mardi 29 octobre 2024

Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particulier lorsqu’elles sont   mineures.   C’est   une   forme   de   sexualisation   des   mineures   -   en   l´occurrence des fillettes musulmanes. 

Le voile est pour les musulmans conservateurs, voire islamistes, un moyen de   préserver   la pudeur   telle   que   définie   par   des   hommes   sexistes   et misogynes pour, supposément, protéger, les filles et les femmes des regards pervers des mâles mal intentionnés. Alors que la solution réside plutôt dans le fait d’éduquer ces hommes à avoir un regard critique et responsable sur leurs comportements misogynes.   

Lorsque le port du voile, islamiste et islamique et non musulman, faut-il le rappeler, est appliquée aux petites filles qui n'ont pas encore la maturité nécessaire  pour  comprendre  et  consentir  à  ces  normes  régressives, cela sexualise implicitement et explicitement leur corps faisant d’elles la cible de  l’islam   politique. En   voilant   les   fillettes, le   message   envoyé   est   que   ces 

dernières doivent couvrir leur corps « sexualisé » pour ne pas susciter le désir des hommes. 

Lorsqu’un   homme   convoite   le  corps  de   fillette, cette   pratique   a   un   nom PÉDOPHILIE et il faut la nommer. ‘’Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde‘’ disait Albert Camus.

De plus, le choix de cette bibliothèque envoie le message à chaque fillette que derrière chaque homme se cacherait un pédophile, un pervers. Si   la   solution   était   celle   du   voilement   des   fillettes, leurs  petites   sœurs afghanes auraient été épargnées de l’infamie qui s’abat sur elles depuis que les pays occidentaux ont décidé, une fois de plus, de les abandonner aux talibans.

Faire le choix, en Occident, de présenter une fillette voilée comme exemple c’est assassiner tout espoir d’une vie meilleure pour toutes les autres. C’est les convaincre que même si elles ont la chance de fuir l’enfer de leur pays respectif, l’Occident leur fabriquera un enfer dans cette terre d’accueil qu’est le Québec. 

Est-ce le seul choix qui s’offre à elles ?

Est-ce que parce qu’elles sont musulmanes donc elles n’ont droit à aucun rêve en dehors de celui imposé par cette idéologie mortifère, fasciste et sexiste qu’est l’islam politique ? 

Au nom de quelle croyance ? Au nom de quelle idéologie ? Au nom de quel droit universel tout rêve de sentir le vent caresser leurs cheveux leur est interdit ici au Québec ?

Qu’est ce qui se cache derrière cette forme de communautarisme si cher à la politique canadienne?

Après, la publicité de HEC Montréal, après celle de la Ville de Montréal, voilà  qu’on arrive à celle d’une bibliothèque (Mercier) où les enfants ont le choix de  leur   déguisement   à   condition   qu’elles   ne   soient   pas   nées   dans   cette religion dite musulmane.

Nous savons que les enfants n'ont pas la capacité de prendre des décisions complexes   concernant   leur   apparence   ou   leurs   croyances   religieuses*. Prescrire le voile islamiste à une fillette c’est lui imposer LA charge sociale d’être   LE   modèle   pour   représenter   une   communauté   aussi   large   que complexe   et   diversifiée.   Cela   ne   suppose-t-il   pas   qu’on   la   contraint   au contrôle   inconscient   de   son   corps   afin   qu’elle   intègre   que   ce   dernier appartient à tout mâle/mal de sa prétendue communauté. 

Ce communautarisme ne serait-il pas à saveur raciste, raciale, patriarcale, sexiste et misogyne ? 

Le contrôle du corps de la femme adulte n’est-il donc plus suffisant ? Faut-il, au 21ième siècle, s’attaquer à celui de fillettes innocentes ? 

Cela revient à réduire à néant la longue lutte des féministes québécoises!

L'idée que les filles doivent être voilées pour protéger leur ''pudeur", alors que cette exigence n'est pas imposée aux garçons, repose sur une vision patriarcale   et   inégalitaire   des   sexes.   

Cette   différenciation   perpétue   les stéréotypes sexistes, suggérant que le corps des filles est intrinsèquement problématique et qu'il  doit  être  contrôlé  pour  éviter  d'attirer  des regards masculins. Cela affecte fortement leur dignité et renforce l'idée qu'elles sont responsables des réactions des hommes.  

