samedi 23 janvier 2021

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme

Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. » 

Tout au contraire les positions et les emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler, d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent d’obtenir des chances de succès ?

Sa définition du racisme

La définition que Mme Manaï a du racisme est évidemment au cœur de la question. Rappelons que le racisme est fondé sur une idéologie sur la croyance qu’il existe une race supérieure.

Or, la religion n’est pas une race ! N’en déplaise au parti municipal au pouvoir et au conseil municipal qui a condamné à l’unanimité la Loi 21 sur la laïcité. À l’encontre des 65% des Montréalais qui favorisent l’interdiction des signes religieux pour les policiers et 58% pour les enseignants (Crop sur la RMR novembre 2018).

Mme Manaï a livré en 2019 un discours rempli d’amalgames où elle a inscrit dans la même logique l’adoption de la loi sur la laïcité, l’attentat de la Mosquée de Québec et celle de Christchurch (Nouvelle-Zélande). Elle a même indiqué que « le Québec est désormais une référence pour les suprémacistes extrémistes du monde entier ».

https://twitter.com/actionnationale/status/1350094050968350725?s=20

Estime-t-elle que la Loi 21 sur la laïcité est raciste ?

https://www.985fm.ca/audio/363510/bochra-manai-nommee-commissaire-a-la-lutte-au-racisme-de-montreal-elle-est-avec-nous

Cela semble être le cas puisque cinq fois, en entrevue au 98,5 FM avec Bernard Drainville, elle a refusé de se prononcer sur cette question. Qui ne dit mot consent !

Pense-t-elle donc que la forte majorité des Montréalais favorables à cette loi présentent des symptômes de racisme ? 

Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Louise Beaudoin sur QUB radio : 

 Les défenseurs de la laïcité bafoués

Désormais, la commissaire chargée de faire reculer le fléau raciste, ne devrait-elle pas se prévaloir de cette forte tradition historique québécoise favorable à la séparation des religions et de l’État ?

On sait qu’un bon nombre de Québécoises musulmanes ou nord-africaines ont soutenu le combat pour la laïcité, celles qu’elle accuse d’être des « laïcards ». Loin de se montrer respectueuse des divergences d’opinions au sein de la diversité québécoise, irresponsable, Mme Manaï, a nommément accusé ces femmes d’avoir précipité « les Québécois dans une chasse aux musulmans » https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/je-me-souviendrai-de-la-campagne_b_5101188.html faisant d’elles des cibles à abattre pour les islamistes, les réduisant à de « pseudo-intellectuelles assurément exotiques ». https://quebec.huffingtonpost.ca/rakia-fourati/je-me-souviendrai-et-le-quebec-se-souviendra_b_5134989.html?ncid=other_email_o63gt2jcad4&utm_campaign=share_email

La critique confondue avec la haine

Sa définition du racisme est également problématique et dépasse le simple mépris pour ses contradicteurs au sujet de la laïcité. Dans un texte sur l’islamophobie, elle explique clairement que toute critique de l’Islam est une forme de racisme contre les musulmans

https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/islamophobie-critique-des-religions-islam-musulmans_b_9292610.html

: « Les détracteurs du terme islamophobie évoquent l'idée qu'il est possible de « critiquer » l'islam, sans pour autant « détester » les musulmans. Or, cette hostilité qui s'exprime à l'encontre de l'islam comme religion semble directement liée au rejet des musulmans eux-mêmes. »

Elle souscrit donc à « toutes les définitions de l’islamophobie comme racisme. » Ne distinguant pas la lutte contre l’Islam radical, la critique de la religion et le racisme.

Avis donc à tous ceux qui osent dire que l’Islam, même modéré, est fondamentalement inégalitaire, - comme d’ailleurs le judaïsme ou le christianisme. Ils sont, au vu de la commissaire, des racistes.

La commissaire Manaï juge-t-elle avec moins d’ouverture d’esprit les Montréalais qui critiquent l’Islam radical ? Ou encore estime-t-elle que des Imams et Ayatollahs extrémistes qui endoctrinent ceux qui décapitent et tuent au nom du prophète ailleurs sont des victimes ?

Ne serait-ce que pour ces amalgames qui ne distinguent pas la lutte contre l’Islam radical et la critique de la religion, la mairesse de Montréal n’aurait jamais dû la nommer.

Les coupables sont-ils les démocrates ?

Dans un texte intitulé « le Quiproquo de la radicalisation »,

https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/le-quiproquo-de-la-radicalisation_b_6855668.html  elle qualifie de « vaste supercherie » l’idée que des imams radicalisés poussent au crime et au djihad des jeunes montréalais.

Il s’agit, écrit-elle d’une « pseudo-théorie de la radicalisation comme processus théologique » promue à son avis, par les services de renseignements occidentaux. On convient que le processus de radicalisation des djihadistes occidentaux est un phénomène complexe lié à plusieurs facteurs.

Cependant la négation obstinée de Mme Manaï du rôle joué par les réseaux islamistes violents, radicaux et financés par l’Iran, l’Arabie saoudite ou le Qatar, relève d’un dangereux aveuglement, d’un manque de discernement et de nuances.

Montréal a été épargnée, ces toutes dernières années, par le phénomène, mais l’Europe occidentale en constate les dégâts quotidiennement.

L’occident responsable du manque d’intégration ?

On pourrait penser que la nouvelle commissaire estime au moins que les assassins des caricaturistes et du personnel de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher à Paris ont répondu aux appels aux meurtres lancés par les imams et ayatollahs violents du Moyen-Orient, appels relayés par des prédicateurs djihadistes locaux. Pas du tout ! Dans un texte ahurissant

https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/les-desintegrees_b_6479836.html  consacré à cette tuerie, Mme Manaï porte la totalité du blâme sur la France et les écueils qu’ont connu ses politiques d’intégration. La nouvelle commissaire s’attriste même du fait que son analyse sur l’échec des valeurs républicaines françaises « échappe à ces millions de marcheurs » réunis dans la foulée de l’attentat pour défendre le droit à la liberté d’expression et réprouver la haine de la civilisation occidentale portée par les djihadistes.

