Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. »
Tout au contraire les positions et les
emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la
capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler,
d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent
d’obtenir des chances de succès ?
Sa définition du racisme
La définition que Mme Manaï a du racisme est
évidemment au cœur de la question. Rappelons que le racisme est fondé sur une
idéologie sur la croyance qu’il existe une race supérieure.
Or, la religion n’est pas une race ! N’en
déplaise au parti municipal au pouvoir et au conseil municipal qui a condamné à
l’unanimité la Loi 21 sur la laïcité. À l’encontre des 65% des Montréalais qui
favorisent l’interdiction des signes religieux pour les policiers et 58% pour
les enseignants (Crop sur la RMR novembre 2018).
Mme Manaï a livré en 2019 un discours rempli
d’amalgames où elle a inscrit dans la même logique l’adoption de la loi sur la
laïcité, l’attentat de la Mosquée de Québec et celle de Christchurch
(Nouvelle-Zélande). Elle a même indiqué que « le Québec est désormais une
référence pour les suprémacistes extrémistes du monde entier ».
https://twitter.com/actionnationale/status/1350094050968350725?s=20
Estime-t-elle que la Loi 21 sur la laïcité
est raciste ?
Cela semble être le cas puisque cinq fois, en
entrevue au 98,5 FM avec Bernard Drainville, elle a refusé de se prononcer sur
cette question. Qui ne dit mot consent !
Pense-t-elle donc que la forte majorité des
Montréalais favorables à cette loi présentent des symptômes de racisme ?
Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec
Louise Beaudoin sur QUB radio :
Les
défenseurs de la laïcité bafoués
Désormais, la commissaire chargée de faire
reculer le fléau raciste, ne devrait-elle pas se prévaloir de cette forte
tradition historique québécoise favorable à la séparation des religions et de
l’État ?
On sait qu’un bon nombre de Québécoises
musulmanes ou nord-africaines ont soutenu le combat pour la laïcité, celles
qu’elle accuse d’être des « laïcards ». Loin de se montrer respectueuse des
divergences d’opinions au sein de la diversité québécoise, irresponsable, Mme
Manaï, a nommément accusé ces femmes d’avoir précipité « les Québécois dans une
chasse aux musulmans » https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/je-me-souviendrai-de-la-campagne_b_5101188.html
faisant d’elles des cibles à abattre pour les islamistes, les réduisant à de «
pseudo-intellectuelles assurément exotiques ». https://quebec.huffingtonpost.ca/rakia-fourati/je-me-souviendrai-et-le-quebec-se-souviendra_b_5134989.html?ncid=other_email_o63gt2jcad4&utm_campaign=share_email
La critique confondue avec la haine
Sa définition du racisme est également problématique et dépasse le simple mépris pour ses contradicteurs au sujet de la laïcité. Dans un texte sur l’islamophobie, elle explique clairement que toute critique de l’Islam est une forme de racisme contre les musulmans
: « Les détracteurs du terme islamophobie
évoquent l'idée qu'il est possible de « critiquer » l'islam, sans pour autant «
détester » les musulmans. Or, cette hostilité qui s'exprime à l'encontre de
l'islam comme religion semble directement liée au rejet des musulmans
eux-mêmes. »
Elle souscrit donc à « toutes les définitions
de l’islamophobie comme racisme. » Ne distinguant pas la lutte contre l’Islam
radical, la critique de la religion et le racisme.
Avis donc à tous ceux qui osent dire que
l’Islam, même modéré, est fondamentalement inégalitaire, - comme d’ailleurs le
judaïsme ou le christianisme. Ils sont, au vu de la commissaire, des racistes.
La commissaire Manaï juge-t-elle avec moins
d’ouverture d’esprit les Montréalais qui critiquent l’Islam radical ? Ou encore
estime-t-elle que des Imams et Ayatollahs extrémistes qui endoctrinent ceux qui
décapitent et tuent au nom du prophète ailleurs sont des victimes ?
Ne serait-ce que pour ces amalgames qui ne
distinguent pas la lutte contre l’Islam radical et la critique de la religion,
la mairesse de Montréal n’aurait jamais dû la nommer.
Les coupables sont-ils les démocrates ?
Dans un texte intitulé « le Quiproquo de la radicalisation
»,
https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/le-quiproquo-de-la-radicalisation_b_6855668.html
elle qualifie de « vaste supercherie » l’idée que des imams radicalisés
poussent au crime et au djihad des jeunes montréalais.
Il s’agit, écrit-elle d’une « pseudo-théorie
de la radicalisation comme processus théologique » promue à son avis, par les
services de renseignements occidentaux. On convient que le processus de
radicalisation des djihadistes occidentaux est un phénomène complexe lié à
plusieurs facteurs.
Cependant la négation obstinée de Mme Manaï
du rôle joué par les réseaux islamistes violents, radicaux et financés par
l’Iran, l’Arabie saoudite ou le Qatar, relève d’un dangereux aveuglement, d’un
manque de discernement et de nuances.
Montréal a été épargnée, ces toutes dernières
années, par le phénomène, mais l’Europe occidentale en constate les dégâts quotidiennement.
L’occident responsable du manque
d’intégration ?
