mardi 29 octobre 2024

Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particulier lorsqu’elles sont   mineures.   C’est   une   forme   de   sexualisation   des   mineures   -   en   l´occurrence des fillettes musulmanes. 

Le voile est pour les musulmans conservateurs, voire islamistes, un moyen de   préserver   la pudeur   telle   que   définie   par   des   hommes   sexistes   et misogynes pour, supposément, protéger, les filles et les femmes des regards pervers des mâles mal intentionnés. Alors que la solution réside plutôt dans le fait d’éduquer ces hommes à avoir un regard critique et responsable sur leurs comportements misogynes.   

Lorsque le port du voile, islamiste et islamique et non musulman, faut-il le rappeler, est appliquée aux petites filles qui n'ont pas encore la maturité nécessaire  pour  comprendre  et  consentir  à  ces  normes  régressives, cela sexualise implicitement et explicitement leur corps faisant d’elles la cible de  l’islam   politique. En   voilant   les   fillettes, le   message   envoyé   est   que   ces 

dernières doivent couvrir leur corps « sexualisé » pour ne pas susciter le désir des hommes. 

Lorsqu’un   homme   convoite   le  corps  de   fillette, cette   pratique   a   un   nom PÉDOPHILIE et il faut la nommer. ‘’Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde‘’ disait Albert Camus.

De plus, le choix de cette bibliothèque envoie le message à chaque fillette que derrière chaque homme se cacherait un pédophile, un pervers. Si   la   solution   était   celle   du   voilement   des   fillettes, leurs  petites   sœurs afghanes auraient été épargnées de l’infamie qui s’abat sur elles depuis que les pays occidentaux ont décidé, une fois de plus, de les abandonner aux talibans.

Faire le choix, en Occident, de présenter une fillette voilée comme exemple c’est assassiner tout espoir d’une vie meilleure pour toutes les autres. C’est les convaincre que même si elles ont la chance de fuir l’enfer de leur pays respectif, l’Occident leur fabriquera un enfer dans cette terre d’accueil qu’est le Québec. 

Est-ce le seul choix qui s’offre à elles ?

Est-ce que parce qu’elles sont musulmanes donc elles n’ont droit à aucun rêve en dehors de celui imposé par cette idéologie mortifère, fasciste et sexiste qu’est l’islam politique ? 

Au nom de quelle croyance ? Au nom de quelle idéologie ? Au nom de quel droit universel tout rêve de sentir le vent caresser leurs cheveux leur est interdit ici au Québec ?

Qu’est ce qui se cache derrière cette forme de communautarisme si cher à la politique canadienne?

Après, la publicité de HEC Montréal, après celle de la Ville de Montréal, voilà  qu’on arrive à celle d’une bibliothèque (Mercier) où les enfants ont le choix de  leur   déguisement   à   condition   qu’elles   ne   soient   pas   nées   dans   cette religion dite musulmane.

Nous savons que les enfants n'ont pas la capacité de prendre des décisions complexes   concernant   leur   apparence   ou   leurs   croyances   religieuses*. Prescrire le voile islamiste à une fillette c’est lui imposer LA charge sociale d’être   LE   modèle   pour   représenter   une   communauté   aussi   large   que complexe   et   diversifiée.   Cela   ne   suppose-t-il   pas   qu’on   la   contraint   au contrôle   inconscient   de   son   corps   afin   qu’elle   intègre   que   ce   dernier appartient à tout mâle/mal de sa prétendue communauté. 

Ce communautarisme ne serait-il pas à saveur raciste, raciale, patriarcale, sexiste et misogyne ? 

Le contrôle du corps de la femme adulte n’est-il donc plus suffisant ? Faut-il, au 21ième siècle, s’attaquer à celui de fillettes innocentes ? 

Cela revient à réduire à néant la longue lutte des féministes québécoises!

L'idée que les filles doivent être voilées pour protéger leur ''pudeur", alors que cette exigence n'est pas imposée aux garçons, repose sur une vision patriarcale   et   inégalitaire   des   sexes.   

Cette   différenciation   perpétue   les stéréotypes sexistes, suggérant que le corps des filles est intrinsèquement problématique et qu'il  doit  être  contrôlé  pour  éviter  d'attirer  des regards masculins. Cela affecte fortement leur dignité et renforce l'idée qu'elles sont responsables des réactions des hommes.  

La   Docteure   Saïda   Douki   Dedieu, professeure   émérite   de  psychiatrie, considère le voilement de fillette comme de la maltraitance par la personne  ayant autorité sur ces dernières. Elle a démontré qu'imposer à une enfant le  voile   a   des   répercussions   physiques, mentales   et   sociales.   Ainsi, elles  intériorisent  l'idée que  leur  corps est  une  source de  honte  ou  de  danger  potentiel pour les autres. Cela affecte l’estime de soi et leur rapport à leur  propre corps. Les petites filles voilées sont amenées à percevoir leur corps  non pas comme une partie naturelle d'elles-mêmes, mais comme un danger  pour   toute   la   société   et   donc   doit   être   caché   pour   éviter   jugement, déshonneur, harcèlement, viol.

L'enfance   est   associée   à   l’innocence, à   la   liberté   de   s’épanouir   et   de découvrir le monde sans contraintes liées aux préoccupations des adultes, y compris celles  liées à  la  sexualité ou  aux normes  religieuses. Voiler  une fillette c’est lui voler son innocence en la plongeant prématurément dans des enjeux -sexuels- des adultes.

Les fillettes musulmanes non voilées n’ont-elles pas de place dans cette bibliothèque ? 

Si l’idée derrière cette publicité était réellement la promotion de la diversité, alors   pourquoi   n’a-t-on   pas   choisi   une   fillette autochtone, une   fillette haïtienne, une   fillette   mexicaine, une fillette   chinoise.   Ces   fillettes   ne représentent-elles pas la diversité et la multitude de cultures et d’origines qui forment la richesse que renferme le Québec moderne d’aujourd’hui ? 

Pourquoi les exclure au détriment d’une représentation sexiste? 

Une ludothèque, une bibliothèque sont un espace de jeu, d'apprentissage et de   développement   pour   les   enfants, sans connotation   idéologique   ou religieuse. Associer   une   fillette  voilée   à   cet   espace   amène   à   penser   qu’un   dogme religieux spécifique est promu au dépend de l’intérêt de l’Enfant.

Ce choix remet en question la liberté d'expression individuelle des enfants? Et   par   là-même   remet   en   question   la   base   de   la   déclaration   des   droits universels de l’enfant?

Une bibliothèque, en tant qu'espace neutre, doit veiller à ne pas adopter des visuels ou des messages  qui pourraient être interprétés comme exclusifs voire tendancieux. Le but d’une bibliothèque est de créer un environnement accueillant pour tous les enfants, quels que soient leur religion, leur sexe ou leur origine.

Voilà ce que cette odieuse publicité envoie comme message aux fillettes musulmanes, ici et ailleurs, dans ce monde qualifié par l’occident d’arabo-musulman.  

Nous attendons et espérons que la direction de cette bibliothèque revienne aux enfants de toutes origines où la religion ne se substitue pas au sourire de leur innocence. 

Leila Lesbet

Membre fondatrice de AQNAL (Association  Québécoise   des  Nord  Africains  pour la laïcité.)


*-le droit de décider ce qui concerne leur santé, et donc leur corps, est établi à 14 ans au Québec).

*https://www.journaldemontreal.com/2024/10/22/ca-na-pas-ca-place-une-publicite-municipale-montrant-une-fillette-voilee-fait-polemique

Les petits contes voilés*

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