vendredi 28 septembre 2018

Laicité Capitale Nationale

Formé de résidentes et résidents de la grande région de Québec, le groupe Laïcité Capitale Nationale s’inscrit résolument dans le débat actuel sur la laïcité. Autonome, notamment au plan de son organisation et de son financement, le groupe se prononce en son propre nom et prend toute initiative originale visant à garder le sujet à l’ordre du jour dans la capitale nationale.

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DÉCLARATION

Depuis plusieurs années déjà, au gré des débats québécois portant sur les
« accommodements raisonnables », l’immigration et la question de la laïcité, les citoyens du Québec sont graduellement confrontés à de nouveaux enjeux sociaux et politiques intrinsèquement liés aux valeurs de notre société démocratique.
La ville de Québec ne fait pas exception à cet égard.
Québec a connu une longue tradition d’accueil en douceur. Plus marquée à partir de la fin du XIXe siècle avec l’arrivée de Chinois via l’Ouest canadien, elle se continue, au début du XXe siècle, avec des Juifs d’Europe de l’Est victimes de politiques antisémites, puis de Grecs, Italiens et Portugais, après la guerre de 1939-1945. Dans les décennies suivantes, cette immigration se diversifie encore. Les années 1960 voient arriver des Français, des Belges et des Suisses, des Haïtiens fuyant le régime Duvalier, ainsi que des Africains.
À partir de la décennie 1970, à la suite de crises politiques diverses, des réfugiés sonnent à la porte de notre ville. Ils viennent de Chine, du Liban, du Chili, d’Amérique centrale et d’Asie du Sud-Est. D’autres fuient la guerre : Rwandais, Croates, Serbes, Bosniaques, Bulgares et même Russes.
Malgré certaines difficultés liées souvent à des conditions économiques difficiles, l’intégration de ces nouveaux arrivants se fait sans heurts. Mais il n’en est pas de même malheureusement depuis la fin du XXe siècle.
Depuis deux décennies environ, l’arrivée de migrants en provenance de pays où existaient déjà des tensions mêlant politique et religion, est venue assombrir le paysage du vivre-ensemble. Parmi ces nouveaux arrivants, des individus minoritaires, porteurs d’un fondamentalisme religieux, ont commencé à faire valoir leur droit à la différence, le plus souvent religieuse, en contradiction avec des valeurs de démocratie, d’égalité de droits entre les hommes et les femmes et en dénégation de l’orientation laïque de pouvoirs publics.
Cette attitude, pouvant être partagée par des individus de toutes religions et non pas d’une seule en particulier, postule à la base la possibilité pour des croyances d’influer sur l’espace public et d’interférer avec le politique en mettant de l’avant des revendications communautaristes ne relevant pas de l’idéal universaliste.
À la lueur des débats entourant la difficulté de certains à une intégration à l’ensemble de la collectivité d’accueil, majoritaire, et dans le contexte de discussions entourant divers projets de loi en relation avec ce qu’il est convenu d’appeler, à tort ou à raison, les « accommodements raisonnables », des citoyens ont estimé que la laïcité est un moyen d’établir des règles du vivre-ensemble respectueuses des valeurs de chacun sans permettre des empiètements dans l’espace public (i.e. celui des institutions publiques) pour des motifs le plus souvent religieux.
Laïcité capitale nationale a ainsi vu le jour à la fin de l’année 2013. Ses membres se sont donné comme mission de s’impliquer dans ce grand débat et de faire la promotion de la laïcité, en accordant une écoute particulière à l’actualité prévalant dans la région de la Capitale nationale.
Mais d’abord, il est important de bien comprendre le concept de laïcité avant de nous engager plus loin dans l’exploration de cet enjeu pour notre société.
Nous adoptons l’idée d’Henri Pena-Ruiz selon laquelle la laïcité est un principe universel et fraternel qui met en avant ce qui est commun à tous les êtres humains.
Trois conditions sont essentielles à l’exercice de la laïcité : la liberté de conscience, l’égalité de tous devant la loi et l’orientation universaliste du pouvoir public.
La liberté de conscience est au-dessus de la liberté religieuse et englobe autant les croyants de toute religion que les athées et les agnostiques. Cette liberté de conscience s’accompagne de l’autonomie de jugement de chacun, formée par l’école publique laïque. Cette dernière institution ne combat ni ne favorise la religion mais inculque chez le citoyen le savoir et la connaissance, donc la raison.
La liberté de conscience inclut la liberté religieuse, le contraire n’étant pas nécessairement vrai.
L’égalité de tous devant la loi car la laïcité transcende les particularités ethniques, culturelles ou religieuses et ramène l’individu à l’humain. Sur le plan spirituel, elle met sur un même pied d’égalité de droits toutes les options spirituelles, qu’elles relèvent de la religion, d’un humanisme athée, agnostique ou autre.
La troisième condition, l’orientation universaliste du pouvoir public, avance que l’institution publique n’est pas là pour accéder aux demandes particulières des individus mais aux demandes universelles des citoyens formant la société. Une loi édictée par l’Etat ne peut donc traduire les prescriptions d’une quelconque foi ou croyance. Ce qui amène par voie de conséquence à énoncer la règle de la séparation entre les pouvoirs religieux et l’État.
Ainsi, par exemple, l’intégrité physique et l’assujettissement de la femme à l’homme, qui répondent chez certains groupes religieux à une loi finalement communautariste, vont à l’encontre des principes universels des droits de l’homme.
Une fois ces conditions de la laïcité énoncées, la voie est-elle libre pour mettre en pratique ces principes de fonctionnement de notre société québécoise ? Malheureusement non. Depuis quelques décennies, l’évolution de notre société postmoderne a vu un sens de la responsabilité et du devoir céder graduellement le terrain à la maximisation du moi et au couronnement des droits individuels au détriment de valeurs collectives. 
Concurremment, sur le plan politique, l’influence prépondérante de la démocratie libérale à saveur anglo-saxonne, étrangère aux valeurs républicaines, s’est traduite au Canada par la mise en place du multiculturalisme, politique mettant de l’avant les attributs identitaires d’une communauté au détriment de valeurs universelles de la société d’accueil. Nous croyons que le multiculturalisme, solution proposée par plusieurs, n’est pas le signe d’ouverture sur le monde qu’il croit être. Il s’agit plutôt d’une juxtaposition de ghettos ethniques, repliés sur eux-mêmes et sans autres liens que les rapports d’affaires quotidiens.
Conséquemment, nous privilégions le modèle de type républicain. Ce modèle met l’accent sur la liberté et l’égalité, valorisant l’intégration des nouveaux arrivants et le partage des valeurs communes plutôt que le voisinage des différences.
La laïcité est donc vue comme le socle commun de la société. Son principe s’applique notamment au champ des institutions publiques et auprès des agents de ces institutions.
Voilà le sens de la mission que se donne Laïcité capitale nationale
http://www.laicitecapitalenationale.com/declaration/ 