Si le texte juge que la politique française envers sa population arabe et ses banlieues a créé des conditions de l’aliénation d’une partie de la jeunesse, on est surpris de ne pas y lire à tout le moins un mot sur la coresponsabilité des recruteurs islamistes.

Une nuance ici, la France qui nous a précédés sur ce chemin, a compris que pour vivre harmonieusement il faut séparer l’Islamisme de l’Islam.

Les forces maléfiques occidentales

Mme Manaï introduit bien dans son texte un élément géopolitique. Elle parle de « l'union des forces maléfiques » qu’elle décrit ainsi : « une solidarité inconditionnelle des États les plus meurtriers de l'Histoire ». Elle qualifie de « forces maléfiques » les pays occidentaux qui ont participé à des opérations militaires au Moyen-Orient. Elle ne parle ni de l’Iran, ni de l’Iraq, ni des talibans, ni de la Turquie, etc. https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/les-desintegrees_b_6479836.html  

Ne serait-ce que pour ce délire spirituel, la mairesse de Montréal aurait dû choisir un/e candidature avec un profil de rassemblement, de tolérance et surtout de pédagogie citoyenne.

L’idée que se fait Mme Manaï du racisme et des racistes, des Montréalais et des Québécois, est qu’ils portent en eux ce dangereux stigmate du racisme, qu’elle a pour mandat de les accompagner et de les redresser sur les chemins de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, c’est-à-dire sur le chemin de l’acceptation de l’Islam radical et contre cette dangereuse loi de la laïcité.

Faire, entre autres, cet amalgame entre race et religion revient à la négation totale de la liberté de conscience, une liberté des plus fondamentales qui est au cœur de la démarche laïque.

Comment peut-on lutter contre le racisme et contre la discrimination tout en bafouant complètement cette liberté fondamentale ?

Alors que la laïcité permet justement une neutralité viable pour TOUS les citoyens, quels que soient leurs convictions religieuses.

Signataires

Louise Beaudoin, ex-ministre des Relations internationales (Québec)

Agnès Maltais, ex-ministre de la Culture et des Communications (Québec)

Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la diversité culturelle à l’AssNat

Mohand Abdelli, P.Eng., ingénieur retraité, Montréal

Jawad Amerzouk, chercheur doctorant en sociologie des problèmes publics, et conseillers en développement des compétences. (UQAM)

Suzie Baillargeon, Enseignante retraitée pour enfants immigrants

Daniel Baril, vice-président du Mouvement laïque québécois (MLQ)

Frédéric Bastien, historien

Sylvie Bergeron, écrivaine

Étienne-Alexis Boucher, Société nationale de l'Estrie

Zahra Boukersi, enseignante

Ferid R. Chikhi, Conférencier & Formateur

François Côté, Avocat

Claude Kamal Codsi, président du Rassemblement pour la laïcité (RPL)

Francine Desjardins. Gestionnaire

Andrée Devault Professeur à la retraite

Amin Djema, Gestionnaire TI et vlogueur

Anne-Emmanuelle Lejeune, membre du CA, PDF-Québec

Nadia El-Mabrouk, membre du RPL

Marie-Claude Girard, membre du RPL

Louise Guilbault, membre de PDF.-Québec

Ensaf Haidar, militante et défenseure de la Laïcité (FRBL)

Hassan Jamali, écrivain et professeur à la retraite

Lucie Jobin, membre du RPL

Yves Laframboise, membre du RPL

Richard Lajoie, enseignant

Ghisline Larose, féministe

Mona Latif-Ghattas, écrivaine

Leila Lesbet, présidente PDF. Québec, CSF 2013-2018

Christine Levesque, Professeure et membre du CA de PDF.-Québec

Hélène Massé, enseignante

Léon Ouaknine, écrivain

David Rand, président, Libres penseurs athées (LPA)

Andréa Richard, membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)

Louis Robichaud, Artiste

Guillaume Rousseau, Avocat

Johanne St-Amour, féministe

Ferroudja Si Hadj Mohand, Membre Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL) féministe universaliste

Claire Simard, professeure-chercheure retraitée et Mbre CA de PDF-Québec

Khaled Sulaiman, journaliste et écrivain

Nicole Vermette, orthopédagogue retraitée, membre de PDF-Québec

Michel Virard, président, Association humaniste du Québec (AHQ)

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme | JDM (journaldemontreal.com)


vendredi 18 décembre 2020

Choc culturel et discrimination allégués se sont invités au procès contre la Loi 21

En 2019, Hadrien Mathoux du journal français Marianne soulignait l’alliance de trois piliers de la contestation de la Loi 21: celui des religieux, celui d’une certaine gauche radicale, celui des libéraux favorables au multiculturalisme. Le procès de la Loi 21 a pris fin mardi le 16 décembre et a confirmé cette alliance, révélant partis pris et préjugés dont l’analyse serrée devra se faire un jour.