On pourrait penser que la nouvelle
commissaire estime au moins que les assassins des caricaturistes et du
personnel de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher à Paris ont répondu aux appels
aux meurtres lancés par les imams et ayatollahs violents du Moyen-Orient,
appels relayés par des prédicateurs djihadistes locaux. Pas du tout ! Dans un
texte ahurissant
https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/les-desintegrees_b_6479836.html
consacré à cette tuerie, Mme Manaï porte
la totalité du blâme sur la France et les écueils qu’ont connu ses politiques
d’intégration. La nouvelle commissaire s’attriste même du fait que son analyse
sur l’échec des valeurs républicaines françaises « échappe à ces millions de
marcheurs » réunis dans la foulée de l’attentat pour défendre le droit à la
liberté d’expression et réprouver la haine de la civilisation occidentale
portée par les djihadistes.
Si le texte juge que la politique française
envers sa population arabe et ses banlieues a créé des conditions de
l’aliénation d’une partie de la jeunesse, on est surpris de ne pas y lire à
tout le moins un mot sur la coresponsabilité des recruteurs islamistes.
Une nuance ici, la France qui nous a précédés
sur ce chemin, a compris que pour vivre harmonieusement il faut séparer
l’Islamisme de l’Islam.
Les forces maléfiques occidentales
Mme Manaï introduit bien dans son texte un
élément géopolitique. Elle parle de « l'union des forces maléfiques » qu’elle
décrit ainsi : « une solidarité inconditionnelle des États les plus meurtriers
de l'Histoire ». Elle qualifie de « forces maléfiques » les pays occidentaux
qui ont participé à des opérations militaires au Moyen-Orient. Elle ne parle ni
de l’Iran, ni de l’Iraq, ni des talibans, ni de la Turquie, etc. https://quebec.huffingtonpost.ca/bochra-manai/les-desintegrees_b_6479836.html
Ne serait-ce que pour ce délire spirituel, la
mairesse de Montréal aurait dû choisir un/e candidature avec un profil de
rassemblement, de tolérance et surtout de pédagogie citoyenne.
L’idée que se fait Mme Manaï du racisme et
des racistes, des Montréalais et des Québécois, est qu’ils portent en eux ce
dangereux stigmate du racisme, qu’elle a pour mandat de les accompagner et de
les redresser sur les chemins de la tolérance et de l’acceptation de l’autre,
c’est-à-dire sur le chemin de l’acceptation de l’Islam radical et contre cette
dangereuse loi de la laïcité.
Faire, entre autres, cet amalgame entre race
et religion revient à la négation totale de la liberté de conscience, une
liberté des plus fondamentales qui est au cœur de la démarche laïque.
Comment peut-on lutter contre le racisme et
contre la discrimination tout en bafouant complètement cette liberté
fondamentale ?
Alors que la laïcité permet justement une neutralité viable pour TOUS les citoyens, quels que soient leurs convictions religieuses.
Signataires
Louise Beaudoin, ex-ministre des Relations
internationales (Québec)
Agnès Maltais, ex-ministre de la Culture et
des Communications (Québec)
Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la
diversité culturelle à l’AssNat
Mohand Abdelli, P.Eng., ingénieur retraité,
Montréal
Jawad Amerzouk, chercheur doctorant en
sociologie des problèmes publics, et conseillers en développement des
compétences. (UQAM)
Suzie Baillargeon, Enseignante retraitée pour
enfants immigrants
Daniel Baril, vice-président du Mouvement
laïque québécois (MLQ)
Frédéric Bastien, historien
Sylvie Bergeron, écrivaine
Étienne-Alexis Boucher, Société nationale de
l'Estrie
Zahra Boukersi, enseignante
Ferid R. Chikhi, Conférencier & Formateur
François Côté, Avocat
Claude Kamal Codsi, président du
Rassemblement pour la laïcité (RPL)
Francine Desjardins. Gestionnaire
Andrée Devault Professeur à la retraite
Amin Djema, Gestionnaire TI et vlogueur
Anne-Emmanuelle Lejeune, membre du CA, PDF-Québec
Nadia El-Mabrouk, membre du RPL
Marie-Claude Girard, membre du RPL
Louise Guilbault, membre de PDF.-Québec
Ensaf Haidar, militante et défenseure de la
Laïcité (FRBL)
Hassan Jamali, écrivain et professeur à la
retraite
Lucie Jobin, membre du RPL
Yves Laframboise, membre du RPL
Richard Lajoie, enseignant
Ghisline Larose, féministe
Mona Latif-Ghattas, écrivaine
Leila Lesbet, présidente PDF. Québec, CSF
2013-2018
Christine Levesque, Professeure et membre du
CA de PDF.-Québec
Hélène Massé, enseignante
Léon Ouaknine, écrivain
David Rand, président, Libres penseurs athées
(LPA)
Andréa Richard, membre de l’Union des
écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)
Louis Robichaud, Artiste
Guillaume Rousseau, Avocat
Johanne St-Amour, féministe
Ferroudja Si Hadj Mohand, Membre Association
québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL) féministe universaliste
Claire Simard, professeure-chercheure
retraitée et Mbre CA de PDF-Québec
Khaled Sulaiman, journaliste et écrivain
Nicole Vermette, orthopédagogue retraitée,
membre de PDF-Québec
Michel Virard, président, Association
humaniste du Québec (AHQ)
L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme | JDM (journaldemontreal.com)