samedi 7 juillet 2018

Colloque MLQ du 25 et 26 juin 2018

L’École coranique vs l’École islamique Ferid Chikhi  

‘’L’avenir des nations est dans les écoles du peuple…’’ 

Johann Heinrich Pestalozzi 
Le propos qui suit est exprimé non pour dénigrer l’organisation de l’école coranique, ici au Québec, ou ailleurs, mais pour souligner que le schéma de cette école en Afrique du Nord n’a jamais été celui de l’école islamique qui existe au Québec et ailleurs dans le monde.  C’est grâce au multiculturalisme Canadien, obsolète et rétrograde, ainsi qu’aux politiques gouvernementales du Parti Libéral du Québec que ces écoles ont pignon sur rue et n’aident en aucune manière ‘’le vivre ensemble en bonne intelligence’’.  L’École coranique  L’École Coranique a été pour moi le second espace sécuritaire qui m’a accueilli après la maison, de l’âge de 5 ans à celui de 13 ans. C’était ainsi pour, presque, tous mes ami-e-s d’enfance et de préadolescence. Cependant, pour donner un éclairage approprié et ainsi mieux appréhender la problématique, cette école coranique que je qualifie de traditionnelle précédait la Medersa. Les enseignements de ces deux institutions n’ont rien de commun avec l’école islamique du Québec. À ce stade de l’exposé, un paramètre important doit être mis de l’avant et se résume comme suit : le sunnisme et le chiisme existent, notamment dans des pays comme le Canada, il y a toujours eu une compétition, une concurrence et des antagonismes entre les promoteurs des écoles islamiques. Il faut savoir qu’en arabe dialectale Algérien… le concept, le terme ‘’école’’ est traduit par Djemaa, de Djema’a… Rassemblement – Assemblée – Ensemble - Groupe d’individus … 
Djemaa El Cor’an, maladroitement traduit par l’école coranique alors qu’il devrait l’être par Groupe de lecture - Assemblée de lecture - Ensemble de lecture. Ce qui était qualifié d’école coranique était en fait, une salle sobrement aménagée, où nous nous entassions à plus de 20 enfants de tous âges. La mémorisation des versets du Coran, s’y pratiquait tôt le matin – après la première prière de la journée - parfois après celle de l’aprèsmidi.  Tout était fondé sur la mémoire, puisqu’il fallait se rappeler les sourates. Au départ ce sont les plus courtes qui devraient être apprises et aussi paradoxale que cela puisse paraître, sont les dernières du livre saint. Notre présence consistait à apprendre (écrire sur une planche en bois avec un ‘’Calame’’, morceau de roseau, coupé effilé et qui était trempé dans une encre ‘’Ssmagh’’, préparée avec de la laine brûlée et de la suie) et lire – les sourates.  Il n’y avait ni explications ni échanges avec l’enseignant. Ceux et celles qui ne mémorisaient pas recevaient des coups avec des tiges de roseaux, sur la plante des pieds. C’était pas mal douloureux…
L’école et la Madrassa À côté de l’école coranique il y avait en parallèle deux écoles, celle laïque de la colonisation et une autre plus locale qui ressemblait à l’école coloniale mais dont l’enseignement était en arabe. La Medersa.  Apparu dans le milieu des années ‘’30’’ en Algérie, elle a été l’œuvre de l’association des ‘’savants musulmans’’, pour les enseignements intermédiaires (Langue et lettres, Poésie et Roman). L’enseignement menait les jeunes gens jusqu’à un niveau intermédiaire mais suffisant pour considérer que la langue : Écrite, parler et comprise était maîtrisée.  Dans le monde arabe, le concept de ‘’Medersa’’ diffère d’un pays à un autre même si le fond est le même. Il s’agit d’un espace où est dispensé un enseignement par un Mouderesse (enseignant) qui aide, qui partage ou encore qui prodigue un savoir, une connaissance…  
Dans le monde musulman, en ce qui concerne particulièrement cet aspect, il faut faire la part des choses entre l’espace Sunnite et l’espace Chiite. Chez les chiites il désigne un système, le ‘’Hawza’’, qui est à la fois une école au sens de Madrassa et un enseignement.  Alors, que la Madrassa, selon l’histoire de l’Islam Sunnite est une institution à caractéristiques multiples. C’est dire combien, elle n’a pas la même qualité et les mêmes attributs dans les deux registres.  Dans le monde Sunnite, El Djemia’a est une université de théologie. Le schéma étant différant d’une région du monde musulman à une autre, en Afrique du Nord, c’est une université, mais c’est aussi un lieu d’apprentissage de la langue arabe, du Coran, des préceptes de l’Islam, du Fiqh, de la charia… Les plus célèbres sont celles de Tunis, ‘’d’Ez zitouna la première du genre dans le monde musulman et la seconde est celle ‘’d’Al Azhar’’ en Égypte, créée plus de deux siècles plus tard.  Que se passe-t-il réellement derrière les portes closes des écoles musulmanes au Québec ? 
