikhi

[2] Dits et autres commentaires ou avis du Prophète
[3]https://books.google.ca/books/about/Manifeste_pour_un_islam_des_Lumières.html?id=g2oNmwEACAAJ&source=kp_cover&redir_esc=y
[4] La foi en un seul Dieu et Mohamed son dernier prophète, la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage.
[5] Mohammed Arkoun, Algérien, humaniste, laïque, militant actif du dialogue interreligieux, les peuples et les hommes. Il plaidait pour un islam repensé dans le monde contemporain.
[6] Malek Chebel, Algérien, anthropologue des religions. Fit ses études Algérie, puis en France. À Paris il approfondit la psychanalyse. Il enseigna dans de nombreuses universités à travers le monde. Il décède le 12 novembre 2016,

samedi 16 mars 2019

Assassinat de 49 musulmans en prière en Nouvelle Zélande

Christchurch, Nouvelle Zélande, 15 mars 2019
Message de condoléances des membres d'AQNAL aux Néozélandais.

Attristés et choqués par l’horrible attentat terroriste commis contre les fidèles des deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, nous, membres d’AQNAL, exprimons nos plus sincères sympathies aux familles et partageons le deuil des Néo-Zélandais.
Il est indéniable que l’islam est aujourd’hui entaché par la barbarie des groupes islamistes de toutes allégeances. C’est cette haine contre l’islamisme, assimilé à l’islam, qui a généré un extrémisme dirigé contre les musulmans. Les membres d’AQNAL déplorent cette escalade de la haine ainsi que les actes de violence insensés qui les suivent.
Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Nous espérons que leur mémoire ne sera pas entachée par une récupération politique, que nous avons observé lors de la tuerie de la mosquée de Québec, pour museler la liberté d’expression.
Soyons responsables et ne participons pas à attiser les rancœurs et à accroitre l’acrimonie envers les musulmans.
P/AQNAL
Ferid Chikhi
Nadia EL Mabrouk
Ali Kaidi
Leila Lesbet
Saliha Abdenbi
CC: Ambassade de la Nouvelle Zélande à Ottawa

mercredi 13 mars 2019


Religion - Humanisme - Laicité en Algérie

Présentation du livre de Sylvie Bergeron, le jeudi 21 mars, au Centre Humaniste, sur Cecilia Bergeron, une sœur blanche, humaniste et Québécoise qui a consacré 45 ans de sa vie à l'Algérie.


Notre ami Ferid Chikhi accompagne l'auteure dans la présentation de son livre autour des trois axes suivants : Religion - Humanisme - Laicité. Au-delà du cheminement de Cecilia Bergeron il sera question du vivre ensemble et de laicité dans un pays musulman.

''Les Humanistes séculiers ont la réputation de connaitre les religions mieux que les croyants eux-mêmes. C’est pour maintenir notre réputation que je vous invite à mieux connaitre des ressorts psychologiques qui étaient courants au Québec, il n’y a pas si longtemps, ceux qui font qu’une personne fait le don de sa vie active à une cause qui la dépasse''. 

Venez en parler, un beau débat en perspective.

Où :

Au Centre humaniste de Montréal,

1225 boulevard St-Joseph, Montréal

Quand : le jeudi 21 mars 2019 à 19h

Entrée : 10$ (membre AHQ 5$)

Prière de réserver à


http://assohum.org/…/conference-cecilia-bergeron-45-ans-en…/

vendredi 8 mars 2019

Des dossiers chauds pour un printemps radieux !


Immigration et laïcité au Québec

Ceux qui défendent les libertés individuelles contre les risques, les incertitudes
et les menaces qui pèsent sur elles savent qu’un pays est stable seulement
si tous vont dans la même direction.

Au Québec, en cette fin d'hiver et bientôt le début du printemps, se dessinent en toile de fond de chauds débats qui accaparent déjà aussi bien les gens des médias que les observateurs et autres analystes de la scène politique et socioculturelle, plusieurs groupes de militants toutes obédiences confondues. Deux thèmes majeurs parmi tant d'autres du programme du gouvernement Legault, l'immigration, la laïcité et leurs prolongements dans l'école, constituent des tests de passage à réussir afin d'éviter que les émotions prennent le dessus sur la raison.