«Clash » culturel et multiculturalisme
Lors de sa plaidoirie le 7 décembre, l’une des avocats de la Commission scolaire English-Montreal (MSB), Me Perri Ravon (qui n’a jamais salué le juge Marc-André Blanchard en français, bien qu’elle le parle parfaitement), a admis d’entrée de jeu que la Loi 21 s’inscrit dans le contexte historique et culturel du Québec, et est adapté à son histoire et à sa tradition juridique. Cependant le Québec ne peut pas imposer sa culture dans les écoles anglaises minoritaires.
Elle estime que la Loi 21 « réglemente » le cadre culturel de l'enseignement en
anglais et interfère avec les préoccupations culturelles de la communauté anglophone du Québec ». Il y aurait un clash entre la législation et la culture de la minorité anglophone. Cette assertion n’est pas sans rappeler la thèse du fameux choc (clash) des civilisations prédit par Samuel Huntington dans un article publié dans Foreign Affairs en 1993 et un livre sur la question. Selon Me. Ravon, les écoles anglaises auraient un « mode de vie » (a way of life) spécifique. Ainsi, dans le quartier Côte St-Luc de Montréal, enseignants et enseignantes portent le voile ou les signes du judaïsme orthodoxe et célèbrent les fêtes et les congés religieux. Une politique multiculturelle et multiraciale encourage la diversité, alors que la Loi 21 envoie un message d’intolérance, incite à des frictions, ne défend pas les modèles de rôle associés à la présence de la diversité pour les enfants. L’article 23 de la Charte canadienne qui concerne les droits à l’instruction dans la langue de la minorité doit être interprété, a-t-elle soutenu, « d'une manière compatible avec la préservation et la mise en valeur du patrimoine multiculturel du Canada », soit avec l’article 27 de la Charte : « Toute interprétation de la présente charte doit concorder avec l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens ». Me Ravon cite le philosophe Jocelyn Maclure (expert au procès pour les parties contestataires de la Loi 21), selon qui les accommodements dans le système anglophone sont une pratique « naturelle ». Un fait de nature, d’essence pourrait-on dire. Or, langue et culture ne sont pas des synonymes et la minorité anglophone, soulignons-le, inclut des citoyens de diverses origines et de diverses cultures, pas nécessairement partagées…
Partis pris et préjugés
Ce type de raisonnement, intenable sur le plan sociologique, reposerait-il sur la prémisse de la supériorité de la minorité anglophone? Ou s’agit-il plutôt d’un choc politique plutôt que culturel, lequel choc s’inscrit dans la tension historique entre le multiculturalisme canadien rejeté par tous les gouvernements du Québec et le modèle de l’interculturalisme québécois que ne semblent pas reconnaître comme légitime les parties contestataires de la Loi 21?
L’idée de supériorité institutionnelle et culturelle de la minorité anglophone est d’autant plus offensante qu’elle masque le riche acquis des politiques publiques du Québec: programmes d’accès à l’égalité en emploi, dialogue et éducation interculturels dans le monde de l’éducation ont été mis en œuvre depuis des décennies, comme en témoignent les nombreux spécialistes en la matière et observateurs étrangers (députés, chercheurs, postdoctorants) venus au Québec expressément pour s’en informer.
En lisant certains rapports d’experts et en entendant leur argumentation sur team, j’ai ressenti la désagréable impression que la majorité francophone, qualifiée de « blanche » (ciblant au fond les ex. Canadiens français), porte en elle une tendance inhérente au repli sur soi et à la discrimination. Ainsi, selon le psychologue Richard Bourhis (autre expert au procès pour les parties contestataires de la Loi 21), dont le rapport se base sur une méthodologie hautement problématique voire invalide, ce qui serait en cause, c’est l’opposition des catégories « Eux/Nous », soit les minoritaires victimes de discrimination, d’un côté, et la « majorité nationale québécoise francophone », oppressive, de l’autre côté. Sa thèse est la suivante: La Loi 21 « interdit le port des signes religieux à certaines catégories de personnes dans les institutions de l’État québécois. Entre autres, ces dispositions de la Loi sur la laïcité de l’État ont pour but avoué, à long terme, d’exclure par l’usure toutes les minorités religieuses portant des signes religieux du système scolaire du Québec », ce qui leur causera des torts psychologiques certains, sans compter d’autres dommages médicaux et sociaux qu’il a énumérés lors de son intervention. La « minorité brune » des musulmans (une catégorisation inacceptable) serait opprimée par le groupe majoritaire.
À noter, ces propos ont été bien reçus par le juge Marc André Blanchard, un juge très conciliant à son égard, et qui, par ailleurs, a posé la question suivante plus d’une fois aux experts du gouvernement du Québec: «Si un enseignant était « noir », refuserait-on de l’embaucher?», établissant ainsi un lien saugrenu entre un attribut biologique et un attribut religieux que l’on choisit, en plus d’être hors d’ordre puisqu’il ne s’agit pas d’embauche, mais de devoir de réserve du personnel enseignant durant les heures de travail.
Décolonialité et racisme systémique en toile de fond
Témoins et experts de la partie contestataire de la Loi se sont concentrés essentiellement sur la question des musulmanes voilées. Or, si ces femmes ont invoqué des motifs individuels
de modestie et de convictions profondes lors du procès, on ne doit pas nier l’appui qu’elles reçoivent du mouvement décolonial et des spécialistes de la nouvelle doxa de la « blanchité », dont le discours sur le racisme systémique se situe à des années-lumière du multiculturalisme, de l’interculturalisme et de la citoyenneté partagée. La décolonialité, en particulier, se consacre à l’analyse des hiérarchies et des dispositifs de domination et d’exploitation à l’échelle mondiale, produits par les administrations coloniales et dont les effets (racistes, sexistes, etc.) systémiques persistent dans les sociétés contemporaines. Cette thèse que j’estime très importante (tout comme celle des études postcoloniales, et que j’ai enseignée à l’Université), en particulier pour l’analyse de la question autochtone, est utilisée parfois à mauvais escient quant à la question nationale québécoise, avec un agenda politique caché que je ne partage pas, du moins en ce qui concerne la Loi 21. Et ce discours radical, parfois irresponsable, se devine en filigrane sous l’intervention affichée des contestataires de la Loi 21.
L’ironie veut que le grand absent dans cette affaire soit l’analyse et la prise en compte de l’alliance des courants religieux intégristes internationaux, de l’islam politique pour ne pas le nommer, et de leur véritable agenda. Un enjeu politique que ne peut laisser échapper la société québécoise.
Un jour les minutes transcrites du procès illustreront mot à mot les arguments entendus. Des étudiants de doctorat pourront
en faire l’objet de leur thèse et sans doute démontrer et conclure que le champ juridique et le champ scientifique sont des champs de lutte pour l’autorité, comme aimait le rappeler le sociologue Pierre Bourdieu.
Micheline Labelle, Ph.D
Professeure émérite de sociologie, 
Université du Québec à Montréal

jeudi 19 novembre 2020

Le Coran est leur constitution & la Charia leur Charte !