Au Québec, il a été inventorié environ une vingtaine d’écoles privées islamistes agréées par le gouvernement libéral. Ces écoles se qualifient de coraniques. Un indicateur approximatif nous donnerait environ 2.000 inscrits. Bien entendu, cela ne semble pas énorme et tout à fait gérable. Contrairement à l’école coranique ou à la médersa de mon pays d’origine et selon toute vraisemblance, l’objectif ultime de l’école islamique au Québec ne serait pas d’aider les jeunes musulmans inscrits à seulement mémoriser le Coran en entier mais aussi à les placer en compétition pour connaître le meilleur récitant. Il s’agit aussi et selon toute vraisemblance à leur inculquer toute une formation à interagir selon des normes qui ne sont pas celles du Québec mais des normes socioculturelles et idéologiques importées de pays théocratiques.   Le Québec a toujours été une terre d’accueil ouverte à la diversité et comme nous le disons souvent l’Islam est multiple et par conséquent les musulmans ne forment pas un bloc homogène et monolithique. Or, ne sommes-nous pas en droit de demander quelle école de pensée juridique est considérée par ces établissements dont le nombre ira en progressant vu la pression grandissante des islamistes de tous bords.  
Le Canada, est le pays où les islamistes testent de nouvelles formes de djihad L’islamisme au Québec et au Canada est la conséquence tangible d’un endoctrinement idéologique systématique, fait dans l’indifférence générale depuis plus de trente ans. Quand l’Arabie saoudite a proposé les services de ses imams de service, les premières cibles n’étaient pas les Canadiens ou les Québécois de souche mais bien les musulmans pour en faire une force de frappe incontournable mais en particulier les musulmans démocrates et laïcs qui ont été les premières victimes en raison des efforts considérables qu’ils ont faits et qu’ils font encore pour s’intégrer et qui se retrouvent amalgamés à ceux-là mêmes qu’ils dénoncent.  
Des intellectuels de gauche prétendent détenir les clés des analyses inclusives pour considérer les islamistes comme parties prenantes de la société, pourtant, l’idéologie Wahhabosalafiste, s’impose de plus en plus au détriment de la liberté de conscience, de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. Les politiques canadiens et québécois ne voient pas du tout qu’il est question de pensée unique et de nivellement par le bas et n’osent pas aborder frontalement la problématique. C’est pour cela qu’il est grand temps que ces influences, soi-disant éducatives et académiques, idéologiques et politiques, soient bannies du système éducatif et que le gouvernement du Québec révoque tous les mandats de ces écoles privées religieuses ou à caractère religieux.   
Le ministère de l’éducation devrait sérieusement penser à se réapproprier les obligations, si tant est qu’il s’agit d’obligations éducationnelles et de formation, accordées à ces organisations qui vendent une éducation parallèle à des enfants alors que seule les écoles du peuple sont garantes d’un enseignement approprié et en adéquation avec les valeurs de toute la société Québécoise.
Ferid Chikhi
https://www.mlq.qc.ca/wp-content/uploads/2018/06/Conférences.pdf 

lundi 7 mai 2018

Colloque Éducation et laïcité: où en sommes nous ?

L'éducation et la laicité : Un état des lieux en direct.
Inscrivez vous et venez partager les témoignages, les analyses, les réflexions de vrai-e-s intellectuel-le-s qui privilégient la citoyenneté à la mise de l'avant des religions...
Deux membres d'AQNAL seront de la partie : Nadia EL Mabrouk et Ferid Chikhi
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L'inscription est au coût de 20$
HORAIRE

VENDREDI 25 MAI 2018
Grande Bibliothèque de Montréal, 475 Boul de Maisonneuve est, Montréal, QC H2L 5C4

18H00 – 19H00 Accueil et inscription
19H10 Allocution d’ouverture de Lucie Jobin, présidente du Mouvement laïque québécois
19H15 – 20H30 Panel politique - Éducation et la laïcité au Québec
Salle : Auditorium
20H30 – 21H30 Intervention de la salle



SAMEDI 26 MAI 2018
Complexe des sciences Pierre Dansereau, UQAM, Pavillon Sherbrooke,
200 rue Sherbrooke ouest, Montréal, H2X 3P2

8H30 – 9H00 Inscriptions

9H00 – 10H30
Atelier 1 : Fiscalité et exercice de la laïcité
Salle SH 2620
Atelier 2 : Désertion des écoles publiques et les écoles clandestines
Salle SH 2420

10H30 – 11H00
Pause

11H00 – 12H30
Atelier 3 : Statut de la religion dans le système scolaire au Québec
Salle SH 2800