Un modèle de sélection des immigrants à reformuler

Au Québec, depuis un peu plus d'une décennie, ont été observés des changements de fonds qui
 touchent particulièrement les relations entre la société d'accueil et des immigrants musulmans venus des pays arabo-musulmans, de quelques pays européens et particulièrement de France. Parmi ces derniers, beaucoup se réclament d'origines diverses et quelques-uns revendiquent leur appartenance à de nouvelles idéologies (colonialité et décolonialité, «indigénat», racialisation, islamisme, etc.) en questionnement, sans occulter des embrigadés «sélectionnés» selon des critères généraux et généreux qui leur permettent d'arriver en sol québécois, sans crainte d'être repérés.

Ils mettent de l'avant leur identité plus idéologique sous couvert religieux et exigent que des dispositions réglementaires leur soient accordées pour que leur liberté d'action soit préservée. Au même moment, au Canada, le fédéral est interpelé par les mercenaires de Daech qui veulent revenir au pays, à présent que leur mission s'est achevée avec fracas contre le mur de la bêtise humaine échafaudé par ceux qui les ont embrigadés.

Il n'est pas nécessaire de revenir sur la complexité du dossier de l'immigration sachant que le gouvernement Legault est arrivé avec des promesses électorales avec un seul paramètre, celui de la réduction à 40 000 sélectionnés au lieu de 50 000, et ce, malgré l'abondance d'emplois notamment en région. Mais très vite, il a provoqué une onde de choc en invitant 18 000 requérants, soit environ 50 000 personnes, à reformuler leurs demandes.

Le bon sens nous intime de demander comment une équipe constituée de gestionnaires avertis a pu s'engager dans un chemin aussi périlleux même s'il s'agit de l'héritage « vicié » de la gouvernance libérale ? Il y comme un non-sens qui ne s'explique pas, sauf par le fait que la gestion des ressources humaines a été « un détail » chez les agents du ministère. À l'évidence, malgré sa verve, le jeune ministre Simon Jolin-Barrette semble avoir « erré » devra naviguer à contre-courant pour s'en sortir.

La vraie laïcité dans la Charte

Le second dossier chaud, celui de la laïcité, s'annonce plein de rebondissements au vu des réactions qu'il suscite dans les rangs des groupuscules radicaux de gauche et leurs alliés conservateurs et islamistes, ainsi que des multiculturalistes enragés.
Au Québec, en cette fin d'hiver et bientôt le début du printemps, se dessinent en toile de fond de chauds débats qui accaparent déjà aussi bien les gens des médias que les observateurs et autres analystes de la scène politique et socioculturelle, plusieurs groupes de militants toutes obédiences confondues. 
Deux thèmes majeurs parmi tant d'autres du programme du gouvernement Legault, l'immigration, la laïcité et leurs prolongements dans l'école, constituent des tests de passage à réussir afin d'éviter que les émotions prennent le dessus sur la raison.

Un modèle de sélection des immigrants à reformuler

Au Québec, depuis un peu plus d'une décennie, ont été observés des changements de fonds qui touchent particulièrement les relations entre la société d'accueil et des immigrants musulmans venus des pays arabo-musulmans, de quelques pays européens et particulièrement de France.

Parmi ces derniers, beaucoup se réclament d'origines diverses et quelques-uns revendiquent leur appartenance à de nouvelles idéologies (colonialité et décolonialité, « indigénat », racialisation, islamisme, etc.) en questionnement, sans occulter des embrigadés « sélectionnés » selon des critères généraux et généreux qui leur permettent d'arriver en sol québécois, sans crainte d'être repérés.

Ils mettent de l'avant leur identité plus idéologique sous couvert religieux et exigent que des dispositions réglementaires leur soient accordées pour que leur liberté d'action soit préservée. Au même moment, au Canada, le fédéral est interpelé par les mercenaires de Daech qui veulent revenir au pays, à présent que leur mission s'est achevée avec fracas contre le mur de la bêtise humaine échafaudé par ceux qui les ont embrigadés.

Il n'est pas nécessaire de revenir sur la complexité du dossier de l'immigration sachant que le gouvernement Legault est arrivé avec des promesses électorales avec un seul paramètre, celui de la réduction à 40 000 sélectionnés au lieu de 50 000, et ce, malgré l'abondance d'emplois notamment en région. Mais très vite, il a provoqué une onde de choc en invitant 18 000 requérants, soit environ 50 000 personnes, à reformuler leurs demandes.