Deux fléaux en ce début de décennie

Depuis le début de l’année 2020, le monde fait face à deux évènements majeurs porteurs d’incertitudes les unes plus à risque que les autres : le plus répandu, le Covid19 et l’attente du vaccin pour le réduire ; le second reste malheureusement l’islamisme et son djihadisme multiforme poursuivant leur expansion par la violence et l’intimidation contre tous ceux qui s’opposent à eux par la pensée, les idées progressistes et la plume. 

2020, la décennie des incertitudes et de la censure

Des contingences, il en existe un grand nombre mais un des défis majeurs auxquels est confronté le monde beaucoup plus que les pays arabo-musulmans est celui de l’incrustation du fléau islamiste et la revendication d’une hégémonie qu’il ne peut imprimer qu’avec l’intimidation et la terreur. Face à ce fléau il n’y a que des libres penseurs, des laïcs, des intellectuels, des femmes progressistes luttent depuis quatre décennies en alertant, en écrivant, en parlant et en dénonçant ses actions suicidaires, victimaires et culpabilisantes. Ils le font pour la consolidation des libertés d’expression, de la laicité et du vivre ensemble en bonne intelligence. Alors, une question persiste et elle se résume comme suit : Comment lutter contre un ennemi de la citoyenneté ?

Dans les pays arabo-musulmans, avec le silence complice de leurs États totalitaires, l’islamisme ne tue pas autant que par le passé récent, il intimide et il a appris à le faire en assignant en justice (Djihad Juridique) tous ceux qui sont contre lui. Il défend ses ‘’valeurs’’ régressives en s’assurant du soutien d’associations aveuglées par la haine de l’autre et dont les membres sont à la recherche d’un sentiment d’appartenance perdu à jamais. Pourtant, il est clair qu’une seule stratégie pourrait être porteuse de tranquillité. Il s’agit de la cautérisation des racines du mal par une unité d’action contre les États et les bailleurs de fonds qui financent directement ou indirectement les groupes ou les individus Kamikazes. 

Gouvernance et État de droit

Nous savons qu’un État de droit, n’est pas seulement une administration de lois, c’est une gouvernance fondée sur une législation qui préserve les libertés citoyennes et invite chacun à vivre librement tout en respectant ses concitoyens. C’est ce qu’a fait le gouvernement du Québec en adoptant la loi 21 relative à la laïcité de l’état. 

Ce qui veut dire que l’État est tenu de veiller à la pérennité des lois qu’il adopte au nom des citoyens, même si ces lois sont rejetées par ces minorités qui n’en veulent pas semble-t-il parce que les leurs sont meilleures. Malheureusement, ces attaques contre la législation du pays d’accueil émanent toujours de personnes qui déclarent sans hésitation que le Coran est leur charte et que la Charia est leur constitution, et mieux encore, ils ne sont pas tenus de les respecter.

Les menaces répétées contre les sociétés démocratiques

Au Québec, la grande majorité des citoyens est exaspérée par ces attaques indélicates et toujours haineuses mettant de l’avant l’offensive redondante de ces personnes poussées à hurler leur victimisation et à culpabiliser toute la société d’accueil.  Pourtant, leurs prestations médiatisées montrent l’indigence de leurs propos et la faiblesse de leurs arguments. Tout ceci pour dire que ce sont des évènements sans fondements qu’ils mettent de l’avant. 

En France, la décapitation d’un enseignant à proximité de son école, cœur du savoir et des sciences de la république, interpelle tous les laïcs et montre que le pays des Lumières est tétanisé par sa proximité avec les monarchies du Golfe.  L’assassinat de Samuel Paty qui expliquait à ses élèves l’ouverture d’esprit que chacun doit avoir ; qui les aidait à développer à l’endroit de tous ce qu’est l’esprit critique ; qui leur parlait des apprentissages multiples du génie humain et surtout leur montrait comment cheminer sur la voie de l’Ijtihad -  l’effort personnel de voir les choses de la vie autrement - sa décapitation n’était pas seulement un acte terroriste c’est aussi la livraison d’un message à la République Française et à ses alliés qu’en dehors des principes, des règles et des ‘’valeurs’’ enseignés dans le cadre nébuleux de l’Islamisme il n’y a point d’enseignement ni de recherche du savoir. Faut-il en arriver à subir de tels actes au Québec pour se réveiller ?

Il faut convenir que c’est la perversion de l’Islam par le Wahhabosalafisme, le Khomeynisme et la fraternité islamiste qui ont fait ressurgir des préceptes d'un autre âge, sans quoi, il ne reste qu'à nier la mémoire des aïeux qui ont été pour la grande majorité de pieux musulmans, pacifiques et sereins. Ils n’avaient en tête que les cinq piliers (la foi en dieu, la prière, le jeun, l’aumône et le pèlerinage pour qui le peut), les belles célébrations ou commémorations ou encore les pratiques rituelles qui font la tradition musulmane partout dans le monde. 