12H30 – 14H00 Dîner

14H00 – 15H30
Atelier 4 : Signes ostentatoires et accommodements religieux dans les institutions scolaires
Salle SH 2620
Atelier 5 : Laïcité, législation et gouvernement du Québec
Salle SH 2420

15H30 Plénière
Salle SH 2800

17H00 Fin des travaux

CONTENU SOMMAIRE DES ATELIERS

Atelier 1: (9H00 – 10H30) Fiscalité et exercice de la laïcité
Exemptions de taxes municipales et scolaires
Nicole Vermette/ Jean-Paul Lahaie

Financement public de l'école confessionnelle
Violaine Cousineau
Mouvement l'école ensemble
Anne-Marie Boucher

Atelier 2: (9H00 – 10H30) Désertion des écoles publiques et les écoles clandestines
Un expérience avec une école juive
Léon Ouaknine
Écoles coraniques
Ferid Chikhi

Atelier 3 : (11H00 – 12H30) Statut de la religion dans le système scolaire au Québec
Le cours Éthique et culture religieuse (ECR)
Nadia El Mabrouk
La chaire de missiologie à l'Université Laval
Claude Simard
L'enseignement de la pensée critique
Annie-Ève Collin

Atelier 4: (14H00 – 15H30) Signes ostentatoires et accommodements religieux dans les institutions scolaires
Pourquoi les accommodements religieux sont irrecevables, notamment en milieu scolaire
Diane Guilbault
Obligation de réserve et liberté de conscience
André Lamoureux
Les accommodements religieux en milieu scolaire: une pente dangereuse
Louise Mailloux

Atelier 5 : (14H00 – 15H30) Laïcité, législation et gouvernement
La loi sur la neutralité religieuse n'est pas la Loi sur la laïcité
Djemila Benhabib
Démocratie et laïcité
Simon-Pierre Savard-Tremblay
Le multiculturalisme en question: les universitaires, contre la laïcité.
Jérôme Blanchet Gravel

https://www.eventbrite.ca/e/billets-colloque-education-et-laicite-ou-en-sommes-nous-45395480103?aff=es2