La   Docteure   Saïda   Douki   Dedieu, professeure   émérite   de  psychiatrie, considère le voilement de fillette comme de la maltraitance par la personne  ayant autorité sur ces dernières. Elle a démontré qu'imposer à une enfant le  voile   a   des   répercussions   physiques, mentales   et   sociales.   Ainsi, elles  intériorisent  l'idée que  leur  corps est  une  source de  honte  ou  de  danger  potentiel pour les autres. Cela affecte l’estime de soi et leur rapport à leur  propre corps. Les petites filles voilées sont amenées à percevoir leur corps  non pas comme une partie naturelle d'elles-mêmes, mais comme un danger  pour   toute   la   société   et   donc   doit   être   caché   pour   éviter   jugement, déshonneur, harcèlement, viol.

L'enfance   est   associée   à   l’innocence, à   la   liberté   de   s’épanouir   et   de découvrir le monde sans contraintes liées aux préoccupations des adultes, y compris celles  liées à  la  sexualité ou  aux normes  religieuses. Voiler  une fillette c’est lui voler son innocence en la plongeant prématurément dans des enjeux -sexuels- des adultes.

Les fillettes musulmanes non voilées n’ont-elles pas de place dans cette bibliothèque ? 

Si l’idée derrière cette publicité était réellement la promotion de la diversité, alors   pourquoi   n’a-t-on   pas   choisi   une   fillette autochtone, une   fillette haïtienne, une   fillette   mexicaine, une fillette   chinoise.   Ces   fillettes   ne représentent-elles pas la diversité et la multitude de cultures et d’origines qui forment la richesse que renferme le Québec moderne d’aujourd’hui ? 

Pourquoi les exclure au détriment d’une représentation sexiste? 

Une ludothèque, une bibliothèque sont un espace de jeu, d'apprentissage et de   développement   pour   les   enfants, sans connotation   idéologique   ou religieuse. Associer   une   fillette  voilée   à   cet   espace   amène   à   penser   qu’un   dogme religieux spécifique est promu au dépend de l’intérêt de l’Enfant.

Ce choix remet en question la liberté d'expression individuelle des enfants? Et   par   là-même   remet   en   question   la   base   de   la   déclaration   des   droits universels de l’enfant?

Une bibliothèque, en tant qu'espace neutre, doit veiller à ne pas adopter des visuels ou des messages  qui pourraient être interprétés comme exclusifs voire tendancieux. Le but d’une bibliothèque est de créer un environnement accueillant pour tous les enfants, quels que soient leur religion, leur sexe ou leur origine.

Voilà ce que cette odieuse publicité envoie comme message aux fillettes musulmanes, ici et ailleurs, dans ce monde qualifié par l’occident d’arabo-musulman.  

Nous attendons et espérons que la direction de cette bibliothèque revienne aux enfants de toutes origines où la religion ne se substitue pas au sourire de leur innocence. 

Leila Lesbet

Membre fondatrice de AQNAL (Association  Québécoise   des  Nord  Africains  pour la laïcité.)


*-le droit de décider ce qui concerne leur santé, et donc leur corps, est établi à 14 ans au Québec).

*https://www.journaldemontreal.com/2024/10/22/ca-na-pas-ca-place-une-publicite-municipale-montrant-une-fillette-voilee-fait-polemique

dimanche 22 octobre 2023

Annonce : ''La racialisation des citoyens, obstacle à la citoyenneté québécoise''.

AQNAL fait part de l'évènement organisé par les Intellectuels pour la Souveraineté du Québec, le jeudi 26 octobre 2023, à 19:00 via zoom.

Le lien pour accéder se trouve sur l'adresse suivante 

Le 26 octobre prochain, les IPSO tiendront leur première soirée-débat de l'automne, qui s'intitule "La racialisation des citoyens, obstacle à la citoyenneté québécoise".
Consultez les deux documents ci-joints pour plus d'information sur la soirée et sur les intervenants.

IPSO- Annonce- la racialisation - 26 octobre 2023.pdf - Google Drive 

mercredi 20 septembre 2023

Savoir versus ''Performance''

 

Une énième attaque contre la liberté d´expression

 Constantin Schreiber (c) Picture-alliance / dpa / Britta Pedersen,

Source: deutschlandfunk.de

Cette fois, la victime est Constantin Schreiber. Un Journaliste allemand. Le fondateur de la Deutsche-Toleranz-Stiftung, qui œuvre à faire vivre le dialogue et l´échange entre des personnes d´horizons et d’opinions divers.

