Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particulier lorsqu’elles sont mineures. C’est une forme de sexualisation des mineures - en l´occurrence des fillettes musulmanes.
Le voile est pour les musulmans conservateurs, voire islamistes, un moyen de préserver la pudeur telle que définie par des hommes sexistes et misogynes pour, supposément, protéger, les filles et les femmes des regards pervers des mâles mal intentionnés. Alors que la solution réside plutôt dans le fait d’éduquer ces hommes à avoir un regard critique et responsable sur leurs comportements misogynes.
Lorsque le port du voile, islamiste et islamique et non musulman, faut-il le rappeler, est appliquée aux petites filles qui n'ont pas encore la maturité nécessaire pour comprendre et consentir à ces normes régressives, cela sexualise implicitement et explicitement leur corps faisant d’elles la cible de l’islam politique. En voilant les fillettes, le message envoyé est que ces
dernières doivent couvrir leur corps « sexualisé » pour ne pas susciter le désir des hommes.
Lorsqu’un homme convoite le corps de fillette, cette pratique a un nom PÉDOPHILIE et il faut la nommer. ‘’Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde‘’ disait Albert Camus.
De plus, le choix de cette bibliothèque envoie le message à chaque fillette que derrière chaque homme se cacherait un pédophile, un pervers. Si la solution était celle du voilement des fillettes, leurs petites sœurs afghanes auraient été épargnées de l’infamie qui s’abat sur elles depuis que les pays occidentaux ont décidé, une fois de plus, de les abandonner aux talibans.
Faire le choix, en Occident, de présenter une fillette voilée comme exemple c’est assassiner tout espoir d’une vie meilleure pour toutes les autres. C’est les convaincre que même si elles ont la chance de fuir l’enfer de leur pays respectif, l’Occident leur fabriquera un enfer dans cette terre d’accueil qu’est le Québec.
Est-ce le seul choix qui s’offre à elles ?
Est-ce que parce qu’elles sont musulmanes donc elles n’ont droit à aucun rêve en dehors de celui imposé par cette idéologie mortifère, fasciste et sexiste qu’est l’islam politique ?
Au nom de quelle croyance ? Au nom de quelle idéologie ? Au nom de quel droit universel tout rêve de sentir le vent caresser leurs cheveux leur est interdit ici au Québec ?
Qu’est ce qui se cache derrière cette forme de communautarisme si cher à la politique canadienne?
Après, la publicité de HEC Montréal, après celle de la Ville de Montréal, voilà qu’on arrive à celle d’une bibliothèque (Mercier) où les enfants ont le choix de leur déguisement à condition qu’elles ne soient pas nées dans cette religion dite musulmane.
Nous savons que les enfants n'ont pas la capacité de prendre des décisions complexes concernant leur apparence ou leurs croyances religieuses*. Prescrire le voile islamiste à une fillette c’est lui imposer LA charge sociale d’être LE modèle pour représenter une communauté aussi large que complexe et diversifiée. Cela ne suppose-t-il pas qu’on la contraint au contrôle inconscient de son corps afin qu’elle intègre que ce dernier appartient à tout mâle/mal de sa prétendue communauté.
Ce communautarisme ne serait-il pas à saveur raciste, raciale, patriarcale, sexiste et misogyne ?
Le contrôle du corps de la femme adulte n’est-il donc plus suffisant ? Faut-il, au 21ième siècle, s’attaquer à celui de fillettes innocentes ?
Cela revient à réduire à néant la longue lutte des féministes québécoises!
L'idée que les filles doivent être voilées pour protéger leur ''pudeur", alors que cette exigence n'est pas imposée aux garçons, repose sur une vision patriarcale et inégalitaire des sexes.
Cette différenciation perpétue les stéréotypes sexistes, suggérant que le corps des filles est intrinsèquement problématique et qu'il doit être contrôlé pour éviter d'attirer des regards masculins. Cela affecte fortement leur dignité et renforce l'idée qu'elles sont responsables des réactions des hommes.
La Docteure Saïda Douki Dedieu, professeure émérite de psychiatrie, considère le voilement de fillette comme de la maltraitance par la personne ayant autorité sur ces dernières. Elle a démontré qu'imposer à une enfant le voile a des répercussions physiques, mentales et sociales. Ainsi, elles intériorisent l'idée que leur corps est une source de honte ou de danger potentiel pour les autres. Cela affecte l’estime de soi et leur rapport à leur propre corps. Les petites filles voilées sont amenées à percevoir leur corps non pas comme une partie naturelle d'elles-mêmes, mais comme un danger pour toute la société et donc doit être caché pour éviter jugement, déshonneur, harcèlement, viol.
L'enfance est associée à l’innocence, à la liberté de s’épanouir et de découvrir le monde sans contraintes liées aux préoccupations des adultes, y compris celles liées à la sexualité ou aux normes religieuses. Voiler une fillette c’est lui voler son innocence en la plongeant prématurément dans des enjeux -sexuels- des adultes.
Les fillettes musulmanes non voilées n’ont-elles pas de place dans cette bibliothèque ?
Si l’idée derrière cette publicité était réellement la promotion de la diversité, alors pourquoi n’a-t-on pas choisi une fillette autochtone, une fillette haïtienne, une fillette mexicaine, une fillette chinoise. Ces fillettes ne représentent-elles pas la diversité et la multitude de cultures et d’origines qui forment la richesse que renferme le Québec moderne d’aujourd’hui ?
Pourquoi les exclure au détriment d’une représentation sexiste?
Une ludothèque, une bibliothèque sont un espace de jeu, d'apprentissage et de développement pour les enfants, sans connotation idéologique ou religieuse. Associer une fillette voilée à cet espace amène à penser qu’un dogme religieux spécifique est promu au dépend de l’intérêt de l’Enfant.
Ce choix remet en question la liberté d'expression individuelle des enfants? Et par là-même remet en question la base de la déclaration des droits universels de l’enfant?
Une bibliothèque, en tant qu'espace neutre, doit veiller à ne pas adopter des visuels ou des messages qui pourraient être interprétés comme exclusifs voire tendancieux. Le but d’une bibliothèque est de créer un environnement accueillant pour tous les enfants, quels que soient leur religion, leur sexe ou leur origine.
Voilà ce que cette odieuse publicité envoie comme message aux fillettes musulmanes, ici et ailleurs, dans ce monde qualifié par l’occident d’arabo-musulman.
Nous attendons et espérons que la direction de cette bibliothèque revienne aux enfants de toutes origines où la religion ne se substitue pas au sourire de leur innocence.
Leila Lesbet
Membre fondatrice de AQNAL (Association Québécoise des Nord Africains pour la laïcité.)
*-le droit de décider ce qui concerne leur santé, et donc leur corps, est établi à 14 ans au Québec).