vendredi 13 avril 2018

Les signes religieux renvoient au clientèlisme religieux


Lettre ouverte à la Mairesse de Montréal 
Madame la Mairesse,
Nous tenons à vous faire part de notre profonde consternation face à votre déclaration d'être « très
ouverte » à l'introduction de signes idéologiques à caractère religieux, notamment le hijab, dans les services policiers. Par quelle logique serait-il admis qu'un représentant ou une représentante d'une institution étatique arbore sa croyance religieuse ou politique ?
On ne peut que saluer votre volonté d'assurer la pleine participation de tous les Montréalais et Montréalaises dans la fonction publique municipale. Le SPVM n'est pas exempté d'appliquer les programmes d'accès à l'égalité permettant de lutter contre la discrimination à l'emploi.
Mais cela ne consiste pas à modifier les règlements afin de se plier aux exigences des demandeurs d'emploi est simple : Des citoyens et citoyennes en tant qu'individus, et non pas en tant que membres de communautés religieuses.
C'est d'autant plus aberrant dans une société historiquement déterminée par un processus de sécularisation, qui lui a permis de se détacher de l'emprise de la religion catholique. La majorité historique du Québec serait-elle la seule à pouvoir bénéficier de cette sécularisation ? Les minorités seraient-elles condamnées à être représentées par des supposés groupes religieux ?
Les minorités seraient-elles condamnées à être représentées par des supposés groupes religieux ?
Nous avons maintes fois dénoncé le fait que nous soyons associés à une « communauté musulmane », représentée, de surcroît, par une idéologie de l'islam politique, aujourd'hui fortement décriée, y compris dans son pays d'origine, l'Arabie saoudite.
En lien avec votre initiative d'une Table sur la diversité, l'inclusion et la lutte contre les discriminations, nous vous invitons à prendre connaissance de notre mémoire déposé dans le cadre du Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination du ministère de l'Immigration.
Nous y expliquons que cette vision stéréotypée des musulmans, ainsi que les demandes d'accommodement de la part de représentants auto-proclamés de ladite communauté musulmane, est une entrave à notre intégration. C'est ce que nous expliquons également dans le Manifeste pour un islam de liberté et de citoyenneté. Merci de tenir compte de nos arguments avant d'entreprendre des modifications aux règlements de la Ville dont nous pourrions faire les frais.
Pour ce qui est du hijab, sur quel fait vous basez-vous pour considérer qu'il est représentatif des musulmanes ? Il fait l'objet de débats à l'intérieur même du monde musulman. Le SPVM devrait-il alors s'assurer de représenter aussi la femme musulmane non-voilée ? Et comment le faire ? Il est illégal pour un employeur de demander la religion de son employé.
La Charte des droits et libertés de la personne, rédigée au moment où le Québec se libérait du contrôle excessif de l'Église catholique, a permis que la religion ne soit plus un marqueur de la personne. Cet anonymat religieux est une avancée et un élément de progrès dans une société. Souhaitez-vous faire marche arrière sur ce principe ?
Cet anonymat religieux est une avancée et un élément de progrès dans une société. Souhaitez-vous faire marche arrière sur ce principe ?
À en croire le conseiller municipal Marvin Rotrand, l'enjeu consisterait tout simplement à mettre au point « un modèle approuvé de hijab », comme si l'affaire se résumait à de simples considérations sécuritaires et vestimentaires. Or, les signes religieux sont lourds de signification. Ils renvoient à des idéologies qui sont souvent source de tensions, et évoquent parfois des événements sanglants.
Par exemple, le voile est symbole de violence pour beaucoup de femmes ayant vécu la guerre menée par les islamistes contre les civils en Algérie, ou pour celles qui viennent d'Iran où enlever le voile signifie la prison. Comment ces femmes pourraient-elles se confier à une policière en hijab ? Il en est de même pour toutes celles qui ont fui son imposition par la barbarie. Avez-vous pensé à elles ?
Au-delà du discours idyllique des promoteurs du voile, la vérité est toute autre. Il est une barrière efficace imposée aux femmes pour restreindre leur champ de liberté et contrôler leur sexualité. En aucun cas l'assouplissement des lois et règlements pour permettre le voile n'aidera les femmes à s'émanciper. Les lois laïques sont celles qui protègent le mieux les droits des femmes.