Le bon sens nous intime de demander comment une équipe constituée de gestionnaires avertis a pu s'engager dans un chemin aussi périlleux même s'il s'agit de l'héritage « vicié » de la gouvernance libérale ? Il y comme un non-sens qui ne s'explique pas, sauf par le fait que la gestion des ressources humaines a été « un détail » chez les agents du ministère. À l'évidence, malgré sa verve, le jeune ministre Simon Jolin-Barrette semble avoir « erré » devra naviguer à contre-courant pour s'en sortir.

La vraie laïcité dans la Charte

Le second dossier chaud, celui de la laïcité, s'annonce plein de rebondissements au vu des réactions qu'il suscite dans les rangs des groupuscules radicaux de gauche et leurs alliés conservateurs et islamistes, ainsi que des multiculturalistes enragés. Le simple fait de parler de ce sujet, et voici que des « ligues de propagandistes » s'insurgent. Quelques-uns de leurs nouveaux prophètes et de leurs courants, prétextant l'offense et la stigmatisation, lancent des attaques perfides associées à la victimisation. Leurs cibles privilégiées sont les nouveaux élus du gouvernement du Québec ainsi que les partisans de la laïcité. Toutefois, ils n'hésitent pas à accuser les Québécois et leur gouvernement d'être racistes, xénophobes, et, la cerise sur le sundae : ils les culpabilisent d'être des semeurs de troubles en configurant deux sociétés, l'une identitaire et l'autre.

Ils n'hésitent pas à rejeter le blâme qu'ils subissent et refusent que les futures lois qui réduiraient leurs libertés idéologico-religieuses soient adoptées.

En fait, au Québec, « ces ligues de propagandistes » s'insurgent contre la laïcité qui doit être l'énergie du contrat social en déployant l'égalité de tous les citoyens devant la loi, la solidarité entre individus et groupes sociaux sans que la religion soit mise de l'avant.

Ils sont pour une laïcité à sens unique et seulement portée par la neutralité de l'État.

Ils ne veulent pas comprendre que vouloir s'approprier la lutte contre les discriminations et le racisme est antinomique avec la laïcité, que s'accaparer de cette lutte en raison de leur origine, de la couleur de leur peau, de leur orientation sexuelle, de leur religion est en soi une discrimination envers des pans entiers de la société, sachant que cibler toute forme de discrimination à raison de l'identité de la personne est tout sauf inclusif.

La réforme de l'école

Dans le prolongement des deux dossiers mentionnés précédemment, celui de l'école avec le projet de
maternelle, la suppression du cours ECR, et, pourquoi pas, une refonte de l'administration pour la mettre au diapason des besoins du Québec, il existe quelques éléments qui pourraient faire réfléchir autrement. Par exemple, ceux qui considèrent qu'entre les jeunes, le bon vivre ensemble est probant, ils oublient que la désignation par la communauté d'origine n'aide pas du tout à l'inclusion dans une nation homogène. Ils refusent d'admettre que les libertés citoyennes ne sont viables que si leurs limites dans une société en mutation depuis fort longtemps ne sont pas assurées par un enseignement approprié.

Des garde-fous doivent être mis en place pour juguler les clivages
observés au sein des groupes ethniques et entre les communautés
de la métropole montréalaise et celles des régions.

Bien des signes de divergences sur les valeurs sociales sont visibles et palpables, surtout en raison d'un manque flagrant d'un enseignement de l'histoire du Québec à laquelle tout se rattache.

Une pédagogie pour une convergence citoyenne

Pour clore cette réflexion, le sens commun au Québec voudrait que le gouvernement de la CAQ maintienne et consolide sa position en faveur de la sauvegarde et de la consolidation de l'identité québécoise, des valeurs fondamentales du pays (partage, soutien aux plus vulnérables, accueil et ouverture d'esprit... égalité et équité) ainsi que de leur priorisation, de l'intégration des immigrants, etc. Il sait qu'une seule vraie laïcité inscrite dans la Charte des droits et des libertés évitera la fragilisation des assises démocratiques de la province que tant de générations - y compris libérales - ont contribué à bâtir.