Réfractaires aux lois des pays d’accueil ...

Ces idéologies islamistes (l’Ayatollahisme et le Wahhabisme, ainsi que leur succédané, la Fraternité islamiste) veulent imposer leurs lois et leurs valeurs islamistes sans partage. Deux visions, deux conceptions se font face : celle du contre et celle du pour. Du côté des contres, les concepts qui reviennent le plus souvent sont : racisme, xénophobie, exclusion, islamophobie, stigmatisation, congédiement, chômage, départ, précarité, et … LIBERTE, etc.  Du côté des pour : il est question d’adaptation, d’intégration, de tolérance, de vivre ensemble, de respect mutuel, de solidarité, de partage, etc. des valeurs que tous les peuples de progrès partagent en bonne intelligence. Partout où l’islamisme sévit les intérêts des uns et des autres configurent la confrontation entre la régression et le progrès.  Les uns s’indignent que les sociétés d’accueil leur imposent leur mode de vie. Ils le refusent, ‘’s’ostracisent’’ et rentrent dans une bulle qu’ils fortifient en se référant à des principes soi-disant religieux alors qu’ils sont plus idéologiques. Apparaissent alors les contours de la suprématie idéologique qui se fonde sur la religion à des fins politiques. L’exemple est remarquable lorsque les plaintes de certains sont entendues au cours des auditions devant la Cour supérieure du Québec, contre la loi 21 portant laïcité de l’État Québécois. 

C’est réellement la déclinaison d’un projet de société qui prêche la confusion théologique contre la cohésion sociale. Cela reflète des enjeux qui prônent l’implantation d’une législation d’exceptions celle d’un statut personnel incompatible avec le préexistant et par conséquent menaçant l’édifice législatif par l’enchâssement de fondements légaux arbitraires ayant une portée régressive et obscurantiste.

Ferid R. Chikhi

https://www.convergencesplurielles.com/2020/11/un-numide-en-amerique-du-nord-341.html 

lundi 8 juin 2020

La laïcité, garantie d’un État moderne


“La loi de séparation, c’est la marche délibérée de l’esprit vers la pleine lumière, la pleine science et l’entière raison.”