En 2015, lorsque plusieurs milliers de réfugiés arrivèrent en Allemagne, Constantin Schreiber présentait l'émission "Marhaba - Ankommen in Deutschland" (Bienvenue - Arrivée en Allemagne), pour laquelle il reçut le prix Grimme en 2016. Dans cette émission, avec une parfaite maitrise de la langue du Coran, l’arabe, Schreiber explique, aux nouveaux arrivants la vie en Allemagne, les lois du pays, la liberté religieuse, les droits de la femme etc. afin qu´ils puissent se repérer facilement dans leur pays d´accueil.

À partir de ces quelques éléments, on peut imaginer que ce journaliste, maitrisant parfaitement la langue arabe et connaissant indubitablement le monde dit arabo-musulman, dérange !

Lors d'une conférence à l'université d'Iéna en août dernier, Schreiber a été agressé par un jeune, qui lui lança une tarte au visage. Suite à cette agression, le journaliste annonce ne plus se prononcer sur toute question relative à l´Islam.

Oui, l´agression a eu lieu dans un des amphithéâtres de l´Université Friedrich-Schiller. Ce n'est pas la première fois que des voix "dérangeantes" sont attaquées dans les enceintes d´universités allemandes – pas seulement allemandes d´ailleurs ! Ces lieux de savoir, où les étudiants apprenaient autrefois la culture du débat sont devenus aujourd'hui des lieux « de performance », comme les auteurs de ces d´agressions les qualifient.

L´agresseur, d´après la vidéo publiée, est un jeune blanc, probablement un bien-pensant, un Woke, quoi ! qui se croit tellement éveillé, qu´il n´a pas compris que les propos de Schreiber sont toujours factuels, rationnels et analytiques - sauf dans son roman « La candidate », puisqu'il s'agit d'une dystopie !

On ne connait pas (encore) l´identité de ce jeune illuminé, car après son acte de violence, preuve de sa petitesse et de son ignorance, il s´est enfui, preuve de sa lâcheté.

Ce jeune ne connait probablement pas cette célèbre citation « Donnez la liberté de penser » de Schiller, nom que porte l´université, où il s´est opposé à la liberté d´expression d´un journaliste et à la liberté de penser de ce dernier et des auditeurs présents dans la salle. Savoir versus Performance !

Ce jeune adhère-t-il à la nouvelle pensée dite antiraciste selon laquelle toute personne qui ne fait pas l´éloge de l´islam et surtout de l´islamisme est un raciste antimusulman ? Et selon laquelle l´islam, une religion, et l’islamisme, idéologie fanatique qui en découle, seraient devenues une race ? Cette nouvelle vague a revisité la thématique de la race !

Ce jeune fait, probablement, partie de ces bien-pensants, qui considèrent, qu´il faut absolument protéger les musulmans, comme s´ils étaient des êtres faibles et sans conscience politique, inaptes de se défendre. Ces non-musulmans qui minorent les musulmans et par conséquent se considèrent supérieur à derniers, ne se rendent même pas compte qu´ils reproduisent la pensée des racistes et des suprémacistes blancs.

Cela n´a aucun lien avec le progressisme et c’est même l´antonyme de l'expression stay woke (rester éveillé) des années 1930, qui traduisait une première prise de conscience des problèmes sociaux et politiques qui touchaient et touchent encore les Afro-Américains.

Mais revenons à Monsieur Constantin Schreiber et à son agression : Ce jeune journaliste de 44 ans a décidé de ne plus se prononcer sur le sujet de l´islam, ce qui est compréhensible après cette attaque mais aussi les diffamations et les menaces qui ont précédé.

Notons que le soutien de ses collègues journalistes et de l'université de Iéna n´a pas été très encourageant, tellement il a été presque inaudible [1] !

Sommes-nous arrivés au point où même les déclarations pacifiques de solidarité contre la violence, contre les attaques à la liberté d´expression seraient devenues de la collaboration fasciste ?

Si nous acceptons le bâillon en renonçant peu à peu à la liberté d´expression, à la liberté de penser et d’agir, à la solidarité alors nous ouvrirons, malgré nous, les portes de l’obscurantisme.