Pour atteindre cet objectif, le seul moyen est d'assurer un travail pédagogique que les autres formations politiques n'ont pas su mettre en oeuvre.

Ce travail consiste à la formalisation d'une politique de convergence citoyenne pour un vivre ensemble et en bonne intelligence loin des chapelles religieuses, idéologiques et politiques. Ceux qui défendent les libertés individuelles contre les risques, les incertitudes et les menaces qui pèsent sur elles savent qu'un pays est stable seulement si tous vont dans la même direction et qu'ils sont mus par les mêmes sentiments de progrès, de développements individuel et collectif, loin des prédicateurs de mauvais aloi et leurs alliés circonstanciels.

Ferid R. Chikhi

vendredi 25 janvier 2019

La laicité fait elle peur aux gouvernants du Québec et du Canada ?

Quels objectifs pour la Révolution tranquille !? 
Dans une récente publication ‘’Le Québec, entre le sécularisme et la laïcité’’[1], j’avais écrit, entre autres, que : "Même si le multiculturalisme est fortement remis en question en Europe, celui du Canada n’est pas conciliable avec la laïcité, alors qu’il l’est avec le sécularisme. … La déconfessionnalisation a fait son cheminement, mais n'a pas atteint tous les objectifs assignés par la Révolution Tranquille, notamment la formalisation de la laicité. L’implantation de la laïcité a rencontré sur sa route une opposition sournoise des multiculturalistes pancanadiens (incluant tous leurs intégristes) et aujourd'hui celle des islamistes qui malgré leur ignorance de la réalité sociopolitique du Québec, ne sont pas favorables à la laïcité’’.

Dans le propos qui suit, je j’attire l’attention sur trois éléments qui, selon ma perception, constituent des obstacles sournois à la formalisation de la laïcité.

Le premier de ces éléments a trait au serment de citoyenneté Canadienne couplé au second qui concerne la contrainte de sujétion à la Reine d’Angleterre que prêtent les immigrants, et qui finit par influer inconsciemment sur leur état d’esprit. Ce qui, au Québec, en fait un handicap à leur intégration, entrave leur acceptation de l’identité et de la culture françaises et alimente les défiances envers les valeurs de la société d’accueil. Parallèlement à ce cadre de référence, le troisième élément est l’idéologie islamiste. Elle forme un front anti-laïcité avec les multiculturalistes Canadiens et la nouvelle gauche radicale fortement noyautée par des courants islamistes. 

Sujet ou citoyen ou citoyen et sujet ?

Pour étayer une partie de ce qui précède, j’ai réfléchi aux causes visibles qui nourrissent l’obstruction que rencontre la laïcité au Québec. Je me suis rappelé ma prestation de serment pour la citoyenneté Canadienne couplée à l’allégeance à la reine d’Angleterre.

À ce moment particulier de mon ‘’appropriation’’ de ma nouvelle citoyenneté, j’ai ressenti une violente agression morale contre les libertés pour lesquelles j’ai opté. Je me suis alors posé deux questions : en tant que musulman, comment pourrais-je accepter d’être sujet de la Reine d’Angleterre qui est gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre ?  Quelle posture devrais-je adopter dès le moment où sans en prendre la mesure, j’ai apostasié l'Islam par un serment de sujétion à la Reine d’Angleterre ?

Des amis, arrivés avant moi au Québec, m’ont suggéré de ne pas m’en offusquer. Quelques-uns m’ont conseillé d’oublier ce serment. J’avoue que je suis resté dans le doute pendant quelques mois avant de me libérer de cette problématique en la reléguant dans une case mémoire même si elle est toujours prégnante. Bien plus tard, ce questionnement m’amena à une troisième réflexion que j’aborderai succinctement un peu plus loin.