Jean Jaurès

Un certain nombre de mes lecteurs s’étonnent toujours que je puisse encore parler de cette abjection qui s’appelle l’islamisme. Ils me lisent et me disent que je ne tape pas beaucoup sur le régime qui suce le sang des Algériens mais que j’ai le temps d’écrire sur la décennie noire qui est, elle, derrière nous.
Comment avoir seulement le pouvoir algérien en point de mire alors que les intégristes guettent toujours au coin de la rue la moindre faiblesse de ceux qui sont supposés être là pour les contrer ?
Ajoutons à cela que je n’ai pas cessé de mettre en doute la légitimité des pouvoirs qui se sont succédé depuis Ben Bella jusqu’à celui qui occupe sa place actuellement et qui a surfé sur des élections tellement truquées que les urnes se sont rebellées. 
La décennie noire ne peut être mise sous un tapis par la simple magie d’un coup de balai
Ce qui s’est passé dans les années 90, et que l’on a appelé la décennie noire, celle qui a vu fuir toute l’intelligence et les capacités de ces beaux cerveaux volumineux qui ont déserté l’Algérie pour des horizons plus lumineux, ne peut être mis sous un tapis par la simple magie d’un coup de balai. 
Les dizaines de milliers de suppliciés qui ont été torturés et violés avant d’être égorgés ont le droit de se reposer en paix après que leurs bourreaux aient été jugés par des tribunaux compétents et indépendants des pouvoirs politiques.
Les proches des citoyens assassinés doivent percevoir un dédommagement exemplaire tant au niveau du jugement que sur celui de la compensation pécuniaire.
Une des plus grandes tragédies planétaires de cette fin de siècle
200 000 victimes, ce n’est pas rien ! C’est même l’une des plus grandes tragédies planétaires de cette fin de siècle. Et c’est le régime de Bouteflika, le cadavre ambulant qui a tellement méprisé l’Algérie, qui a concocté une loi scélérate qui a permis aux assassins d’être libérés pour ceux qui avaient été arrêtés et ne pas être inquiétés du tout pour ceux qui étaient encore dans la nature.
Comment les innombrables familles des suppliciés pourraient-elles passer à autre chose et faire le deuil de leurs parents égorgés, poignardés, décapités, fusillés à bout portant ?
Aux lecteurs qui m’écrivent et qui me questionnent sur le fait que je communique « trop » sur l’islamisme et que je me « sansalise » petit à petit, je dis deux choses. Tout d’abord que Boualem Sansal, par sa plume et par ses nombreuses conférences, est une « bénédiction » pour les militants anti-islamistes. Et qu’il convient de le saluer comme il convient.
Ensuite, encore une fois, parce que ce que l’Algérie a enduré pendant des années, n’a rien à voir avec une quelconque génération spontanée.
Ces islamistes ne sont pas nés de nulle part. Ils ont été les agents zélés des impérialistes saoudiens et les propagateurs d’un fascisme jamais vécu dans ce pays avant que les barbus salafisés, poignards entre les dents, ne se dispersent dans les vallées et les montagnes algériennes, semant la haine et la mort.
Nul besoin de revenir sur ces jeunes femmes kidnappées qui ont servi, dans les grottes, d’esclaves sexuelles sous couvert du « zawādj al-mut‘a », ces mariages de jouissance. Elles ont été relâchées quelques mois plus tard avec un enfant non désiré dans le ventre.
Nul besoin d’essayer d’imaginer ces bébés que l’on met dans des fours à micro-ondes pour les faire rôtir, ces femmes enceintes qui se font ouvrir les entrailles pour retirer l’embryon et le jeter contre les murs. 
Faut-il se rappeler de ces merveilleux sourires d’Amel Zenoune Zouani et Katia Bengana, ces jeunes femmes libres, dignes des héroïnes mythiques les plus connues, qui ont été égorgées parce qu’elles se refusaient de se plier aux dictats des islamistes et d’emprisonner leurs cheveux dans des serpillières ?
Faut-il mettre sur la table le nombre de policiers qui rentraient chez eux le soir après le service, la peur au ventre et l’uniforme bien caché dans un couffin, et dont on a retrouvé la tête sur un muret ?
Ces appelés du service national lynchés par les monstres parce qu’ils les considéraient comme étant au service des taghouts ?
Cet exode sans équivalent des jeunes gens et des jeunes filles qui faisaient office de médecins, ingénieurs, professeurs d’université, chercheurs, journalistes, artistes, l’âme vivante d’un pays qui en avait bien besoin ?
Comment me replier sur moi-même et ne plus parler encore et encore de mes amis Youcef Sebti qui a eu la gorge tranchée et Tahar Djaout qui a reçu deux balles dans la tête alors qu’il quittait son domicile ?
Mettre un couvercle sur ce territoire de la douleur, c’est oublier définitivement cette ignoble infamie
Comment ne pas remettre sur le métier toutes ces abjections innommables qui ont fait de l’Algérie un vaste cimetière qui enterrait chaque jour son lot de suppliciés ? En un mot comme en cent, il nous est impossible de quitter ce territoire de la douleur parce que mettre un couvercle dessus, c’est oublier définitivement cette ignoble infamie.
Il faut ajouter à la souffrance des familles, le fait qu’elles n’arriveront jamais à faire le deuil de leurs proches qui ont été sauvagement assassinés. Tout simplement parce que les violeurs de leurs filles et les égorgeurs de leurs frères n’ont jamais comparu devant leurs juges pour rendre compte de leurs forfaits.
Pire ! L’État algérien, par la décision inique prise par Bouteflika et son clan, non seulement a pardonné aux criminels, mais les a insérés dans la société civile comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé.
Face à une telle forfaiture, une seule exigence : la justice. Et rien que la justice. Pleine. Entière. Et définitive. Tant que les terroristes n’auront pas payé ce qu’ils ont fait comme mal à tout un peuple, nous ne pouvons pas entrevoir la moindre lueur d’espoir à l’horizon.
Il n’y a aucune revanche à prendre et il n’est pas question de ressentiment. Il est naturel que les victimes réclament justice et il est tout aussi naturel que les coupables puissent régler leurs dettes. C’est le minimum que l’on puisse exiger d’un État quel qu’il soit.
Autre chose d’aussi important : les marches du Hirak ont démontré la maturité du peuple algérien qui mérite que les instances internationales reconnaissent la plénitude de ses revendications pacifiques. Et pourquoi pas, soyons fous, le prix Nobel de la paix.
Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde, écrivait Brecht
Mais si le pays a retrouvé une certaine accalmie et un certain apaisement, il faut reconnaître que tout n’est pas réglé pour autant dans ce domaine. Comme en d’autres.
C’est Bertolt Brecht qui a trouvé la meilleure formule pour ce genre de situations : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde.» Nous sommes arrivés à mettre à terre cette bête ignoble mais nous n’avons pas détruit le moule d’où elle est sortie. La preuve nous a été donnée récemment par le retour sur scène d’Ali Benhadj avec ses discours haineux.
Voilà pourquoi, comme un lycaon qui ne lâche pas son os, je n’arriverai jamais à accepter cette arnaque et cette friponnerie qui a permis à un pouvoir illégitime de décréter l’amnistie sans jugement de milliers d’assassins par le truchement de cet acte de piraterie de haute voltige que l’on a appelé pompeusement « Concorde civile ».
Il convient absolument d’instaurer en Algérie la laïcité, garantie d’un État moderne et d’un peuple adulte
La synthèse m’intime l’ordre d’en venir à ceci : pour ne plus revivre les années sanglantes de la décennie noire, il convient absolument d’instaurer la laïcité en Algérie. Que chacun vive sa religion ou son absence de religion en son for intérieur.
Il est plus qu’urgent que les valeurs universalistes issues des Lumières puissent constituer le socle sur lequel ce pays doit poursuivre sa route qui est longue et tortueuse.
L’égalité entre les femmes et les hommes dans l’héritage n’est pas une hérésie occidentale, il s’agit d’une justice à rendre à nos mères, à nos sœurs, à nos femmes et à nos filles qui n’ont jamais démérité. Le fait de ne pas se marier sous l’autorité d’un imam n’a rien d’infamant et ne constitue pas une défiance envers qui que ce soit.
Exiger que l’on construise, avec les deniers de toute la population, un hôpital ou une école, au lieu de ces milliers de mosquées qui essaiment dans tout le paysage, ne peut pas être pris comme un acte de guerre contre les croyants. En un mot comme en mille, il convient de mettre un terme au prosélytisme et de dire que la laïcité est la garantie d’un État moderne et d’un peuple adulte.   
Kamel Bencheikh
Chroniqueur au Matin d’Algérie, est l’auteur de
Prélude à l’espoir.
Le Matin d’Algérie. 19 mai 2020.