Paradoxalement, ce silence consentant et consternant me rappelle le courage de Tahar Djaout et de bien d´autres journalistes et féministes algériens. Tahar Djaout, écrivain et poète algérien, premier journaliste assassiné en 1993, à l’âge de 33 ans, par des fanatiques islamistes. Son crime : il dérangerait l’obscurantisme à travers son amour pour la liberté, la poésie et de la réflexion. Il nous a laissé un puissant héritage : “Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs !”.

Je pourrais aussi dire que Schreiber manque de courage en déclarant ne plus vouloir se prononcer sur des sujets rendus hypersensibles voir tabous par l´idéologie woke et néo-gauchiste, qui s´entre-nourrissent tout en déculpabilisant l´islamisme, l´extrême droite et tous les extrémismes

Cependant, je comprends et respecte la décision de monsieur Schreiber. Mes parents, des démocrates laïques de gauche engagés politiquement en Algérie durant la décennie noire ont été menacés de mort. Moi-même, j´ai été attaquée en Allemagne pour mes positions de féministe laïque universaliste. Et je ne citerai pas la longue liste d´autres voix inspirées par la pensée des lumières, qui ont été agressées, menacées, qui vivent sous protection policière et d’autres assassinées.

Qui veut être confronté quotidiennement à la haine, particulièrement lorsque l'État et la classe politique pratiquent la politique de l'autruche, comme c´est le cas en Allemagne ?

Monsieur Schreiber, je vous remercie pour vos contributions qui m´ont, en tant qu'immigrée de culture musulmane en Allemagne, toujours incitée à la réflexion et à l'objectivité dans le débat sur les questions de l'islam, de l'intégration et de l'islamisme. Je regrette qu’un apport précieux tel que le vôtre me soit retiré, ainsi qu'à la société allemande et au journalisme. J’ose espérer que votre décision ne sera pas définitive.

Naïla Chikhi

*L'auteure a travaillé en Allemagne en tant qu´experte sur les thèmes de l'intégration et des droits des femmes dans différents groupes de réflexion. 

Elle a dirigé des formations et des séminaires pour des pédagogues ainsi que des groupes de discussions avec des jeunes femmes réfugiées et immigrées. 

Elle a dirigé des ateliers dans le cadre d'une initiative de promotion de la démocratie et de la prévention contre l'extrémisme. 

Elle est l´une des premières signataires de l'appel pour le maintien de la loi berlinoise sur la neutralité. 

Elle est membre fondatrice de l´initiative Migrantinnen für Säkularität und Selbstbestimmung (femmes immigrées pour la laïcité et l´autodétermination). 

Naila Chikhi est lauréate du Prix des droits de l'homme 2021 de la Fondation Ingrid zu Solms de Frankfort-Allemagne.

Elle est membre du Fellowship

[1] Note : Entre-temps, l'université d'Iéna et la librairie co-organisatrice de la conférence ont publié une nouvelle déclaration, relayée par le Spiegel. Un entretien sur la culture du débat et les attaques contre les journalistes serait prévu. Schreiber aurait accepté d´y participer.

** Ce texte est paru en allemand sur https://hpd.de/artikel/weiterer-angriff-meinungsfreiheit-21599 et traduit au français par l’autrice Naila Chikhi.

jeudi 7 septembre 2023

Yolande Geadah

6 septembre 2023

Hommage à Yolande Geadah, 

militante convaincue et convaincante

Le 22 août 2023 nous quittait la militante, chercheuse et intellectuelle Yolande Geadah. Elle est partie discrètement, comme elle a vécu. Mais peut-on être ou rester discrète quand on a voué sa vie à la condition de la femme dans les sociétés dites arabo-musulmanes, mais aussi dans toutes les sociétés où la femme est spoliée de ses droits ?

Yolande Geadah était une femme convaincante, mais surtout convaincue qu’une société ne peut et ne saurait progresser sans le respect des droits des femmes, sans le respect de leur dignité, sans le respect de leur intégrité, sans tout simplement cette égalité inconditionnelle entre les femmes et les hommes qui fait progresser les sociétés vers plus de justice et de progrès.

Au regard du patriarcat, de la religion et de la misogynie, naître femme est une fatalité et c’est là que la puissance de l’œuvre de Yolande prend tout son sens. Yolande Geadah était une femme de terrain, une observatrice fidèle aux principes humanistes qu’elle avait toujours défendus.