Madame la Mairesse, en affichant une grande ouverture au voile, vous privilégiez une idéologie qui s'imprègne de l'intégrisme islamiste et, par la même, vous « pavez l'enfer des autres de vos bonnes intentions », pour reprendre les termes de Chahdortt Djavann, une femme qui a subi le régime islamique d'Iran.
Les exemples internationaux ne manquent pas pour illustrer le contrôle de la femme par le voile. Ici même au Québec et au Canada, plusieurs cas de crimes d'honneurs liés au voile sont répertoriés, dont récemment un père de famille de Gatineau accusé au criminel, car il battait sa fille qui refusait de porter le hijab. D'après l'agente chargée du dossier, l'adolescente « a trouvé le courage de dénoncer la situation ». Croyez-vous que la jeune fille se serait confiée si l'agente avait été voilée ?
Les policiers et policières sont des intervenants de première ligne. La priorité n'est pas d'assurer du travail dans la police aux femmes qui refusent de se plier aux règles de l'emploi. Elle est de s'assurer de la sécurité de tous les citoyens et citoyennes et de les protéger de toute pression communautariste indue ou de harcèlement psychologique.
Alors que l'uniforme du policier renvoie une image de neutralité, les signes religieux renvoient celui d'un clientélisme religieux.
Alors que l'uniforme du policier renvoie une image de neutralité, les signes religieux renvoient celui d'un clientélisme religieux. N'est-ce pas de manquer de respect au citoyen que de lui imposer un tel message symbolique contradictoire ?
Madame la Mairesse, permettre le port de signes religieux aux représentants de l'État constitue un inversement du devoir de neutralité, comme le dit Guy Rocher, un des pères de la Révolution tranquille. La majorité des Québécoises et Québécois, de toutes origines, n'en veut pas.
En 2013, un sondage Léger montrait que 78% des personnes sondées étaient pour une interdiction des signes religieux chez les policiers, et le sondage CROP/Radio-Canada de mars 2017 montre que 76% des personnes sondées sont favorables à l'interdiction des signes religieux pour toutes les personnes en position d'autorité.
Il serait bon, de ne pas balayer du revers de la main cette aspiration des Québécois, sous prétexte que c'est « dans l'air du temps ». C'est par une réelle laïcisation des institutions de l'État, et en tout premier lieu la police, qu'il est possible d'accueillir tous les citoyens, dans le respect et l'ouverture, quelle que soit leur origine nationale, ethnique ou religieuse.
Veuillez agréer, Madame, nos sincères salutations.
Ferid Chikhi, Conseiller en emploi
Nadia El-Mabrouk, Professeure, Département d'informatique, Université de Montréal
Ali Kaidi, Doctorat en philosophie et
Leila Lesbet, Enseignante TES
Pour l'Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laïcité (AQNAL)

Autres signataires :
Mohand Abdelli, P.Eng.
Nora Abdelli, Infirmière
Saleha Abdenbi, Enseignante
Fatima Aboubakr, Directrice de garderie
El Mostapha Aboulhamid, Professeur, DIRO, Université de Montréal, à la retraite
Rachida Ait Tahar, Enseignante
Idir Atif, Ébéniste
Katia Atif, Intervenante communautaire
Amani Ben Amar, Agente financière, CIUSSS-Centre Sud de l'île de Montréal
Radhia Ben Amor, Coordinatrice de recherche
Leila Bensalem, Enseignante
Adel Bichara, Ex-propriétaire d'entreprises, à la retraite
Nawal Bouchareb, Citoyenne
Zahra Boukersi, Enseignante
Amel Chikhi, Biologiste
Hassina Chouaki, Citoyenne
Claude Kamal Codsi, Entrepreneur
Nariman Derky, Poète
Hakima Djermoune, Inspectrice au contrôle de la qualité pharmaceutique
Nadia Fahmy-Eid, Historienne féministe
Aziz Farès, Auteur et journaliste
Ines Hadj Kacem, Étudiante
Amel Haroud, Gestionnaire
Hassiba Idir, Gestionnaire
Idriss Idir, Ingénieur
Nacer Irid, Ingénieur
El-Houssine Idrissi, Concepteur ingénierie
Fadhila Jabnoun, Retraitée
Rabah Kadache, Enseignant
Samy Kartout, Administrateur de systèmes informatiques
Radia Kichou, Citoyenne
Siham Kortas, Enseignante à la retraite
Nacera Krim, Architecte
Karim Lassel, Consultant en développement organisationnel à la retraite
Mona Latif-Ghattas, Écrivaine
Leila Mahiout, Ingénieur informatique
Abdelhakim Medjahed, Assistant immédiat soin infirmier
Abdallah Mohamed-Saïd, Travailleur autonome
Salimata Ndoye Sall, Intervenante sociale
Boussad Oukil, Entrepreneur
Sandra Sahli, Enseignante en électronique industrielle
Farid Salem, Président de l'association Solidarité Québec-Algérie
Ferroudja Si Hadj Mohand, Éducatrice
Khaled Sulaiman, Journaliste
Zabi Eanäyat-Zâda, Auteur et conférencier

samedi 7 avril 2018

Oui pour une police neutre !