vendredi 10 avril 2020

Loi 21, portant laïcité de l’État Québécois, une belle victoire pour les laïcs

Comme bien des citoyens, vivant au Québec et malgré la distanciation sociale imposée par le Covid19, j’ai appris la nouvelle selon laquelle la loi 21 portant laïcité de l’état Québécois a encore de beaux jours devant elle. Je me souviens que ses opposants ont été confrontés à deux précédents revers. En effet, la Cour supérieure du Québec et la Cour d’appel avaient toutes deux rejeté cette demande de suspension temporaire. À cela s’ajoute qu’afin d’éviter une contestation de la loi par ceux qui feraient valoir qu’elle est contraire à la Charte des droits et libertés, le législateur québécois avait invoqué la clause dérogatoire - souvent appelée clause nonobstant. Imaginons, juste un instant que le Québec est indépendant ?
La décision de la cour suprême du Canada est donc, le troisième revers que connaissent les quelques opposants, toujours les mêmes, (Association canadienne des libertés civiles et Conseil national des musulmans canadiens). Il faut noter que ces associations ne sont même pas domiciliées au Québec mais en Ontario. En apprenant la nouvelle, lesdits opposants soutiennent qu’ils voulaient que l’article qui interdit le port de signes religieux par les agents de la fonction publique offrant des services au public soit invalidé. La Cour suprême a tout simplement décidé de ne pas entendre leur demande. Cette demande n’aurait pas eu cours si le Québec était indépendant.
Ce jeudi 09 avril 2020, la nouvelle est tombée comme un couperet. Elle intime à ces islamistes, que cette décision comme les précédentes et les prochaines, marque les limites de leur rejet des valeurs sociétales du Québec. Même s’ils soutiennent que leur activisme ne visait qu’à minimiser les dégâts en attendant la suite des procédures sur le fonds, leur déception n’était pas feinte. Dans un Québec indépendant, ils n’auraient jamais osé aller contre une loi votée et adoptée par les représentants de la majorité des citoyens du Québec. En fait, ce sont les défenseurs de la laïcité ainsi que le gouvernement du Québec qui se réjouissent de cette nouvelle victoire.
Rappelons que la Loi 21 sur la laïcité de l’État du Québec a été adoptée en juin 2019 par l’Assemblée nationale. Elle régule, entre autres, mais pas seulement, la représentation pour ne pas dire l’image de tous les agents des services publics - juges, policiers, sapeurs-pompiers, enseignants du réseau public - dans l’exercice de leurs fonctions et loin de toute visibilité des signes religieux des uns et des autres. En apprenant la nouvelle, la ministre de la Justice du Québec a émis un communiqué par lequel elle a souligné que : “Le gouvernement du Québec est satisfait de la décision rendue par le plus haut tribunal au Canada en faveur du maintien de la Loi sur la laïcité de l’État adoptée par l’Assemblée nationale. Nous continuerons à défendre le bien-fondé et la constitutionnalité de la Loi, comme nous l’avons toujours fait”.
Et pour cause, il est clair qu’il peut s’écouler plusieurs années avant que la confirmation de cette loi au niveau institutionnelle soit définitive. J’anticipe qu’elle est là pour durer malgré l’activisme des quelques nervis islamistes qui parlent de droits qui n’ont rien à voir avec ceux du Québec et agissent pour empêcher la majorité des Québécois de vivre selon leurs droits adoptés par leur assemblée nationale et les élus du peuple. Cependant, imaginons un instant que le Québec fasse son indépendance ?

dimanche 20 octobre 2019

LAICITÉ : L'APPEL DE LIÈGE


12 octobre 2019, à Liège,

À l’issue de trois jours de réflexion menés à l’occasion du 50e anniversaire du Centre d’Action Laïque belge, un appel, auquel a souscrit dans son intervention à Liège l’ancien Président de la République française François Hollande, est lancé aux défenseurs des droits fondamentaux pour promouvoir la Laïcité comme un principe universel, garant des libertés individuelles et d’une coexistence pacifique des opinions philosophiques et convictions religieuses.

Dans un monde devenu village planétaire, nos sociétés font face à des défis socio-économiques inédits au rang desquels dominent les enjeux migratoires, climatiques et numériques.

Par ailleurs, des progrès notamment éthiques tenus pour acquis sont remis en cause par des courants politiques extrémistes ou dogmatiques religieux qui agissent d’une façon de plus en plus décomplexée. En Europe et dans le monde, les droits fondamentaux, produits de petites victoires ou de grandes révolutions, demeurent fragiles.

Cette conjonction nous oblige à une vigilance constante.

La Laïcité se fonde sur le principe d’impartialité des pouvoirs publics et assure à toutes et tous l’exercice des droits et libertés indépendamment de l’origine, des convictions, croyances ou toute autre distinction. Ce principe fondateur de la démocratie, élément essentiel d’une coexistence pacifique, a vocation à trouver, partout dans le monde, une place au cœur des valeurs fondamentales.

Elle est indissociable des libertés pour soi-même et autrui. Elle assure un cadre commun qui permet à chacune et chacun d’exercer un libre examen et de se décider en toute autonomie.

La Laïcité lutte contre les discriminations, pour l’égalité et la mise en œuvre de politiques solidaires qui assurent la cohésion sociale et l’émancipation des citoyens par l’accès aux savoirs.

Fruit d’une révolution des mentalités qui prit naissance au 18e siècle, la Laïcité comme principe d’organisation de l‘État se révèle indispensable au développement d’un système politique démocratique. Garant des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, l’État laïque protège celle de croire, ne pas croire ou changer de conviction.

Elle postule l’articulation du lien social en dehors de tout déterminisme et le pouvoir des êtres humains à se diriger eux-mêmes.

Parce que le principe de Laïcité instaure et protège les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité,

Parce qu’il permet la coexistence paisible des opinions et conceptions philosophiques ou religieuses,

Parce que la Laïcité n’est pas une option ou une opinion parmi d'autres, mais bien la condition qui rend possible la vie en commun dans le respect de toutes et tous et qu’elle fournit une réponse de portée universelle indépendante de tous les particularismes, les signataires en appellent solennellement à considérer la Laïcité comme une exigence démocratique essentielle.