Lorsque les droits des femmes sont déviés au nom de la bienveillance communautariste, Yolande prenait sa plume pour nous rappeler le danger qui guette les petites parcelles acquises par les femmes depuis les siècles.

Lors des débats autour des accommodements raisonnables, Yolande osa un essai, Les accommodements raisonnables. Droit à la différence et non différence des droits, où elle nous invitait à une réflexion sur les balises à mettre en place afin de préserver les droits et les valeurs qui nous sont chers telles que l’égalité des sexes et la laïcité. Elle termina son essai par cet emprunt au philosophe Michel Onfray : « Il ne faut pas laisser le communautarisme tuer la communauté. »

Yolande était une observatrice efficiente des faits sociétaux de son temps. Soutenue de ses recherches et de ses analyses fouillées, elle n’a jamais craint de prendre sa plume pour informer, dire et éveiller les consciences sur les dangers qui guettent les droits des femmes et sur cette égalité encore bien fragile entre les femmes et les hommes.

Dans son livre Femmes voilées. Intégrismes démasqués, Yolande Geadah, riche de ses séjours en Égypte, décrypte les tenants et les aboutissants de cette idéologie soutenue certes par les religieux à des fins de pouvoir et de domination des peuples et surtout des femmes. Elle met aussi en lumière l’idée que « l’hypocrisie des puissances occidentales dénonçant l’intégrisme des uns tout en continuant à appuyer l’intégrisme des autres nous prépare un réveil brutal ».

Dans son livre La prostitution. Un métier comme un autre, Yolande Geadah s’est attaquée au « plus vieux crime au monde » tel que le définissait notre amie Diane Guilbault. Pour Yolande Geadah, il n’est pas question de nier que c’est une forme d’exploitation sexuelle et elle se disait interpellée par le discours déstabilisant en faveur de la reconnaissance du travail du sexe comme métier libre et consenti.

Par son expertise sur des sujets spécifiques aux femmes, Yolande Geadah publia plusieurs textes dans différents médias et rédigea trois avis pour le Conseil du statut de la femme — « La polygamie au regard du droit des femmes » (2010), « La prostitution : il est temps d’agir » (2012) et « Les crimes d’honneur : de l’indignation à l’action » (2013).

Yolande Geadah, intellectuelle avisée, infatigable et toujours volontaire pour faire avancer les droits des femmes, contribua au procès de la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21) à la Cour d’appel du Québec par son expertise inégalée basée sur sa connaissance du monde arabo-musulman.

Les personnes de l’envergure de Yolande Geadah ne disparaissent jamais. Elles restent des références et nous poussent à plus d’engagements pour les femmes d’ici et d’ailleurs qui luttent pour exister.

Généreuse, elle nous a laissé un travail colossal, fruit de ses recherches et de sa réflexion sur divers sujets toujours en lien avec les droits des femmes.

Le nom de Yolande Geadah ne peut rimer avec indifférence, mais se conjugue naturellement avec générosité et engagement.

Merci, Yolande, pour cet héritage, nous te promettons que nous en prendrons soin. Tu resteras une guide et une amie aussi précieuse que généreuse. Nos pensées vont vers ton mari, tes enfants ainsi que ta parenté.

À toi, Yolande, notre reconnaissance.

Andrée Yanacopoulo, 

Leila Lesbet, 

Christine Lévesque, 

Aude Exertier, 

Nabila Ben Youssef, 

Ghislaine Gendron 

Luce Cloutier.



lundi 21 août 2023

La figure énigmatique du Prophète dans l'Islam

 AQNAL

(Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laïcité)

Communiqué

  Conférence / Débat à Montréal avec

Mme Hela Ouardi

Professeure des Universités à Tunis.

Auteure de plusieurs essais sur l'Islam.

1) Les derniers jours de Muhammad (Éditions Albin Michel, 2016)

2) Les Califes maudits, une trilogie consacrée à la façon dont l'entourage du prophète a géré sa succession :

- La Déchirure (Éditions Albin Michel, 2019)

- À l’ombre des sabres (Éditions Albin Michel, 2019)

- Meurtre à la mosquée (Éditions Albin Michel, 2021)

 Date : Le samedi 21 octobre 2023 à 13h30

Lieu : Centre St-Pierre, 1212 rue Panet, Montréal, H2L 2Y7

Droit d’entrée :

1.      À l’inscription : 10 $.