Et non, mille fois non, Madame Plante, pour une milice communautaire
05 Avril 2018
Dans sa conception de la représentativité, la mairesse ne donne aucune place à l’individu. Pour elle, la société est composée de communautés et non pas  d’individu. Elle abandonne l’individu à la
communauté. Suivant cette logique, il est légitime de se demander qui représente les individus qui ne sont pas représentés par aucune communauté reconnue ; ceux que le voile, le turban ou autre signes religieux ostentatoires ne représentent rien pour eux. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont nombreux. De quelle façon sont-ils représentés par les institutions ?
De plus, dans une société historiquement déterminée par un processus de sécularisation, n’est-il pas absurde de parler de communautés religieuses et surtout d’essayer de donner à celles-ci une visibilité politique ? Poussons cette conception multiculturaliste de l’État jusqu’au bout ; la mairesse est-elle représentante d’une communauté ou de toutes les communautés ?
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, demande au corps policier d’entreprendre une réflexion au sujet de l’intégration du hidjab musulman et du turban sikh dans l’uniforme réglementaire. Une réflexion, selon elle qui est « dans l’air du temps ».
Cette demande correspond à son mandat de « rendre la Ville de Montréal plus inclusive et représentative de la population montréalaise ». Nous voilà plongés de nouveau dans l’éternel débat sur la laïcité que nos dirigeants refusent de régler. Notre mairesse justifie cette demande par sa volonté d’améliorer la représentation des communautés. Personne ne peut nier que son attention est louable sur le plan moral et par rapport à l’esprit de la démocratie. Certes, les institutions doivent être représentatives, mais de quoi précisément ?
Eh bien, des citoyens et des citoyennes, autrement dit des individus, ou bien des groupent d’individus qui se réclament d’une communauté qui se dit représentative d’individus ?Il semble que la
représentativité dont la mairesse de Montréal parle concerne les communautés. Si l’on transpose cette façon de percevoir la représentativité aux institutions démocratiques, il semble que pour la mairesse ce que Rousseau qualifie de volonté générale sur laquelle repose la souveraineté ne transcende pas les volontés appartenant aux communautés qui la composent, leur particularité ne s’efface pas au profit de l’universalité garante de l’égalité du traitement. Car, la communauté, quoiqu’elle fasse, elle est animée par une volonté particulière qui tend par nature, selon Rousseau, aux préférences contrairement à la volonté générale qui tend par nature à l’égalité. Selon le raisonnement de la mairesse de Montréal, la souveraineté doit être un reflet fidèle de la société.
Toutes les particularités de la société doivent être présentes dans les institutions étatiques. Dans ce cas les deux religions historiques appartenant à la majorité des citoyens et citoyennes québécoises doivent, elles aussi, être visibles dans les institutions. Ainsi, toutes les institutions de l’État ressembleront à des églises catholiques, car c’est la religion de la majorité. L’hôtel de ville de Montréal, où siège par ailleurs la mairesse, doit ressembler à une église.
D’ailleurs, il lui ressemble un petit peu si l’on regarde aux signes religieux qui ornent ses murs et ses plafonds. Cette vision multuculuraliste de l’État ne protège pas les minorités religieuses, au contraire elle fait de ses membres des sous-citoyens. Ce n’est pas un signe d’ouverture envers les citoyens considérés comme appartenant à des minorités ; bien au contraire, c’est un signe de fermeture et d’exclusion systémique qui renvoie le citoyen à son groupe ethnique, culturel ou religieux au lieu de le considérer comme un citoyen qui a des droits et des devoirs similaires à ceux des autres citoyens. La vraie ouverture peut venir de la neutralité et de la représentation citoyenne et non pas de la promotion du communautarisme religieux.   
Par ailleurs, dans sa conception de la représentativité, la mairesse ne donne aucune place à l’individu. Pour elle, la société est composée de communautés et non pas d’individus. Elle abandonne l’individu à la communauté.
Suivant cette logique, il est légitime de se demander qui représente les individus qui ne sont pas représentés par aucune communauté reconnue ; ceux que le voile, le turban ou autre signes religieux ostentatoires ne représentent rien pour eux. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont nombreux. De quelle façon sont-ils représentés par les institutions ?
De plus, dans une société historiquement déterminée par un processus de sécularisation, n’est-il pas absurde de parler de communautés religieuses et surtout d’essayer de donner à celles-ci une visibilité politique ? Poussons cette conception multiculturaliste de l’État jusqu’au bout, la mairesse est-elle représentante d’une communauté ou de toutes les communautés ? Si elle est représentante d’une communauté quelle est cette communauté et quel est son signe ou symbole religieux en dehors de la neutralité qu’elle remet en question ?
Pourquoi ne devrait-elle pas exhiber son appartenance religieuse ? Lorsqu’on a voté pour elle aux dernières élections, on l’a fait non pas parce qu’elle est membre d’une communauté religieuse, mais parce qu’elle nous a présenté, en tant que citoyenne, un programme que nous avons jugé intéressant.
Elle nous a séduits par son programme et non pas par sa religion. Jusqu’à présent, on ne sait pas si elle est croyante ou pas. Sa religion ne nous intéresse aucunement, si tant est qu’elle soit à la hauteur de la femme politique qu’elle a donnée à voir pendant la campagne électorale. Mais avec ce lien qu’elle fait entre la représentativité et les signes religieux, il semble que la mairesse remet en question la neutralité de l’État qui ne favorise aucun individu sur un autre et aucune communauté sur une autre.
Le centre-ville de Montréal, vu du Vieux-Port
Concernant la communauté dite musulmane, sur quelle base la mairesse a choisi le voile comme signe représentant cette communauté ? Ce signe n’est-il pas lui-même objet de débat entre les musulmans ou entre les gens de culture musulmane croyants ou non ? Que ferait-elle des musulmans qui ne s’identifient pas au voile ? Ils sont nombreux.  
Comment seront-ils représentés ? La culture se réduit-elle à la religion ou bien a-t-elle d’autres expressions ? Cette façon de concevoir la culture ne remet-elle pas en question la séparation du politique de la religion ? Autant de questions que les justifications de la mairesse de l’acceptation des signes religieux ostentatoires dans le corps de police suscitent. Toutes ces interrogations soulèvent de nouveau la problématique du rapport de l’État à la religion. Revenant aux agents de police ; il est clair qu’ils sont en position d’autorité ; ils incarnent le pouvoir de l’État et non pas celui de la communauté dont ils sont issus. Ils ne sont pas une milice communautaire. Les policiers sont au service de toute la société et non pas de leur communauté. Ils sont représentatifs de l’État et non pas d’une société. Ainsi, du moment que l’État n’est pas une communauté religieuse, ceux et celles qui le représentent doivent-ils être neutres pour ne pas donner l’impression que le pouvoir des institutions étatiques sont sectaires.
De plus, ce débat soulève sur le plan sociétal des interrogations qui méritent réflexion. Il n’y a pas que les convictions religieuses qui orientent notre carrière professionnelle ; des personnes ont choisi de ne pas être policiers parce que cette fonction ne correspond pas à leurs convictions philosophiques, ceux-ci n’aimant pas par exemple la discipline, l’autorité et l’organisation verticale.Faut-il changer dans ce cas le fonctionnement de la police pour les intégrer ou bien c’est plus sensé pour eux de choisir une autre profession ? Que fera-t-on du musulman qui veut travailler dans un abattoir non halal ? Doit-on lui aménager un espace dans cet abattoir qui correspond à ses convictions religieuses ? Que fera-t-on du jeune musulman qui souhaite travailler dans des bars ? En fait, la société offre beaucoup d’emplois qui ne sont pas adéquats avec les convictions personnelles de ses membres.  
En somme, la mairesse ne nous invite pas à une réflexion ; elle se positionne en moralisatrice qui nous convie à rentrer dans l’ère du temps, du moins dans sa vision de ce qu’est l’ère du haut de ses œillères idéologiques, et faire comme d’autres dirigeants font d’ailleurs. Pour elle, un modèle existe déjà ; il n’y a qu’à mimer ; à l’appliquer chez nous sans aucune considération à l’opinion de la majorité des citoyens ni au principe de la neutralité essentiel pour le vivre-ensemble qu’est censé incarner l’État.
Ali Kaidi
Dr en philosophie politique