Ils invitent les autorités publiques de tous les continents à affirmer leur adhésion à son principe et à défendre son inscription dans les Constitutions nationales et les traités internationaux.

Le monde de demain appartiendra à la jeunesse d’aujourd’hui. Protégeons les conquêtes du passé et promettons-lui un avenir.
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Signez, ici,
http://www.50ans.laicite.be/?fbclid=IwAR2LOh385Gkb7dWKNvmuY9q9vvyMGH3Wyu8FOgHGT2RTWsyf1VWFexO8sDY

lundi 30 septembre 2019

Le courage vu d'ici et d'ailleurs

On ne quitte jamais définitivement son pays et son passé quand bien même, sous d’autres cieux choisis, on a espoir d’une vie plus sereine dans une société magnanime, ce qui s’est avéré en vivant
au Québec. Loin de ce qui fut mon chez moi, j’ai pour habitude de partager tout article traitant des droits des femmes avec mes amies restées en Algérie. C’est notre façon de continuer notre militantisme commun. Je n’oserai jamais comparer leur engagement militant en Algérie, même si le terrorisme a disparu, à mon militantisme ici au Québec et surtout au Canada.
C’est ainsi que je leur fis parvenir l'article sur les Raptors de Toronto qui nous informait que ceux-ci lançaient avec Nike un hijab à leur effigie et faisaient l’apologie de l’équipe féminine de basketball, les ‘’Hijabi Ballers’’. La lecture du contenu leur a semblé ahurissant du fait qu’il présentait le voile comme un vêtement avant-gardiste, alors que nous le définissions en Algérie comme notre étoile jaune, car entaché de sang. Leurs réponses furent unanimes pour rejeter la définition du mot ‘’courage’’ employé outrageusement dans l’article pour parler de femmes qui ont décidé de définir leur vie selon des critères qui s’inscrivent dans une tradition islamiste.
Est-ce qu’on adjoint systématiquement le qualificatif de ‘’musulmanes’’ à ce groupe de femmes voilées afin de stigmatiser toutes celles qui, musulmanes, ne portent pas le voile? Ce voile dit islamique, mais qui n’a aucune existence dans le Coran. 
Mes amies, restées en Algérie, m’ont rappelé avec tristesse et émotion qu’il fut un temps où le mot courage définissait unanimement la résistance au quotidien des femmes algériennes face à l’intégrisme islamiste qui sévissait durant la décennie noire des années 90.
En ce temps-là, moi aussi, je vivais en Algérie et partageais cette terreur. Le courage avait un autre visage que celui de l’équipe féminine de basketball des ‘’Hijabi Ballers’’ encensée par les Raptors.
Le courage avait le visage de Katia Bengana assassinée à la fleur de l’âge-17ans- pour avoir refusé de porter le voile de l’islam politique, comme étendard du salafisme et du wahhabisme. Elle sortait du lycée et son instruction menaçait l’idéologie de son assassin. Elle croquait la vie à pleines dents alors que son bourreau glorifiait la mort.
Le courage avait le visage de Ratiba Hadji, professeure à l’École d’architecture et d’urbanisme qui fut assassinée en 1995 dans sa voiture pour avoir refusé le diktat des fous de Dieu. Il n’était pas permis d’être femme et d’enseigner dans un domaine dit masculin.
Malgré cette menace permanente,
Le courage avait le visage de Yasmina Drici, 27 ans, du journal Le Soir d’Algérie, kidnappée et égorgée parce que femme, journaliste et non voilée. Ses assassins la qualifiaient de dangereusement armée, car elle savait manier le stylo aussi bien qu’ils maniaient le couteau qui lui trancha la gorge.  
Ici au Québec, le courage a aussi le nom de cette adolescente de Victoriaville qui osa désobéir à sa famille en dénonçant un mariage forcé. Elle a vite compris qu’au Québec elle avait droit à une protection contre le diktat familial.
Le courage porte le nom de la jeune Saoudienne Rahaf Mohammed Al-Qunun fuyant famille et pays au péril de sa vie.
Le courage ce sont ces femmes iraniennes qui défient l’obligation du voile et se retrouvent condamnées à la prison, voire au fouet.
Le courage ce sont ces femmes dites musulmanes de toutes origines qui ici même au Canada vivent sous menace permanente de l’orthodoxie religieuse et de la pression communautariste.
Le courage ce sont ces femmes saoudiennes* qui ont décidé de se promener dans les rues de Ryad têtes découvertes et cheveux au vent sachant que chaque pas peut leur être fatal.
Le courage a le nom de toutes ces femmes vivant dans
ces pays où la religion est force de loi et le patriarcat est le mode de vie imposé à toutes les femmes, celles qui survivent à un quotidien oppressif.

Le courage a le nom de toutes ces femmes vivant dans des sociétés qui leur sont hostiles parce que nées femmes, avec un sexe féminin, et qui chaque matin prennent le risque de ne jamais pouvoir retourner chez-elles le soir après avoir passé une journée à travailler pour nourrir toute une famille. Malgré cette menace permanente, elles ne baissent pas les bras et affrontent la folie des lâches se barricadant derrière leurs textes religieux au nom d’un Dieu punitif, vengeur et misogyne. Et pourtant ce sont ces mêmes hommes qui violent et assassinent les femmes sur terre et qui rêvent de soixante-dix vierges au paradis.
+De là où nous sommes, pour toutes ces femmes courageuses et lumineuses, soyons solidaires de leur combat contre l’obscurantisme.
Interdisons-nous de porter Nike et toute autre marque qui promeuvent le patriarcat et le sexisme.
Un geste élémentaire pour nous mais fondamental pour ELLES.
Leila Lesbet,
Québécoise et militante féministe universaliste.

Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particu...