Envoi par E-INTERAC à l’adresse courrielle :

Ali.Kaidi@yahoo.fr

Mot de passe : helaouardi

2.      À l’accès : 15 $

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Bio succincte :

Hela Ouardi est Professeur des Universités à Tunis et membre associée au Laboratoire d’Études sur les Monothéismes au CNRS en France. Elle a été élue titulaire de la Chaire des Mondes francophones à l’Académie Royale de Belgique pour l’année 2021-2022. Elle est également membre correspondante à l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres d’Aix-en-Provence.

Ses travaux les plus récents se penchent sur l’histoire de l’islam des origines à partir d’une exploration des sources de la Tradition sunnite et shiite. Elle est l’auteure d’un ouvrage sur Les derniers jours de Muhammad (Albin Michel, 2016 ; édition en poche en 2017), qui a rencontré une large audience et a été traduit en plusieurs langues. Elle a ensuite étudié le règne des deux premiers successeurs du prophète de l’islam, en leur consacrant une trilogie intitulée Les Califes maudits dont le premier volume ayant pour titre La Déchirure, a été publié aux éditions Albin Michel en février 2019. Le deuxième tome, A l’ombre des sabres, est paru chez le même éditeur en octobre de la même année. Le troisième volume des Califes maudits, intitulé Meurtre à la mosquée, a été publié en septembre 2021 (chez Albin Michel).

En février 2023, Hela Ouardi a publié dans la collection « L’Académie en poche », éditée par l’Académie Royale de Belgique, un ouvrage intitulé : Aux origines de l’islam. Muhammad et le califat.

 Hela Ouardi est Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques et lauréate, en décembre 2022, du prix Avicenne de la recherche scientifique, décerné par l’Académie Royale de Belgique.

lundi 31 octobre 2022

Le voile islamiste et la solidarité pervertie !

 

Le voile islamiste et la solidarité pervertie

Souvenons-nous de ces femmes voilées en Europe qui sensibilisaient les femmes occidentales à participer au « World Hijab Day » pour expliquer « leur choix ». Des Occidentales ont accepté de le porter symboliquement durant une journée. Le voile islamique triomphait grâce à cette solidarité pervertie, répondant à l’injonction de visibiliser l’islam politique.

Espérerions-nous la même solidarité de la part des femmes voilées : qu’elles retirent leur voile le temps d’une journée voire une heure pour dire à leurs sœurs iraniennes musulmanes que l’islam n’a jamais appelé à l'emprisonnement, au viol et au meurtre pour non-port du voile.

Et que dire de l'omerta des imams du Québec et du Canada, pourtant si prompts à brandir le spectre de l’islamophobie. Sont-ils devenus muets devant cette dérive religieuse et ces crimes commis par les Mollahs au nom d’un islam lui aussi perverti ?

Leila Lesbet,

Féministe universaliste,

AQNAL-Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité,

29-10-2022

jeudi 29 septembre 2022

La vie des Iraniennes compte !

« Ils ont tué mon ange ! » 

dénonce la maman de Mahsa Amini en apprenant le décès de sa fille.

Mahsa symbole du courage, de la dignité et de la liberté ne se doutait pas que visiter sa famille à Téhéran lui couterait la vie.

Son délit : une mèche de cheveu rebelle défiant la colère de la police des mœurs dans ce pays devenu le cimetière de toute liberté, depuis 43 ans, au nom d’une religion pervertie et instrumentalisée par une idéologie fondamentaliste. 

Depuis cet assassinat, le nombre des Mahsa ne cesse d’augmenter.

Depuis 43 ans, les Iraniennes sont effacées sous ce voile, symbole de pureté et de pudeur pour les unes, identitaire pour les autres et émancipateur pour celles non forcées de le porter car vivant dans les états séculiers où les droits sont reconnus équitablement entre les citoyennes et les citoyens. Dans ces états, la religion ne s’ingère pas dans le politique et l’indépendance judiciaire est une condition essentielle à la démocratie. 