Je tiens à préciser que pour m’autoriser ce stockage en mémoire, j’ai fait un exercice de lecture. J’ai revisité, entre autres, le passage du Traité de l'Autorité Politique de Spinoza, où il écrit : « Les hommes ne naissent pas citoyens, mais le deviennent ». Je suis donc devenu citoyen d’un pays qui m’a offert de l’être, après cinq ans de pratique, d’adaptation, d’apprentissage. C’est ‘’un privilège’’, m’a-t-on dit, qu’il faut acquérir. J’ai aussi relu quelques passages du dictionnaire philosophique) d’André Comte-Sponville, qui définit le citoyen comme ‘’ le membre d’une Cité, en tant qu’il participe au pouvoir souverain (autrement il ne serait que sujet) et lui est soumis (sans quoi il serait roi). Il peut exister ...’’.  

Enfin, je me suis rappelé Jean Jacques Rousseau qui met en évidence le fait que ‘’ Le citoyen est un être éminemment politique qui exprime non pas son intérêt individuel mais l'intérêt général. Cet intérêt général ne se résume pas à la somme des volontés particulières mais le dépasse’’. L’intérêt général, personne n’en disconviendra, c’est bien dit et cela devrait réveiller quelques bien-pensants qui interviennent régulièrement dans le débat sur les deux thèmes essentiels qui monopolisent l’attention des citoyens. Le premier constitué autour des trois fondements identitaire, culturel et linguistique du Québec ; le second concerne l’Islamisation rampante des communautés musulmanes et des nouveaux convertis. Cela s’observe spécifiquement au Québec où nous assistons, avec le concours des multiculturalistes Canadiens, à une banalisation et à un dévoiement des fondements qui structurent ces deux thèmes tout en minant les acquis sociétaux de la Révolution Tranquille. Depuis plus d’une décennie le triptyque identité, culture, langue française connait un recul sans précédent, alors même que, concomitamment, le multiculturalisme et l’islamisme accroissent leur présence au sein de la société Québécoise. Bien entendu, pour compléter le portrait général, il faut considérer avec attention le ‘’grenouillage’’ des nouveaux gauchistes radicaux en perte de sens.

L'urgence d'un cadre législatif pour la laïcité

Avant de clore ce propos, je reviens à l’idée première à savoir les causes de la stagnation du processus menant à la formalisation de la laïcité. Il est vrai que le sécularisme offre une place privilégiée aux religions par leur intervention dans la vie des sujets tout en diluant leurs identités multiples sous les signes et symboles religieux et en reléguant au dernier rang leur citoyenneté. Omettant de signifier que les religions ne reconnaissent qu’une seule liberté individuelle, celle de se soumettre au verbe divin. Mieux encore Emile Durkheim, nous avertis : “ La religion n'est pas seulement un système d'idées, elle est avant tout un système de forces.” C’est dire que tout en optant pour la neutralité des institutions et non des employés du service public le sécularisme est favorable à l’expression de la visibilité de leurs convictions religieuses par le port de signes et autres symboles religieux. En revanche, pour d’autres, la laïcité est un produit clé en main, donc achevé et bien ancré dans leur esprit parce qu’il décline l’identité sous toute ses facettes, et notamment celles qui deviennent communes à toutes et à tous. Pour eux, il suffit de légiférer afin que le cadre de références mette sur le même piédestal les religions tout en les excluant de la gouvernance des affaires publiques et des citoyens.

Ce qui est vrai dans un État de droit. Néanmoins, une loi, quel que soit son champ d’application, exige souvent une longue préparation, une bonne compréhension et surtout un partage de ses principes. Dans le cas de la mise en œuvre de la laïcité, cela dure depuis une décennie.

Une grande majorité de Québécois ont décidé de faire confiance au gouvernement de François Legault. Dès lors, le processus législatif doit être accéléré pour remettre les pendules à l’heure, sans quoi, au nom du sacro-saint respect des minorités, le multiculturalisme aidant, les disparités, les spécificités, les singularités importées dans leurs bagages culturels et intellectuels, les agissements sociaux et politiques de bien des immigrants mettront à mal l’espace commun et public.

Ferid Chikhi 

[1]   (https://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/quebec-secularisme-laicite-religion-eglise-etat_a_23621765/) 18/12/2018

lundi 31 décembre 2018

2019 nouvel an de la Laicité !


En cette veille du nouvel an 2019

Les membres, les sympathisants ainsi que les amis d'AQNAL
vous souhaitent leurs meilleurs voeux de santé, 
de sérénité et de paix.

Fasse que l'année nouvelle soit celle de 
la consécration de la laicité au Québec.



Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particu...