lundi 12 mars 2018

Ne sabordez pas notre laicité !

Lettre ouverte aux députés-es de l’Assemblée nationale
(...) Ce qui distingue ces voiles, c’est la longueur du tissu et leur degré d’envahissement de la dignité des femmes. La présence du hijab parmi les députés-es d’une assemblée nationale qui se veut laïque n’est pas souhaitable. Pas plus que le crucifix juché en haut de la chaise du président. (...).
Nous vous écrivons parce qu’il nous est difficile de détecter la cohérence des député-es de l’Assemblée nationale, tous partis confondus, à propos de la décision récente du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de changer les exigences d’authentification pour la photo de mise en candidature aux fins d’une élection.
En 2013, lors des audiences sur le projet de loi 60, les député-es de toute allégeance expliquaient qu’il fallait leur laisser le soin de trancher sur la question du port de signes religieux par les élus, député-es et ministres.
On nous expliquait qu’il appartiendrait au Bureau de l’Assemblée nationale de statuer sur cette question, le ministre responsable du gouvernement du Parti québécois se disant alors en faveur de l’interdiction de ces signes. Où logent maintenant les différents partis de l’Assemblée nationale ? Nous sommes préoccupé-es.

Le 20 février dernier, le DGEQ a annoncé en commission parlementaire qu’il avait annulé dans la réglementation électorale l’obligation de fournir une photographie à « tête découverte » dans le Règlement sur la déclaration de candidature, comme stipulé depuis 1989. Désormais, on n’exigera que l’obligation d’avoir « le visage découvert ».
La nouvelle mesure, s’inspirant de la loi 62, interdit le seul voile intégral (le niqab ou la burqa en l’occurrence), mais autorise en retour le port de signes religieux tels que le hijab, le turban sikh ou la kippa juive.
On est pourtant ici dans un processus formel du système électoral. Une mise en candidature dans une élection n’est pas une promenade dans un parc ! Selon nous, cette nouvelle directive mine, d’un trait de plume, le long cheminement vers la laïcité de l’État et des institutions politiques au Québec, dont son système électoral et sa gouvernance.
Nous nous adressons à vous, député-es de l’Assemblée nationale, puisqu’aucune et aucun d’entre vous ne s’est offusqué-e ni opposé-e à cette modification. Nous sommes étonné-es, consterné-es et extrêmement déçu-es que vous cédiez devant les réclamations de certaines franges religieuses intégristes. Car c’est bien de ça qu’il s’agit.
Le port de signes religieux ostentatoires n’est pas en soi la manifestation d’une plus grande piété ni d’un plus grand recueillement. Il est l’expression d’un prosélytisme social et politique et agit comme de véritables panneaux publicitaires.
Ce sont d’ailleurs les mouvances intégristes de différentes religions qui se positionnent à l’avant-poste de demandes incessantes d’accommodements religieux dans les organismes publics et qui sapent, par le fait même, le principe d’universalité dans l’exercice des droits et responsabilités citoyennes.
Ces mêmes mouvements, en réclamant le droit des agents de l’État d’arborer des signes religieux ostentatoires, heurtent la liberté de conscience des citoyens qui se font imposer ces marqueurs idéologiques.
Cette décision du DGEQ est tout à fait contraire à celle prise à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 2011 interdisant aux sikhs d’entrer dans l’enceinte de l’Assemblée nationale en arborant leur kirpan, décision prise au nom de la sécurité, mais aussi pour le maintien du caractère de neutralité de l’État. Elle fut d’abord avalisée par la Cour supérieure en 2015 et subséquemment par la Cour d’appel du Québec, le 19 février dernier.
Aujourd’hui, votre acceptation sans mot dire de la décision du DGEQ équivaut à une autorisation du port de signes religieux par des député-es et ministres au Québec. Elle est contraire à la préservation du caractère laïque de l’État.
Une fois le hijab, le turban ou la kippa autorisés sur une photo de candidature, comment pourrait-on ensuite interdire à quiconque, une fois élu-e, d’afficher ses signes religieux, même une grosse croix catholique ?
Comment le gouvernement pourra-t-il, dans le processus officiel de sélection des immigrants et immigrantes, continuer à faire signer par les nouveaux arrivants la Déclaration sur les valeurs communes qui les somme de reconnaître que « l’État et les institutions sont laïques », alors même que les député-es ne sont pas capables de protéger le caractère laïque de l’Assemblée nationale ?
Comment se fait-il qu’il n’y ait eu aucun débat sérieux sur ce changement dans le Règlement de déclaration de candidature, en apparence anodin, mais fondamental par essence ?
Le multiculturalisme, vecteur de l’incursion de pratiques et de signes religieux dans les institutions publiques, est néfaste pour la démocratie, l’intégration des immigrants, ainsi que l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le hijab reste un symbole de ségrégation envers les femmes, tout comme le niqab et la burqa.
Ce qui distingue ces voiles, c’est la longueur du tissu et leur degré d’envahissement de la dignité des femmes. La présence du hijab parmi les députés-es d’une assemblée nationale qui se veut laïque n’est pas souhaitable. Pas plus que le crucifix juché en haut de la chaise du président.
L’interculturalisme québécois se métamorphose immanquablement en une forme hybride du multiculturalisme s’il n’est pas rattaché à une ferme laïcité. Une diversité saine et enrichissante ne sera possible que dans le respect d’une laïcité
Nous, signataires, demandons donc que la question du port de signes religieux par les député-es de l’Assemblée nationale soit l’objet d’un débat en commission parlementaire, avec tenue d’audiences publiques.
Nous refusons que ce litige soit tranché par le seul Bureau de l’Assemblée nationale, lui-même soumis aux aléas de la lutte partisane et des alternances de gouvernement.
Nous demandons qu’un considérant soit ajouté à la Loi sur l’Assemblée nationale, dans son préambule, spécifiant que celle-ci est une assemblée laïque dénuée de tous signes ou symboles religieux, et que la section traitant de la déclaration de candidature stipule l’obligation de fournir une photographie « à tête découverte ».

Signataires :
André Lamoureux, politologue-UQAM, Rassemblement pour la laïcité
Nadia El Mabrouk, professeure, Université de Montréal
Djemila Benhabib, Prix international de la laïcité 2012
Diane Guilbault, présidente, Pour les droits des femmes du Québec (PDFQ)
Leila Lesbet, Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL)
Michèle Sirois, anthropologue, conseillère PDF Québec
Zahra Boukersi, enseignante
Yves Laframboise et Francine Lavoie, Laïcité capitale nationale
Lise Boivin, coordonnatrice, Collectif Laïcité de Québec solidaire
Léon Ouaknine, essayiste
Jacques Beauchemin, professeur émérite / sociologie, UQAM
David Rand, président, Libres penseurs athées
Simon-Pierre Savard-Tremblay, essayiste
Ali Kaidi, membre fondateur d’AQNAL
Ferid Chikhi, membre fondateur d’AQNAL
Leila Bensalem, enseignante
Jean-Paul Lahaie, Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ-L)
René Tinawi, professeur émérite, Polytechnique Montréal
Mohand Abdelli, ingénieur à la retraite
Dre Andrée Yanacopoulo, membre de PDF Québec
Pr. Micheline Labelle Professeur émérite de sociologie UQAM
Aziz Fares, journaliste
Shirley Christensen Côté

André Lamoureux,
Politologue-UQAM,
Porte-parole des signataires de cette lettre ouverte.

Les petits contes voilés*

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