Depuis 43 ans, les Iraniennes crient à l´injustice se heurtant à la surdité des pouvoirs occidentaux qui concèdent leur attachement à la défense des droits fondamentaux des femmes, du fait de leur dépendance économique au pétrole. Les Iraniennes subissent les exactions de la police des mœurs au service des mollahs, structure politique et sectaire s’octroyant le droit de vie ou de mort sur la population iranienne. Non, les Iraniennes ne se sont jamais tues !

L’espoir aurait été encore permis, si l’Occident ne les avait abandonnées au profit de régimes théocratiques, violant les droits humains, incluant ceux des personnes homosexuelles et des laïques.

Pour plaire aux mollahs, n’a-t-on pas vu des femmes de la diplomatie occidentale rendues à Téhéran en exhibant fièrement ce symbole avilissant portant le sang d´autres femmes afin d’obtenir les grâces d’un régime sous lequel elles n’auraient jamais accepté de vivre. 

Cet instrument de ségrégation sexiste qu’est le voile devient dans le discours de la gauche communautariste et du libéralisme décomplexé, le symbole d’émancipation d’un néo féminisme islamiste en Occident. Refuser que cette injonction religieuse et patriarcale s’affiche dans nos services publics, surtout nos écoles, serait islamophobe. Une femme musulmane est-elle, nécessairement, une femme voilée ?

Dans le monde dit musulman, ce voile s’est imposé par la violence, le viol et l’assassinat.  Souvent, en occident, il est présenté comme un symbole identitaire traditionnel voire exotique, dénué de sa charge symbolique comme le serait un sombrero ou une tuque. Aucune femme occidentale ayant défendu cet étendard de l´islam politique ségrégationniste, patriarcal et misogyne, n’a jamais subi la moindre violence pour porter un sombrero ou une tuque.

Aujourd’hui, en Occident, de grandes marques du prêt à porter vont jusqu’à à faire de cet instrument de contrôle du corps des femmes une mode féminine dite pudique osant inclure même les fillettes. Il est devenu un outil de marketing aux revenus appréciables. Et tant pis pour les fillettes et les femmes qui le subissent dans les pays où il est imposé avec une extrême violence dont l’objectif est la soumission, la négation ou la mort.

Le voile est le porte-étendard d’un système d’apartheid sexuel.  Pourtant, qui aurait osé faire la promotion, en Occident, du symbole de l’apartheid racial de l’Afrique du Sud?

La mobilisation de certaines femmes politiques, promptes à se couvrir la tête de ce voile de l’indignité pour contrer le moindre mouvement soutenant la laïcité, se fait plutôt discrète face aux crimes odieux commis actuellement en Iran.

Où est la solidarité des femmes de tous bords politiques envers les Iraniennes pourtant si promptes à se mobiliser pour défendre le choix individuel de porter le signe de la ségrégation sexiste dans nos écoles ?

Ne voit-on pas à chaque élection canadienne, certaines candidates se draper du symbole du patriarcat et de la misogynie frappant à la porte des mosquées pour glaner d’hypothétiques appuis à leur élection : la fin justifie les moyens... Ces femmes, futures élues, ne sont pas sans savoir les conséquences désastreuses de leur geste sur le quotidien des femmes vivant dans ces pays dits musulmans.

Pourtant, ces pays si peu respectueux des droits des femmes et de l’égalité siègent dans les instances internationales au nom de la démocratie qu’ils exècrent et où ils œuvrent pour que leur vision misogyne et patriarcale soit reconnue.

Et ils ont réussi.

Aujourd’hui, notre devoir est d’être aux côtés des femmes iraniennes, de porter leurs revendications et de nous mobiliser pour faire entendre leurs voix auprès des instances internationales pour qu’aucune femme ne soit soumise à des lois et à des coutumes qui sont en contradiction avec la dignité humaine, les droits universels et égalitaires qui protègent toute personne au-delà des croyances, des coutumes et des religions.

Seule la mobilisation peut mettre fin à ces régimes dictatoriaux, corrompus, immoraux et surtout misogynes où la femme n’est qu’un objet sexuel de perversion, d’où l’obsession de son invisibilité.

Leila Lesbet

Féministe universaliste.

Association québécoise des nord-Africains pour la laïcité-AQNAL.

Montréal, le 26 septembre 2022


Les petits contes voilés*

Le voilement des fillettes soulève des questions importantes quant à sur leur liberté, leur autonomie corporelle et leur dignité, en particu...